Gilbert Martoia a été marié de 1978 à 1985 à Manuela Gonzalez alors qu’elle n’avait que 17 ans, et il aurait pu être le premier de la série de drames qui ont ponctué la vie sentimentale de cette dernière.
"Je n’éprouve absolument rien, voire même de la compassion pour son état. Je n’aimerais pas être à sa place. Je n’ai aucune animosité, ni empathie et même un soulagement au niveau du divorce." C’est par ces mots que Gilbert Martoia s’est exprimé à la barre. Et ce premier témoignage dans le procès de Manuela Gonzalez n’est pas des moindres, peut-être l’un des plus attendus.
En 1983, Gilbert Martoia tombe dans le coma après avoir ingéré des anxiolytiques. Il se réveille trois mois plus tard. À l’époque, sa femme parle de tentative de suicide, alors que lui nie les faits. Aujourd’hui encore, il explique : "Je me suis retrouvé hospitalisé, avec une sténose de l’œsophage. Je n’ai pas d’explication, j’affirme que je n’ai jamais tenté de mettre fin à mes jours." Dans le box des accusés, cet après-midi, Manuela Gonzalez a d’autres mots : "Ce n’est pas moi qui ai donné cette explication, il n’a jamais fait de tentative de suicide, le papa de Virginie."
C’est en 1981 que Virginie naîtra de leur union. Pour Gilbert, Manuela entretient une "relation mère-fille au-delà d’une relation normale, la mère étouffe la fille". Aujourd’hui, Gilbert Martoia semble avoir pris de la distance avec l’incident de 1983. Il a "essayé de refaire sa vie, mais cela n’est pas facile" : "Je suis sollicité à plusieurs reprises" dans le cadre de cette affaire, explique-t-il. Pour lui, il y a deux Manuela : celle qui a été son épouse, et la mère de sa fille. "Je me suis toujours attaché à protéger Virginie", ajoute-t-il. Il n'exprimera, à la barre, aucun soupçon sur son ex-femme.
Aujourd’hui, dans la salle des assises, une question aura réellement ouvert le débat : la fidélité. Gilbert Martoia aura été son premier amour, le père de sa fille, et pourtant Manuela aurait fréquenté d’autres hommes pendant leurs sept ans de mariage. "Je pensais que Manuela m’avait trompé, j’en avais la quasi-certitude, car nous n’avions plus de relations proches." Ce sont alors des amis du couple qui mettent la puce à l’oreille de Gilbert. Manuela, elle, n’aura rien dit jusqu’à leur séparation. "Pour elle, mentir, c’est pas grave, elle ne fait pas la différence entre le bien et le mal", explique l’ancien mari. En 1986, peu après le divorce, Manuela Gonzalez officialise sa relation avec François Collazo : il aura été l’un de ses amants. Pour Gilbert Martoia, "c’est pour la protection [financière, ndlr], [qu’il ne pouvait] lui offrir, qu’elle s’est installée avec Collazo". Cette nouvelle relation sera de courte durée : trois ans plus tard, ce dernier meurt asphyxié au gaz d’échappement au volant de sa voiture laissée en marche dans leur garage, après avoir avalé des médicaments. Pour la police, c’est de nouveau un suicide.
Une séparation pour des raisons financières
La séparation de Manuela et Gilbert, pourtant, n’aura rien eu de passionnel. Alors qu’ils sont encore mariés, au début des années 1980, ils font l’acquisition d’une auto-école. Le frère de Manuela a lui-même été moniteur d’auto-école et cela l’a toujours intéressée. Pour acheter l’établissement, le couple est obligé de faire un crédit à la consommation. Ce dernier se fera sous le nom de Gilbert Martoia – "j’étais l’unique source de revenus", affirme-t-il. Très vite, l’auto-école connaît de grandes difficultés financières, le couple fait face à un désaccord. Lui souhaite vendre l’établissement, tandis qu’elle "s’entête" et refuse, explique son ex-mari. Même si leur relation ne fonctionnait plus depuis un certain temps, c’est cette dernière dispute qui y mettra un point final.
Les anciens époux conservent, depuis 1985, des relations “courtoises”, cristallisées par l’éducation de leur fille. Quand le président de la cour d’assises interroge Gilbert Martoia sur d’éventuelles retrouvailles sentimentales, l’intéressé répond : "Une fois seulement ; c’était un peu puéril, avec un sentiment de revanche : j’ai lavé mon honneur." Et cette question qui reste en suspens dans la salle : l'ancien époux pense-t-il que Manuela Gonzalez a tué son second mari ? D'abord un silence, puis une phrase, laconique : "Je préfère garder ce que je pense pour moi."