Palais de justice 24 Colonnes
© Eliot Lucas

Procès de l’explosion cours Lafayette : les pompiers à la barre

Le 28 février 2008, une explosion au gaz coûtait la vie à un pompier et faisait une soixantaine de blessés cours Lafayette (Lyon 6e). Le quatrième jour du procès en appel était consacré aux témoignages des pompiers.

"Les gens abandonnaient leurs véhicules, ils fuyaient paniqués, leurs enfants dans bras ! En trente ans de métier, je n'avais jamais vu ça !" a déclaré le chef d'équipage Magri, dès le début de son audition par le président de la cour.

Debout devant la cour d'appel, le colonel décrit d'une voix chevrotante les conditions de cette intervention "surréaliste" ayant coûté la vie à Stéphane Abbes, un sergent-chef de 35 ans, père de deux enfants.

Le matin du 28 février 2008, alertés par un agent travaillant sur une canalisation d'eau, les sapeurs-pompiers interviennent pour une fuite de gaz, 117 cours Lafayette, à Lyon. L'odeur est pestilentielle. Le gaz s'échappe des plaques d'égout en quantité importante. La fuite se voit, et s'entend, à plus de 70 mètres. Un périmètre de sécurité est rapidement mis en place et les immeubles des alentours évacués par les pompiers.

Un mort et une soixantaine de blessés

Alertés immédiatement, les services de GRDF (alors seuls compétents pour procéder à la coupure d'alimentation en gaz) arrivent rapidement sur les lieux. Pour une raison inexpliquée, le gaz ne sera pas coupé. Deux pompiers pénètrent alors au 117 cours Lafayette pour procéder à la sécurisation des lieux. Une violente explosion s'ensuit, emportant dans le hall de l'immeuble le plafond, les murs porteurs et la cage d'escalier. Stéphane Abbes est tué sur le coup, enseveli sous une dalle de béton. Soixante personnes seront par ailleurs blessées, dont une quarantaine de riverains.

À l'audience, Didier Dupire, binôme d'intervention du pompier décédé, décrit la boule de feu et la déflagration qui l'ont repoussé sur le sol, le trou noir et la tentative d'extraction manuelle et désespérée de son collègue enseveli sous les gravats.

Le gaz fuyait toujours après l’explosion

Serge Delaigue, directeur des services incendie du Rhône qui a supervisé les opérations de secours après l'explosion témoigne : "Le gaz continuait à fuir pendant les opérations de secours ! GRDF aurait dû procéder à la coupure effective du gaz dès qu'ils en ont été informés."

Pourquoi GRDF, immédiatement prévenu de la fuite, n'a pas coupé l'arrivée de gaz ? Une simple défaillance humaine peut-elle être à l'origine de ce drame ?

Demain, les parties civiles (la veuve et les proches du pompier décédé) témoigneront, avant les réquisitions de l'avocat général lundi. La défense de GRDF, et peut-être l'explication du drame, sera connue en milieu de semaine prochaine.

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