PHINEAS : DERRIERE LE NAZILLON, UN PAUME

Sous le nom de Phinéas, il avait profané un cimetière juif et tenté de décapiter deux Arabes.

Sa "croisade anti-arabe" a donc valu vingt ans de réclusion criminelle à Mickaël Tronchon, alias Phinéas. A l'image de son comportement durant le procès, il n'a pas bronché à l'annonce du verdict. Finis les diatribes anti-Arabes et les saluts nazis de sa garde-à-vue. C'est avec froideur et détachement qu'il a raconté par le menu détail ses plans pour "résister à l'invasion arabe" et comment il en était venu à profaner un cimetière juif et à tenter de tuer deux Arabes à la hache. Des actes qu'il dit regretter mais sans demander pardon à ses victimes.

Le masque est tombé. Le personnage vengeur de Phinéas a laissé la place au jeune Tronchon, 27 ans et autant d'années de galère. Une vie marquée par le suicide par balle de son père biologique, l'alcoolisme de sa mère et son suicide par immolation, puis les placements successifs dans les foyers où il se fait respecter avec les poings.

"Le procès de Phinéas est avant tout l'échec de la société à prendre en compte un gamin perdu, qui avait fait l'objet d'une mesure de protection lorsqu'il était enfant", a commenté Odile Belinga, l'avocate de la deuxième victime.

Pour les trois experts convoqués à la barre, son racisme et son admiration d'Hitler fonctionnent comme une béquille existentielle. Haïr les Arabes permet à Mickaël Tronchon de reporter sur un groupe social toute la haine qu'il a vouée à une mère alcoolique, aimante et violente à la fois, qui le traitait de "sale bougnoule". "Son idéologie n'est pas intellectualisée, elle fonctionne comme une digue, pour colmater toutes ses souffrances d'enfant, a expliqué le psychiatre Daniel Azjenberg. Il ne peut donc pas l'abandonner comme ça. Seul un travail d'analyse peut le lui permettre".

Mickaël Tronchon n'est donc pas fou. Mais son discernement a été altéré par une enfance hantée par la mort. Les jurés en ont tenu compte et ont suivi le réquisitoire du procureur général Jean-Olivier Viout, qui qualifie l'absence de période de sûreté de "chance" pour se relever. Mickaël Tronchon se trouve, selon l'expression de son avocat Christophe Buttin, au "milieu du chemin". "Phinéas ne me fait pas horreur mais ça va venir" a promis le condamné.

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