Tony Meilhon comparaît en appel à partir de ce mardi pour le meurtre de Lætitia Perrais, en 2011, devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. En première instance, il avait été condamné en 2013 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté. La plus lourde peine du Code pénal français. Multirécidiviste, à 30 ans, Tony Meilhon a déjà passé 13 ans en prison pour violences volontaires, vols et même viol.
Le 18 janvier 2011, comme à son habitude, Lætitia Perrais quitte son service dans un restaurant de La Bernerie-en-Retz, en Loire-Atlantique, aux alentours de 22h. Elle rejoint un homme plus âgé, Tony Meilhon, rencontré une quinzaine de jours plus tôt chez des amis communs. Ils prennent un verre dans un bar de la commune, d’après des témoins. À 1h du matin, un ami proche de la jeune fille reçoit un appel affolé de Lætitia, racontant qu’elle a été violée. Mais la batterie de son téléphone se décharge, et personne ne reverra Lætitia vivante.
De longues recherches
Au petit matin, la famille d’accueil de la jeune fille alerte les secours. Une quarantaine de gendarmes sont mobilisés pour effectuer les recherches. Son scooter est retrouvé à quelques mètres de la maison familiale. Finalement, les forces de l’ordre identifient rapidement le suspect numéro un, Tony Meilhon, qui accompagnait la jeune fille dans la soirée. Il est arrêté le jeudi 20 janvier au petit matin, dans la caravane qu’il habite sur le terrain d’un cousin éloigné. Placé en garde à vue, l’homme reconnaît avoir heurté le scooter de la jeune fille, entraînant sa mort. Il prétend avoir jeté le corps de Lætitia dans la Loire.
Ce corps, supplicié et démembré, dissimulé dans deux étangs, ne sera retrouvé que le 1er février puis le 9 avril, au terme de longues et fastidieuses recherches. En fait, la jeune femme est morte par étranglement accompagné de plus de trente coups de couteau. Le premier plan d’eau est le lieu où Tony Meilhon avait l’habitude d’aller pêcher. Qui est cet homme capable d’atteindre un tel degré de violence ?
La violence au cœur de sa vie
Les premières années d’enfance de Tony Meilhon sont plutôt heureuses. Très tôt, sa mère quitte son père, un homme violent. Il est considéré alors comme le chouchou. Mais, à 8 ans, l’arrivée d’un beau-père détruit cet équilibre familial, déjà un peu fragile. L’homme le bat, la mère ne dit rien. Le sentiment d’être rejeté s’intensifie. “Ma mère m’a abandonné”, dit-il lors de son premier procès, à Nantes. Et là l’escalade de la violence commence. Il a seulement 11 ans. Le bon élève devient cancre. Il commence à voler et à se montrer violent, jusqu’à être placé en foyer.
SDF à 14 ans, il consomme de grandes quantités d’alcool, de haschisch, de cocaïne, et fait un peu de trafic. Deux ans plus tard, première condamnation. Il en enchaîne douze autres, dont deux devant une cour d’assises, et passe treize années en prison. “Je me suis dit : ils m’ont attrapé pour ça, je vais sortir et faire pire”, raconte-t-il. Entretemps, il s’évade de la maison d’arrêt, viole un codétenu mineur, devient père de famille. Le tout dans un enchaînement de violence, revendiqué comme une “revanche”. “Cette violence que j’ai encaissée s’est gravée en moi”, a-t-il déclaré lors de son premier procès, à Nantes. “Si on n’avait pas pourri ma vie, je n’aurais pas fait ça”, a-t-il ajouté à l’intention de la cour, pour expliquer les nombreux actes de délinquance qu’il a accomplis avant le meurtre de Lætitia.
Le récidiviste
En 2006, une conseillère de probation décèle une forte évolution et parle même d’une volonté de se réinsérer. Pourtant, en 2009, nouvelle condamnation, pour outrage à magistrat. Le 24 janvier 2010, Tony Meilhon sort de prison, mais son suivi judiciaire ne sera jamais mis en place. Un an plus tard, il rencontre Lætitia. Il est alors coupé de sa famille et de ses amis, qui disent avoir peur de lui, de son allure “inquiétante”, de sa violence, sa toxicomanie et ses treize années de prison.
À l’époque, le drame a suscité une immense émotion dans tout le pays. Nicolas Sarkozy, alors président, met en cause le travail de la justice. Dès le 3 février, il dénonce des “fautes” ayant conduit à la remise en liberté du “présumé coupable”. Le sursis avec mise à l’épreuve, auquel Tony Meilhon aurait dû être soumis, se serait traduit par une rencontre mensuelle avec un conseiller d’insertion et de probation.
“Un prédateur dépourvu de scrupules”
Lors de son premier procès devant la cour d’assises de Loire-Atlantique, Tony Meilhon a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté. La peine la plus lourde prévue dans le Code pénal français.
Lors de ce procès, il a exprimé des remords et réclamé lui-même cette peine. “Tony Meilhon est un prédateur dépourvu de scrupules, qui devra accomplir un long chemin pour peut-être redevenir un homme digne de ce nom”, a déclaré pour sa part l’avocate générale, Florence Lecoq, insistant sur la dangerosité du personnage et le fort risque de récidive.