Le tribunal de grande instance de Lyon a établi ce mardi matin le calendrier de la procédure engagée par 108 plaignants pour "défaut d'informations" sur la nouvelle formule du Levothyrox. Le procès civil se tiendra le 1er octobre 2018.
L'avocat toulousain se veut rassurant. Dans quelques minutes, il entrera dans la salle d'audience pour qu'un calendrier précis de la procédure civile contre le laboratoire Merck soit établi. "Sur le dossier du Mediator avec le laboratoire Servier, ça a été un peu long, mais les patients y sont arrivés", lance-t-il. Cécile, 68 ans, prenait depuis 14 ans l'ancienne formule du Levothyrox pour pallier à son absence de thyroïde : l'organe clé de régulation de son métabolisme. Atteinte du syndrome de l'intestin irritable, elle explique avoir subi de plein fouet le changement d'excipient effectué par le laboratoire. Si passer du lactose au manitol n'a pas engendré de complication pour de nombreux patient, l'excipient en question peut provoquer des troubles digestifs. "J'ai eu des crampes et des pertes de mémoire, mais ce qui m'a le plus handicapé, ce sont les maux de ventre. En septembre, lorsque j'ai réussi à reprendre l'ancienne formule, en trois jours je n'avais plus de douleurs," témoigne-t-elle. Inquiète, elle fait partie des 108 plaignants qui ont déposé à Lyon une assignation pour "défaut d'informations" suite au changement d'excipient de son médicament quotidien. "Le problème, c'est que Merck a le bras long et qu'on nous prend pour des malades imaginaires ! Ce sera difficile" concède-t-elle. Son avocat, Me Leguevaques, semble plus confiant. "Nous avons clairement un médicament pour lequel le laboratoire Merck savait qu'une modification, même très légère dans sa composition, pouvait entraîner pour un certain nombre de personnes, 5 à 7 % des patients sous Levothyrox, des conséquences graves". À la sortie de l'audience pour informer du calendrier de la procédure, il indique avoir "bon espoir" d'obtenir un jugement avant la fin de l'année 2018 tandis que le procès au civil se tiendra le 1er octobre.
"Dans cette affaire, Merck a fait ce qu'on lui a demandé de faire"
Face aux plaignants, Florent Bensadoun, directeur juridique chez Merck, souhaite lancer un "appel à la sérénité et à la prudence" car "tous les cas sont différents". Attaqué à Lyon sur le volet du défaut d'information, le laboratoire Merck tient comme ligne de défense "l'injonction de l'agence du médicament", en 2012, d'améliorer l'ancienne formule du Levothyrox. "Aujourd'hui, Merck considère ne pas avoir manqué à ses obligations" répond-il avant de détailler la position du laboratoire sur cet épineux dossier.