Le président de l’association s’est exprimé en amont de l’ouverture du procès du cardinal Barbarin pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs.
Ce lundi matin s’ouvrait à Lyon le procès du cardinal Barbarin, qui comparaît avec cinq ex-responsables de son diocèse pour non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs. Avant de se rendre à l’audience, le président de l’association de victimes La Parole Libérée a réagi aux micros des journalistes sur place. La procédure "représente l'aboutissement de trois années d'engagement intensif, a indiqué François Devaux, comme le rapporte Lyon Mag. Notre engagement ne se limite pas simplement à ce recours juridique, la décision de justice ne suffira pas à elle seule à protéger les enfants de demain. Mais c'est un point de tension qui permet de réunir une expertise et qui suscite la prise de conscience de chacun. C'est une étape très importante". "A l'époque, le prédateur sexuel a failli. Et en 2015, il était toujours au contact d'enfants. A priori, il n'a pas failli de nouveau. Pour autant, nous, parents, n'acceptons pas que nos enfants soient encadrés par des prédateurs sexuels. Est-ce qu'il n'y a pas une autre place pour ces gens-là ?", a ajouté celui qui se dit victime du père Bernard Preynat. "Certes il y a des faits de pédophilie, mais l’important dans cette affaire c’est qu’on ait couvert pendant si longtemps, qu’on l’ait protégé en connaissance de cause", avait également déclaré François Devaux à BFMTV en amont de l’ouverture du procès.
"On espère qu’il va enfin faire preuve de courage"
"Enfin on va connaître la vérité d’un mécanisme de silence, savoir comment un prédateur sexuel a pu exercer des responsabilités sans être inquiété, a confié à l’intérieur de la salle d’audience Alexandre Dussot-Hezez, autre membre de La Parole Libérée. On espère qu’il (le cardinal Barbarin, ndlr) va enfin faire preuve de courage, courage qu’il n’a pas eu pendant toutes ces années en laissant Bernard Preynat en situation avec des enfants et en ne réalisant pas sa dangerosité." Cela alors même que le prêtre "ne s'est jamais caché de rien", comme l'a affirmé Pierre-Emmanuel Germain-Thill, porte-parole de La Parole Libérée, dans une interview à Lyon Capitale. "Le face-à-face sera une première reconnaissance, a expliqué une autre victime à France 3 Rhône-Alpes devant le tribunal. On attend qu’il donne sa version et qu’il dise ce qu’il pense de tout ce qui a été fait ou pas fait. C’était un silence organisé, voulu par l’institution pour ne pas la salir. Il faut que cela s’arrête et que tout le monde prenne conscience de la gravité des faits."
Les plaignants reprochent au cardinal Barbarin d’avoir couvert des abus sexuels commis par le père Bernard Preynat sur des jeunes scouts de sa paroisse de Sainte-Foy-lès-Lyon dans les années 1980-1990. Après le début du scandale en 2015 suite aux révélations de La Parole Libérée, des plaintes avaient été déposées contre Mgr Barbarin mais le parquet avait renoncé aux poursuites en 2016. Les victimes ont alors enclenché une procédure de citation directe (sans enquête approfondie de la police), dans le cadre de laquelle l’archevêque de Lyon comparaît aujourd’hui.