Palais de justice de Lyon © Tim Douet
Palais de justice de Lyon © Tim Douet

Propos anti-Islam sur Facebook : le policier fait appel et se défend

Sébastien Jalamion, un policier condamné pour provocation à la discrimination, à la haine et à la violence à l'égard d'un groupe de personnes en raison de son appartenance à la religion musulmane a finalement décidé de faire appel de la décision du tribunal correctionnel de Lyon. Il y a une semaine, il avait été condamné à 5 000 euros et bénéficié d'une relaxe partielle à la suite de publications considérées comme anti-islam sur Facebook. Le parquet de Lyon qui avait notamment requis 5 mois de prison ferme avait déjà fait appel du jugement. Explications.

"Nous n'étions pas motivés pour faire appel, explique Me Versini, l'avocat du policier. Mais face à l'appel principal de Monsieur le Procureur de la République à la suite du jugement rendu, nous ne pouvions pas imaginé de ne pas relever appel. Le parquet de Lyon n'est visiblement pas satisfait de cette décision."

"la mort professionnelle d'un homme"

Tout commence en septembre dernier, à la suite de la mort d'Hervé Gourdel, ce policier qui anime une page Facebook affiche des propos et des illustrations commentant cette actualité. Il commente également une fameuse vidéo des islamistes souhaitant la mort des Français, diffusée à cette période sur le Net.

Lors du procès le 24 mars dernier, le parquet avait requis 8 mois de prison dont 5 fermes, 2 000 euros d'amende et interdiction d'exercer sa profession de policier.

"Nous étions stupéfaits de ces réquisitions, je me suis dit que c'est la mort civile ou professionnelle d'un homme que l'on souhaite," avoue l'avocat, tout en précisant qu'aucune association anti raciste est à l'origine de la plainte ou s'est constituée partie civile, ce qui est généralement le cas dans ce type d'affaires.

L'agressivité des publications

Dans son jugement, le tribunal a prononcé une relaxe partielle au sujet d'une photo montrant des Femens tunisiennes brûlant un drapeau islamique devant la mosquée de Paris. Le policier a également été relaxé concernant ses propos sur le prophète Mahomed, le tribunal jugeant qu'ils relevaient du blasphème.

En revanche, le tribunal a condamné le policier à 5 000 euros d'amende sur 5 points précis, notamment certaines illustrations accompagnées de propos : le visage barré d'Al- Baghdadi, le chef de Daesh, la photo d'un homme vêtu d'une djellaba avec, comme commentaire "toutes personnes qui s'affublent comme au temps du prophète sont des cibles à abattre" ou encore une photo de Marianne partiellement voilée. Le tribunal a considéré que ces publications ont incité au rejet à raison de son effet cumulatif en dénonçant également leur caractère "agressif".

Cibler les terroristes, pas la communauté musulmane

"Je suis encore sous le choc de la sévérité des réquisitions, nous livre Sébastien Jallamion, ce matin à la sortie du TGI après avoir formulé son appel. Je suis quelqu'un de républicain, je me suis exprimé sous le coup de l'émotion dans le cadre d'une actualité particulière, l'assassinat d'Hervé Gourdel par de terroristes. J'ai réagi comme de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux et je m'adressais aux terroristes et surtout pas à l'ensemble des musulmans, "ajoute-t-il, réfutant être raciste. "Si j'avais un seul doute, renchérit Me Versini, je n'aurais pas défendu cet homme. Il n'a jamais ciblé l'ensemble de la communauté musulmane."

Contacté par Lyon Capitale, le parquet de Lyon n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette affaire, estimant que son appel au jugement est en soi une réponse.

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