Deux sexagénaires comparaissent ce jeudi devant le tribunal correctionnel d’Évry, pour une affaire peu banale. Ils sont soupçonnés d’avoir contacté un certain “Gino”, tueur à gages, pour “un contrat”. Mais il s’agissait en fait d’un gendarme infiltré.
Il y a un peu plus d'un mois, ces deux hommes étaient présentés en comparution devant le tribunal d'Évry, mais l'affaire a été renvoyée au 20 novembre.
Une histoire de vengeance
"Les faits sortent de l'ordinaire", avait alors estimé le président du tribunal au moment de présenter l'affaire. Les deux prévenus, actuellement incarcérés, sont soupçonnés d'avoir proposé un contrat sur un homme. Le premier sexagénaire lui reprochait d'être parti avec son épouse. Celle-ci lui réclame alors la moitié des biens et le contraint à vendre la brasserie dont il est le propriétaire dans l'Essonne. L'autre sexagénaire, éclairagiste d'œuvres d'art à la retraite, estime, lui, avoir été lésé lors d'une cession d'entreprise. Ils se connaissent peu, mais ils lancent alors un contrat.
La section de recherche de la gendarmerie de Paris reçoit alors un "tuyau", c'est-à-dire l'information. Un gendarme, qui se surnomme Gino, contacte les deux hommes. Les rendez-vous sont pris, et on parle affaires. L'assassinat à 12 000 euros devient peu à peu une correction à 3 000 euros, nettement moins onéreuse.
Une vraie cible, une fausse victime
Le fameux Gino demande une photographie de la cible, qui doit expirer dans un salon professionnel à Paris. Là, les gendarmes poursuivent leur infiltration. "On est à la limite de l'exercice. Que souhaite-t-on, entre la volonté de la vérité et la répression ?" s'interroge Me Poussin, l'avocate d'un des deux sexagénaires. Ce point sera visiblement l'un des enjeux de l'audience ce jeudi.
En effet, les gendarmes contactent l'homme ciblé et le maquillent pour établir de fausses photographies. La fausse victime a donc posé, simulant avoir été agressée. Lorsque les deux "commanditaires" reçoivent les photos "maquillées", ils transmettent l'argent. Ils sont interpellés quelques heures plus tard, le 15 octobre dernier.
"Bien sûr que mon client regrette, la détention fait aussi réfléchir. Sa famille est anéantie", précise Me Poussin. Les deux hommes ont en effet reconnu les faits et exprimé des regrets, lors de la présentation devant le juge. Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison.