Moussa, 28 ans, était convoqué devant le tribunal correctionnel de Lyon ce vendredi pour avoir refusé, la veille, d'embarquer dans l'avion qui devait le reconduire à Conakry, en Guinée. Mais devant l'émotion suscitée par la situation du jeune homme, dont le compagnon aurait été lynché en Guinée pour son orientation sexuelle, son procès a été reporté au 12 juin. Et Moussa placé en détention provisoire à la prison de Lyon Corbas.
Moussa a dormi à la prison de Corbas. Son procès a été repoussé au 12 juin. Sous le coup d'une procédure d'expulsion du territoire français, le jeune homme de 28 ans avait refusé d'embarquer dans l'avion qui devait le reconduire à Conakry, en Guinée, depuis l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, jeudi matin. Arrivé en France en 2015, avec une autorisation temporaire de travail, cet artiste acrobate a été débouté de sa demande de droit d'asile en 2017. Militant de l'association Aides à Nîmes, il dit avoir quitté la Guinée à cause des persécutions liées à son homosexualité, et affirme que son compagnon a été lynché à mort par sa famille. Moussa souhaite aujourd'hui que sa demande de droit d'asile soit réexaminée par l'Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Son visa étant arrivé à expiration en 2017, il a été placé en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes, depuis la fin du mois de mars. Après une première tentative d'expulsion avortée via l'aéroport de Marseille, Moussa a été transféré à Lyon fin avril. Jeudi, à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, il a donc refusé de monter dans l'avion à destination de Conakry. Un refus d'obtempérer qui lui a valu une convocation en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Lyon vendredi. Le jeune Guinéen y a dit avoir "trop peur pour rentrer". Le procès a finalement été renvoyé au 12 juin. En attendant, et depuis ce vendredi soir, Moussa a été placé en détention provisoire à la prison de Lyon Corbas.
"Messieurs Macron et Collomb, mettez fin à cette procédure."
"La France est bel et bien en train d’expulser un homme gay vers un pays qui punit l’homosexualité de 3 à 7 ans de prison, s'est indignée l'association Aides. Là-bas ne l’attendent que persécutions et menaces pour sa vie". La situation du jeune homme a largement interpellé. De nombreux militants s'étaient par exemple mobilisés jeudi après-midi à l'aéroport de Lyon. Des manifestations de soutien étaient prévues à Nîmes, Marseille, Paris et dans d'autres grandes villes françaises. Plusieurs personnalités politiques de gauche ont aussi fait part de leur soutien et interpellé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb sur Twitter. "Son compagnon a déjà été assassiné en raison de son homosexualité, a ainsi réagi Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste. Son expulsion serait un scandale". "Moussa risque sa vie s’il retourne e Guinée en raison de son homosexualité, pour Emmanuelle Cosse, élue écologiste en région Île-de-France. Il est temps que le gouvernement fasse preuve de l’humanité qu’il évoque si souvent. Messieurs Macron et Collomb, mettez fin à cette procédure." Quant Florence Thune, la directrice générale de l'association Sidaction, elle repris Emmanuel Macron la communication d'Emmanuelle Macrin, en visite dans une tribu aborigène australienne cette semaine. "De jolis mots... pour de la com sur Twitter, attaque-t-elle. Si ce "sentiment profond d'humanité" peut vous inspirer ailleurs qu'en Australie, vous pouvez l'appliquer dès aujourd'hui au moment où la France s'apprête à renvoyer Moussa, militant de l'association Aides, en Guinée.