Victimes de deux commotions cérébrales mal prises en charge par son club du Stade de Reims, le gardien passé par Lyon, Florent Duparchy a vu sa carrière être mise à l'arrêt. Il a déposé plainte contre son employeur pour "mise en danger de la vie d'autrui".
Florent Duparchy se sent démuni, abandonné. Le gardien de but de 23 ans est revenu vivre chez ses parents à Corbas près de Lyon depuis maintenant trois mois. Ancien joueur de la réserve à l'Olympique lyonnais puis à Reims, il devait rejoindre Guingamp cet été. Mais tout s'est arrêté lorsque le club breton l'a refusé après sa visite médicale. Toujours sous contrat avec le club de Champagne, ce dernier ne le paye plus depuis plusieurs mois, estimant qu'il n'en est plus l'employeur.
"Je me soigne du mieux possible pour espérer un jour reprendre le foot"
"J'ai fait trois quatre entraînement avec Guingamp, et je me suis rendu compte lorsque je plongeais que les symptômes commençaient à revenir", explique-t-il. Ces symptômes, des migraines, des nausées et des "pixels dans la vue", ce sont ceux de deux commotions cérébrales dont il a été victime quelques mois plus tôt, alors gardien numéro trois du Stade de Reims. En août 2022, il reçoit un coup de genou qui fracture sa mâchoire lors d'un entraînement. Il est soigné mais le club ne l'envoie pas consulter de neurologue. "En reprenant l'entraînement en mars 2023, j'ai repris un ballon dans la tête, et ça a décuplé les symptômes que j'avais", explique-t-il.
Au mois d'avril, le docteur du club l'envoie consulter un neurologue "pour compléter (s)on dossier médical", raconte Florent Duparchy, pensant alors à une simple visite médicale de routine. "Une fois chez le médecin, les tests ne sont pas bons, il me questionne, et toutes mes réponses traduisent les symptômes d'un commotion cérébrale", se remémore le gardien de but. Le médecin, réputé, ne comprend pas comment le joueur a pu reprendre l'entraînement sans avoir consulté avant. Le joueur rhodanien estime : "Si j'avais vu un spécialiste dès le premier choc et que j'avais été soigné, mon corps aurait mieux cicatrisé et le ballon que j'ai reçu sur la tête ne m'aurait rien fait du tout. Là, il a décuplé les symptômes".
"J'ai passé plusieurs mois sans salaire, j'avais la possibilité de reprendre mes études je n'ai pas pu, je suis complètement bloqué"
Le joueur a bien bénéficié d'un programme "parfait" de remise en forme et de soin "au niveau des os" pour soigner sa fracture de la mâchoire, mais le club ne l'a "jamais sensibilisé" au sujet des commotions cérébrales. Sous contrat avec le Stade de Reims, le club a décidé ne plus le payer. "J'ai passé plusieurs mois sans salaire, j'avais la possibilité de reprendre mes études je n'ai pas pu, je suis complètement bloqué et je ne peux rien faire en attendant que mon employeur décide de me prendre en charge", explique Florent Duparchy qui a également pris à sa charge tous les frais médicaux engendrés par les soins dont il doit faire l'objet. Le lendemain de sa prise de parole dans le journal l'Equipe, Reims a saisi la commission juridique de la Ligue de Football professionnelle qui a depuis convoqué le joueur et les deux club pour un rendez-vous le mardi 17 octobre.
"Aujourd'hui je me concentre surtout sur ma santé, j'essaye de prendre de la distance avec tout ça, j'ai la migraine facile", lance le joueur dans un sourire. Et d'ajouter : "Je me soigne du mieux possible pour espérer un jour reprendre le foot."