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©dessin Christophe Busti

Procès Valentin:la folie de Moitoiret divise les psychiatres

Le premier collège d’experts psychiatres a été entendu ce mardi par la cour d’assises du Rhône, dans le cadre du meurtre du petit Valentin, en août 2008. Au total, dix experts ont interrogés Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo pour dépeindre leur psychologie. Des avis importants et attendus car le procès s’articule autour de la responsabilité pénale ou non des accusés.

Les trois experts du premier collège ont été longuement entendus à la barre. Ils ont interrogé à plusieurs reprises les accusés durant l’instruction, à la fois sur leur vie, leur couple et les faits eux-mêmes.

Le délire de Noëlla teinté de lucidité

Dans sa fratrie, sa sœur et son frère ont été diagnostiqués psychotiques, un autre alcoolique chronique. "Elle a une famille lourde sur le plan psychologique", estime l’experte. Elle est elle-même atteinte de paraphrénie "un monde imaginaire énorme cohabitant avec une certaine lucidité", avance la psychiatre.

Elle est à demi-folle; de cette folie finalement moins compréhensible que l’absolue folie. "Elle est plus âgée, elle est plus intelligente, plus cultivée, confirme la psychiatre. C’est elle qui crée cet univers mystique."

Le combat des experts sur altération et abolition

Le cas Stéphane Moitoiret interroge davantage les experts. Pour Agnès Peyrannud et Borstein, 70 ans de carrière à eux deux, il est atteint de paraphrénie, "peu intelligent, rustre et primaire". Ils concluent au discernement altéré de l’accusé pendant les faits. "Il est ancré avec la réalité, estime Borstein.

Pour Paul Bensoussan, il est schizophrène. Il va même plus loin, en estimant que ce procès est aussi celui de la folie. Pour la première fois sa carrière, il s’est désolidarisé de ses deux autres confrères dans un collège d’expert. "La justice ne juge pas les fous", clame-t-il presque. Son discernement, aboli pendant les faits selon le médecin, ne devait pas le conduire dans le box des accusés, mais "dans une unité psychiatrique, on ne juge pas les fous, on les soigne", dit-il.

La pathologie mentale de cet homme ne fait aucun doute. Le deuxième collège des experts, n’a pas été clair dans ses conclusions, de son propre aveu propose "pour l’instant" une altération du discernement. "La clinique ne permet pas de trancher," avoue Roland Coutanceau. Résultat, un troisième collège est désigné, dont les experts seront entendus ce mercredi.

Pas de préméditation et de complicité selon les experts

Concernant les faits, ces premiers psychiatres s’accordent à dire que les relations entre le couple s’étaient détériorées depuis près d’un mois. Les faits surviennent dans un moment précis : le contrôle de gendarmerie mais aussi la menace de séparation de Noëlla Hégo. "Un surplus de tension qui prédisposait à la violence", évoque le docteur Frantz Prosper.

La préméditation des actes de Moitoiret est fortement contestée par tous les experts, interrogés pour l’instant à la barre. Enfin les charges de l’accusation à l’encontre de Noëlla Hégo sont jugées peu probantes par les médecins.

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