Mis en cause pour incitation au sabotage du chantier de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, l'écrivain italien risque huit mois de prison.
Le tribunal de Turin doit annoncer ce lundi 19 octobre son verdict dans l'affaire Erri de Luca. L'écrivain italien est mis en cause pour "incitation au sabotage" du chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin.
Le parquet italien a requis huit mois de prison ferme, loin des cinq ans maximum de ce genre d'affaires. "Je suis stupéfait par la différence entre les arguments produits par le parquet et ce réquisitoire a minima, a même déclaré l'accusé. Je m'attendais au maximum."
Erri de Luca se voit surtout reprocher sa déclaration à la version italienne du site Huffington Post, en septembre 2013 : "Les sabotages sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est une oeuvre nuisible et inutile." La société franco-italienne en charge de la construction de la ligne, Lyon Turin Ferroviaire (LTF), avait porté plainte suite à ces déclarations.
"Ma liberté n'est pas en cause"
Cet ancien militant d'extrême-gauche, écologiste et prix Femina 2002 en France pour son livre Montedidio, se dit prêt à aller en prison : "Je suis parfaitement tranquille. Ma liberté n'est pas en cause. Ma liberté de tenir ensemble les choses que je fais et celles que je dis est hors de portée d'un tribunal", a-t-il déclaré ce week-end au Journal du dimanche. Selon l'hebdomadaire, François Hollande, qui avait déjà affirmé que les écrivains ne "devaient pas être poursuivis pour leurs textes", aurait même tenté de convaincre le gouvernement italien de renoncer à la plainte. Sans succès.
Le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin est contesté depuis dix ans par le mouvement No TAV (Non au TGV). Dans le val de Suse, en Italie, la contestation a pris un tour parfois violent : en 2013 notamment, de nombreuses attaques avaient endommagé du matériel et des engins de chantier.