C'est un acte abject et totalement inqualifiable. Ça fait remonter toute une époque, très douloureuse, surtout lorsque l'on a été magistrat et que l'on n'a pas pu identifier les auteurs.
Comment en être arrivé à prendre une ordonnance de non-lieu en 1992 ?
Ça faisait 17 ans que l'enquête piétinait. L'affaire n'avançait plus. Je n'ai pu que constater un échec de la police et de la justice. L'assassinat du juge Renaud reste une énigme judiciaire : personne n'a été interpellé ni condamné. Ce qu'on peut dire, c'est que le juge Renaud est tombé sous les balles dans l'exercice de sa fonction, et je me bats, depuis 32 ans, pour qu'il soit cité à l'ordre de la Nation.
Pourquoi le surnommait-t-on le "shérif" ?
C'était un homme qui affrontait le grand banditisme avec courage. Il était devenu, pour le "milieu" lyonnais, un personnage encombrant. Vous savez, ce n'était pas des auditions de fillettes à l'époque... c'était rude, parfois musclé. Il fallait tenir tête à ces malfrats. Le juge Renaud avait concentré sur lui un certain nombre d'animosités très fortes. Il en est mort.
Etait-ce, comme d'aucuns le disent, une période exceptionnelle ?
Tout à fait. Le milieu lyonnais s'était spécialisé dans les attaques de grandes surfaces, de blindés, des hold-ups. Le milieu était structuré, capable de commettre des actions d'éclat. En plus, les malfrats se donnaient une image de notabilité : ils mettaient leurs enfants dans les meilleures écoles, fréquentaient les grandes tables lyonnaises. Il y avait une sorte de mélange des genres. C'était un milieu qui se voulait respectable, un peu dans le style mafieux.