Après avoir refusé les relevés signalétiques lors de sa garde à vue en juillet dernier - prise d'empreintes digitales et photographies-, la prévenue ne s'est pas présentée à son procès hier.
Le 8 juillet dernier, cette habitante du 9ème arrondissement est contrôlée par la police quai Romain-Roland. En cause, sa tenue vestimentaire : un niqab, voile islamique qui couvre complètement le visage. Interdit en France depuis 2014, elle est poursuivie pour "port d'une tenue destinée à la dissimulation du visage dans un espace public". Lors de sa garde à vue, la femme de 39 ans refuse la prise d'empreintes digitales pour ne pas enlever ses gants, ainsi que la prise de photographie d'identification pour ne pas enlever son niqab. Les policiers ont précisé au Progrès que les propos qu'elle a pu tenir avaient créé un certain malaise dans le contexte actuel : "vous verrez au moment du jugement dernier" leur avait-elle lancé.
"Ces infractions ne sont pas anodines"
Le mardi 20 septembre, elle devait comparaître face au tribunal correctionnel de Lyon, mais ne s'y est pas présentée. Célibataire et titulaire du RSA, les services sociaux connaissent sa pratique religieuse radicale : elle ne serre pas la main aux hommes, ne s’assoit pas sur une chaise sans protection et refuse de retirer son voile. Son avocate, Lisa Loschwitz, a précisé que la jeune femme ne peut pas rentrer dans des ordres islamiques et "vit sa religion seule à domicile, dans une conception ultra-rigoriste". Dans la façon d'être de la prévenue, il n'y a "aucune violence, mais une démarche spirituelle." L'avocat des policiers, maître Laurent Boché, a évoqué lors du procès le recul des droits des femmes dans ce type d'attitude par la lecture d'un texte d'Elisabeth Badinter. Il a également souligné la difficulté pour les forces de l'ordre de gérer ce type de situation sans les envenimer. Le procureur de la République, Fabrice Trémel, à quant à lui souhaité rappeler que "les règles religieuses ne priment pas sur la loi républicaine" et de souligner que "ces infractions ne sont pas anodines". Pour le refus de se soumettre aux relevés signalétiques, ainsi que pour deux délits d'outrage, la jeune femme a écopé de trois mois avec sursis. La contravention pour dissimulation du visage dans l'espace public s'élève à 100 euros.