Un homme a été condamné ce jeudi par la cour d’assises de Lyon à 15 ans de prison ferme pour avoir tué son épouse, en janvier 2015. Un drame parmi tant d’autres, alors que plus d’une centaine de femmes décèdent chaque année sous les coups de leur compagnon.
Assis dans le box des accusés, il paraît inoffensif. L’accusé fixe ses chaussures alors que les témoins se succèdent à la barre, tentant les uns après les autres de dépeindre la personnalité de l'homme d'une quarantaine d'années. Quand on lui adresse une question, il se lève, chancelant. Sa voix est faible, son ton hésitant. Ses explications sont confuses. Il doit régulièrement s'arrêter, visiblement submergé par l'émotion. Pourtant, c'est bien cet homme qui, dans la nuit du 27 au 28 janvier 2015, a étranglé son épouse.
“J’ai tué ma femme”
L'épouse avait annoncé à son mari son intention de divorcer quelques semaines auparavant. "Il est tombé des nues", nous confie une source proche de la victime. Le mari a alors pris un arrêt maladie de quinze jours, "pour cause de dépression, parce qu'il était mal", confie ce proche. Un arrêt de travail dont il n'a pas informé son épouse. "Le médecin m'a dit que, quand on est faible, il ne faut pas le montrer", explique l'accusé, interrogé par l'avocat général. Quelques jours après, il a mystérieusement disparu. "Il est parti pendant 48 heures, son épouse ne savait pas où il était", raconte notre source. Sa femme s'est alors mise à sa recherche. Un geste mal interprété par son compagnon. "Elle a passé des coups de fil à ses sœurs, elle lui a envoyé un SMS en lui disant qu'elle s'inquiétait, qu'elle voulait qu'il rentre à la maison. À ce moment-là, il a envoyé un SMS à un ami qui disait : 'C'est bon, elle me reprend'”. Mais, à son retour chez lui, le 27 janvier au soir, l'homme s'est rendu compte que la volonté de sa femme de le quitter était intacte. Quelque temps après, la sœur de la victime recevait un coup de fil : "J'ai tué ma femme. J'espère que tu pourras me pardonner."
“Elle allait s’échapper”
De l'enquête de personnalité, présentée lors du procès, on retient l'image d'un homme possessif et jaloux. On apprend ainsi que l'accusé a profité de son arrêt maladie pour surveiller son épouse, la suivant à son travail. Il la suspectait manifestement d'être en relation avec un autre homme. Alors que celle-ci et un collègue rentraient ensemble de leur lieu de travail, il les avait suivis et les avait interpellés dans une station-service où ils s'étaient arrêtés. Il a également demandé à une gendarme de sa connaissance (avec qui il avait eu une aventure par ailleurs) d'identifier la provenance d'un SMS reçu par sa femme. Quelques mois avant le drame, il aurait confié à un cousin : "Si elle a quelqu'un, je le tue."
"C'est quelqu'un d'ultrapossessif, il veut tout contrôler", confirme notre source, qui voyait régulièrement la victime. "Fatma vivait une véritable oppression à la maison", ajoute ce proche. La victime avait déjà fait état de violences physiques à son entourage, en 2003. "C'était seulement une gifle", se défend l'accusé devant la cour. "On a évoqué une séparation, je la soupçonnais de me tromper", ajoute-t-il. Treize ans après, c'est sa femme qui a voulu mettre fin à leur relation. "Elle n'avait plus de sentiments pour lui", témoigne une des sœurs de la victime à la barre. "Il ne l'admettait pas, il ne l'aurait jamais laissé partir. Voyant qu'elle allait s'échapper, il est passé à l'acte", explique notre source proche de la victime. Peu de temps avant le drame, l'épouse avait déposé une main courante pour de violentes disputes survenues avec son mari.
15 ans de prison ferme
L'accusé a finalement été condamné ce jeudi soir à 15 ans de prison ferme par le jury. Cette peine sera assortie d'une injonction de soins psychiatriques, pour une période de 5 ans. "Il y avait une sorte de fatalité", explique notre source à propos du profil psychologique du meurtrier. "Il aurait tout fait pour elle. […] Il pouvait tout entendre, hormis : je te quitte." Fatma avait cessé de porter sa bague de fiançailles et son alliance depuis plusieurs mois. Lorsqu'elle a été retrouvée inanimée sur son lit, les bijoux lui avaient été remis par celui qu'elle voulait quitter.
Ce meurtre est malheureusement loin d'être un cas isolé. D'après l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple, plus d'une centaine de femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint. Une victime tous les trois jours. Premier mobile évoqué : le refus de la séparation.
Encore un drame qui confirme la fréquence et la gravité des cas issus du phénomène de violences conjugales. Même si l'auteur de cet article n'a visiblement pas suivi/compris l'intégralité du procès - de nombreuses erreurs importantes y figurent - la médiatisation de ce genre d'affaires demeurent encore insuffisante au sein des médias. Cet article aura au moins permis d'évoquer ce sujet tabou...