Anthony Draoui lors de son procès devant la cour d’assises de l’Ardèche
Anthony Draoui lors de son procès devant la cour d’assises de l’Ardèche

Meurtre de Marie-Jeanne : l’accusé baisse les yeux

Le procès d’Anthony Draoui, accusé du meurtre de Marie-Jeanne Meyer, a débuté ce matin devant la cour d’assises de l’Ardèche. Âgé de 22 ans, le jeune homme est transformé physiquement, se présentant avec plusieurs kilos supplémentaires. De son côté, le père de Marie-Jeanne “attend la vérité”.

Famille, amis ou simples curieux se sont déplacés en nombre jusqu’à la cour d’assises de l’Ardèche. À l’époque, le meurtre de Marie-Jeanne Meyer avait suscité une vive émotion dans la petite commune de Tournon. Une marche blanche en hommage à la jeune lycéenne avait rassemblé plusieurs centaines de personnes.

“Il aurait dû être orphelin”

Dans le box des accusés, Anthony qui porte une barbe mal taillée, a changé de physionomie. Fini le garçon très mince et l’image du marginal. Anthony Draoui, sous son T-shirt vert d’eau, présente un certain embonpoint. D’une voix grave, il déclare être “sans profession” et “SDF”.

Cette première matinée a été consacrée au parcours de vie et aux témoignages des experts psychiatriques. “Il aurait dû être orphelin”, nous avait confié son conseil, Me Billet. Aujourd’hui âgé de 22 ans, Anthony Draoui a vécu une enfance chaotique entre un père inconnu, une mère alcoolique et violente et un beau-père dont le seul souvenir qu’il a est sa tentative d’étrangler sa mère. Déscolarisé, Anthony “jouait toute la journée à la Playstation pour oublier”. Ballotté entre foyers, famille d’accueil et sa propre mère, l’enfant “chétif, méfiant et introverti” devient un adolescent violent. Sa famille ne lui a jamais apporté une stabilité psychique.

Motif évoqué par l’accusé : “le rejet”

Au moment des faits, Anthony Draoui venait d’être jeté hors de son domicile par sa propre mère. Il vivait, de manière isolée, dans un campement de fortune, à proximité du parcours emprunté par la jeune joggeuse. Depuis une semaine, il ne s’était pas alimenté. “C’est intervenu dans un contexte particulier”, lance alors, interrogé par le président, Anthony Draoui. Il y avait “la faim, le froid et la solitude”, dit-il d’une voix caverneuse.

Durant l’instruction, il a expliqué avoir tenté d’embrasser la jeune fille, mais qu’elle l’avait repoussé. C’est “le rejet” qui aurait poussé le jeune homme à s’emparer d’un couteau et à la frapper. “C’est une colère subite que je n’explique pas”, avance aujourd’hui l’accusé.

“C’est arrivé car cela devait se produire”

“Si j’avais été un étudiant comme les autres, ça ne serait pas arrivé”, déclare-t-il, presque avec fatalité. Pourtant, au moment de l’interrogatoire psychiatrique effectué deux mois après sa mise en détention, le jeune homme n’éprouvait pas de regrets, à peine des remords, comme le souligne le partie civile. “C’est trop tard, avait-il alors exprimé. C’est arrivé car cela devait se produire.” À ce propos, l’accusé tente aujourd’hui de donner une autre explication : “Je voulais lui faire comprendre que je n’étais pas dans mon état normal.” Le jeune homme a du mal à articuler, cherche ses mots pour répondre aux questions du président de la cour d’assises. Il n’ose pas regarder vers la famille de Marie-Jeanne. Ses yeux sont constamment baissés.

Un espoir de le voir changer ? Avec une prise en charge et un accompagnement approprié, l’expert psychiatrique voit “une possibilité de changement”, mais ajoute : “Il faut du temps”. En détention, Anthony Draoui consulte une psychologue chaque semaine et s’est pris de passion pour les jeux d’échecs. Il rêve de devenir un joueur professionnel. En attendant, il doit répondre du meurtre d’une jeune joggeuse, une lycéenne brillante promise à un bel avenir.

“Je veux le regarder droit dans les yeux” (le père de Marie-Jeanne)

“Je veux qu’il dise toute la vérité, j’attends la vérité”, a déclaré peu avant le début du procès le père de Marie-Jeanne, Jean-Philippe Meyer, aux nombreux journalistes présents en ce début d’audience. L’homme, visiblement ému et peut-être impressionné par les médias, semble pourtant déterminé. “C’est pénible”, affirme-t-il en qualifiant le procès qu’il attend depuis trois ans. Mais il n’hésite pas à ajouter : “Je veux le regarder droit dans les yeux.” De ce procès, il attend des précisions sur les conditions du meurtre, notamment savoir si Anthony Draoui a agi seul ce dont doute les parents.

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