Mamadou Diallo et son avocat Sylvie Noachovitch. (@AFP)

Meurtre de la postière de l'Ain : la défense ravive les pistes abandonnées par les enquêteurs

En cette deuxième journée d'audience dans le procès de Mamadou Diallo, accusé d'avoir tué une postière dans l'Ain en décembre 2008, la défense a de nouveau tenté de raviver des pistes abandonnées par les enquêteurs, en particulier celle menant à l'acteur Gérald Thomassin.

L'effervescence du premier jour a laissé place à la routine de la justice ce vendredi au palais des 24 colonnes de Lyon. Mamadou Diallo, accusé d'avoir, le 19 décembre 2008, tué Catherine Burgod postière à Montréal-la-Cluse dans l'Ain, avait troqué son costume bleu pour un beige très estival. Mise en difficulté lors de la première journée d'audience, la défense s'est attachée à brouiller les pistes en ravivant des thèses abandonnées, celle de Gérald Thomassin en premier lieu. Longtemps suspecté, l'acteur césarisé devenu marginal et drogué, a disparu en août 2019, alors qu'il devait être confronté à Mamadou Diallo.

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Le couteau de Thomassin, arme du crime ?

Thomassin, qui habitait en face de l'agence postale dans laquelle Catherine Burgod a été tuée, était toujours muni de son couteau à cran d'arrêt sur lequel était gravé son prénom. Un cadeau qui lui avait été offert par un ami. Selon le professeur Malicier qui a analysé les vêtements de la victime, les 28 coups de couteau portés à la victime l'ont été "avec une lame affutée manuellement", "ce qui était le cas du couteau de Thomassin", a tenu a préciser Me Noachovicth, conseil de la défense. Les expertises médico légales ont aussi révélé que les plaies sur le corps de Catherine Burgod étaient d'environ 10 cm de profondeur. "Le couteau de Thomassin pourrait correspondre ?", interroge Eric Chalbos, le président de la cour. "Oui c'est le cas. Toutes les caractéristiques sont compatibles", confirme l'expert.

La lame du couteau à cran d'arrêt de l'acteur mesure 9 cm, or les parties molles de la peau laissent pénétrer plus profondément l'arme dans le corps de la victime, pouvant créer une plaie de 10 cm. "Une lame de 9 cm est compatible avec ces plaies, tout comme une lame de 9,5 cm pourrait l'être, ou une lame de 10 cm ?", tente de désamorcer Me Barre, avocat des parties civiles. "Tout à fait", répond l'expert. "Ce genre de couteau, on ne peut l'acheter que dans un armurerie ou l'on en trouve dans d'autres magasins ?", poursuit de son côté Eric Mazaud, l'avocat général. "C'est une arme courante oui", explique le professeur Malicier. "Vous aviez pourtant dit dans votre rapport que l'on trouvait ce genre d'arme uniquement dans des coutelleries et des armureries", relève Me Noachovitch, conseil de Mamadou Diallo.

Un homme blessé à la main aperçu par un témoin le jour des faits ?

Outre la piste Thomassin, l'avocate a également tenté de semer le doute dans l'esprit des jurés en rappelant qu'un témoin auditionné à l'époque des faits avait raconté avoir vu un homme monter dans une voiture avec une blessure à la main le jour des faits. "Eh bien vous savez que les enquêteurs ont abandonné cette piste", lance Sylvie Noachovitch à l'adresse des jurés. "Il aurait laissé de l'ADN sur place", répond Me Barre. Et la conseil de la défense de rétorquer : "Plusieurs empreintes ADN retrouvées sur place n'ont pas été identifiées." Eric Chalbos a toutefois rappelé que le témoignage à l'origine de cette piste a été jugé "fragile", puisque le jeune à l'origine de ce signalement "s'est trompé de jour. Il pensais que c'était le vendredi (le jour du meurtre, Ndlr) alors qu'il était en cours à ce moment là. Il s'est rappelé que c'était en fait le jeudi".

Mamadou Diallo sera entendu par la cour mardi. Le verdict est attendu jeudi 19 octobre.

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