Le parquet a requis huit mois d'emprisonnement contre l'écrivain italien accusé d'incitation au sabotage sur le chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin.
Clap de fin dans l'affaire Erri di Luca. Le Tribunal de Turin se prononcera lundi prochain quant au sort de l'écrivain écologiste d'extrême gauche. Farouche opposant au projet de liaison rapide entre Lyon et Turin, il avait donné plusieurs entretiens à des médias italiens en septembre 2013. Entrevues que le procureur de la République de Turin, Antonio Rinaudo, considère comme le point de départ des diverses actions de sabotages qu'avait ensuite subi le chantier de la ligne à grande vitesse. "Erri de Luca a bien utilisé le mot sabotage", avait-il argué lors du réquisitoire.
L'argument de la liberté d'expression
Un brin provocateur, Erri di Luca s'était étonné d'un réquisitoire "a minima" lors de l'audience du 21 septembre, laissant penser que ce procès n'a pas lieu d'être. Mardi, sur France Inter, l'écrivain qui s'estime lésé dans sa liberté d'expression s'est indigné d'être "incriminé par un article du droit pénal qui remonte à l'époque fasciste".
Un argument irrecevable pour Antonio Rinaudo. "On ne peut invoquer la liberté d'expression dans ce cas", avait déclaré le procureur lors de l'audience. Et d'ajouter qu'en raison de la "notoriété internationale" de l'écrivain, "ses paroles ont un poids déterminant et ses phrases une force suggestive".
Depuis cette audience, l'affaire Erri di Lucca, a mobilisé de nombreuse personnalités. En ce sens, la pétition réclamant l'abandon des poursuites signée par plus de 60 comédiens et cinéastes cette semaine pourrait faire bouger les lignes.
Pas de procédure d'appel, quel que soit le verdict
Dernier acte lundi donc. Mais quel que soit le jugement rendu par le Tribunal de Turin, Erri di Luca ne dormira pas en prison de sitôt. Comme l'a expliqué son avocat, Maître Gianluca Vitale, il faut attendre que la peine soit considérée comme définitive pour être appliquée. Ce qui peut prendre plusieurs mois, même si l'écrivain a déjà prévenu qu'il ne ferait pas appel de la décision.