Preynat agressé dans sa jeunesse, les “doutes” des parties civiles

Pour la première fois, Bernard Preynat a déclaré mercredi avoir été victime d’agressions sexuelles. Ce jeudi matin, les juges ont demandé à l’ancien prêtre de préciser ses dires face à des parties civiles et à un parquet plus que circonspects.

Bernard Preynat est l'aîné d'une fratrie de sept enfants. Déjà, très jeune, il montre un penchant pour la prêtrise, l'organisation d'événements. Ses proches le décrivent comme un personnage “taiseux, brillant, distant, avec un grand charisme”. À 7 ans, avec ses frères et sœur, ils “jouent à la messe”. C'est à cet âge-là qu'il veut devenir prêtre. Ses parents l'accompagnent sur cette voie. Il dit avoir été agressé pour la première fois par un sacristain quand il avait une dizaine d'années. “C'était à Saint-Étienne. Les enfants se préparaient. Un jour on était seuls, tous les deux. J'étais habillé en enfant de chœur. Il m'a appuyé sur le sexe en disant “qu'est-ce qu'il y a là ?””

À la même période, en colonie de vacances, un des moniteurs, devenu prêtre par la suite, “passait dans les douches, puis il ouvrait les rideaux pour caresser les cuisses” des jeunes gens présents. Bernard Preynat évoque alors d'autres faits, quand il était au petit séminaire, entre 11 et 14 ans : “C'était aussi à Saint-Étienne. Le professeur passait vers nous et mettait sa main dans notre chemise pour nous caresser le dos. Très souvent, il m'a fait venir dans son bureau, baissait mon pantalon, mon slip, et avait la manie de me laver le sexe avec un gant de toilette.” Il raconte que les faits se sont reproduits pendant les grandes vacances. “Il venait voir ma famille en vélo, me demandait de l'accompagner sur la route en repartant. Il m'entraînait dans un bosquet pour faire ce geste dont je vous parlais. Là, il remplaçait le gant de toilette par un mouchoir. C'était un prêtre. Il n'avait pas bonne réputation. On l'appelait le monkey (singe)”, explique-t-il.

“La position qui est la vôtre ne repose que sur vos déclarations”

Enfin, Bernard Preynat décrit les “étreintes fortes” sans attouchements d'un professeur de première à Montbrison. Les faits ressemblent en tout point aux agressions que Bernard Preynat a perpétrées par la suite, entre 1962 et 1991. Toutes les victimes ont évoqué les caresses sur les cuisses, le torse et le sexe (lire ici). Mais aussi les étreintes, les masturbations. “Vous avez reconnu que les premiers faits que vous avez pratiqués ont eu lieu quand vous étiez moniteur en colonie. Vous aviez 16 ans. Force est de constater que vous reproduisez les gestes que vous avez subis durant la même période ?” lui demande la juge. “Je ne pense pas que j'avais fait le rapprochement moi-même”, répond l'ancien prêtre.

Me Sauvayre, l'avocat d'une des victimes, se lève et regarde Bernard Preynat.

“Je vous le dis, j'ai des doutes sur la réalité de tout ça, lance-t-il.

C'est ce que je pensais. Je ne voulais pas en parler parce que je pensais exactement que vous alliez dire ce que vous dites. Je pensais que l'on ne me croirait pas. Que je dis ça pour m'excuser”, lui répond l'ex-curé de Sainte-Foy.

Le parquet emboîte le pas à l’homme de robe.

“Je vous le dis, la position qui est la vôtre ne repose que sur vos déclarations. Celles-ci sont tardives, elles n'arrivent qu'en fin de procédure judiciaire. Pourquoi, si c'est si important pour vous, vous n'avez pas eu l’intention de venir crédibiliser ces souvenirs par ceux d'autres personnes extérieures qui ont vécu les mêmes faits ?

– Je ne sais pas. Je peux juste assurer que je ne mens pas.”

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