2ème journée
Princesse Diana
Au deuxième jour du procès du clan roumain suspecté d'avoir jeté sur les trottoirs du cours Charlemagne cinquante deux filles entre 2004 et 2005, une main se lève dans l'assistance. Médusé, le président l'enjoint de venir à la barre. Dans le box des accusés, on se regarde et on ouvre de grands yeux. La jeune fille se nomme Diana, grande brune plutôt plutôt mignonne. Elle accuse son ancien proxénète. "Sans Civrariu, le cours Charlemagne à Lyon n'aurait pas été contrôlé par les Roumains." Et de poursuivre, imperturbable, "c'est lui qui a amené les Gologan". Dans le public, les filles sont suspendues aux lèvres de leur amie, jetant parfois un regard vers les accusés pour voir leurs réactions. L'émotion est palpable. Pour la première fois, une fille ose regarder, droit dans les yeux, ses tortionnaires. Et accuse. Diana racontera que, lors de sa fuite, Civrariu, alias "le coupeur" au cutter, a menacé de "couper" sa sœur, en Roumanie.
"Des torchons qu'il faut traire"
"Menteuse !" dira Civrariu, via l'intermédaire d'une des deux interprètes. Quand ce petit bonhomme moustachu aux yeux bleus parle, on a du mal à se dire qu'il tailladait à tout va. Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences. Lui qui parle de ces 52 filles comme des "torchons qu'il faut traire". Ilie Gologan se tient les mains dans la tête, la secoue et sourit. "Il tient son rôle" nous commente un enquêteur, monté jusqu'à Iasi, à 2 400 kilomètres de Lyon, pour interpeller tout ce petit monde. Civrariu tente de se dépêtrer des accusations qui lui sont portées, en réduisant son rôle à celui de petit gangster sans envergure. "Nous sommes des voleurs, vous savez, nous avons une imagination très forte" lance-t-il, avec une ironie déplacée, au président. Lequel finit par sortir de ses gonds et vocifère : "je ne veux pas que les choses tournent au gag dans ce tribunal!". Le président récite quelques écoutes téléphoniques. Gologan et un autre accusé, basané gros bras et catogan noir, se regardent et sourient.