Véronique Crémault, la mère de Valentin, est venue témoigner à la barre ce matin. Elle fait un portrait poignant de son fils, son “petit homme”. À la fin de son témoignage, un échange se fait entre l’accusé et la mère.
Dans un moment d’une grande dignité, la mère du petit Valentin a décrit son enfant, son “petit homme”. Elle décrit une relation fusionnelle : “On était très proches, c’était mon petit dernier, c’était l’amour de ma vie.”
Véronique Crémault parle distinctement, avec une vraie empathie. Elle a apporté une grande photo de son enfant : “Regardez comme il est beau, il est en habit de gymnaste, il portait les couleurs de la France.” L’enfant aurait voulu être gymnaste professionnel, “ou bien policier ou avocat”, confie-t-elle. Valentin allait avoir 11 ans, un mois après sa mort. “C’était un petit garçon très poli, il allait voir les personnes âgées pour leur acheter une flûte de pain”, explique-t-elle avec douceur.
En 2007, lorsque son mari perd son emploi, Véronique Crémault recherche du travail. Elle devient employée dans un supermarché de Lagnieu (01). Le couple ne va pas bien. “Ce n’était pas la joie tous les jours”, dit-elle avec pudeur. Elle s’apprêtait à le quitter avant le drame : “J’avais trouvé du travail.” Aujourd’hui, manifestement, ils vivent toujours ensemble.
Un enfant très courageux
Comme toute maman aimant son enfant, elle est élogieuse à son sujet : “Il était très courageux. Il me disait : “T’inquiète pas, maman, si quelqu’un m’attaque je saurai me défendre.” Je suis fière de lui car il s’est défendu.” Le président Taillebot acquiesce : “Il semblerait…” Le témoignage des médecins légistes mardi après-midi doit le confirmer.
Le soir du meurtre, la mère et l’enfant ont échangé via MSN, vers 20h : “Il m’a envoyé un baiser, c’est la dernière image que j’ai vue de lui.”
La douleur d’une maman
Interrogée par Me Collard, son avocat, Véronique Crémault laisse échapper ses premiers pleurs, après avoir expliqué consciencieusement et avec fierté le parcours de son enfant. “J’ai l’impression de l’avoir abandonné, explique-t-elle. Il y a quinze jours, je suis allée hurler devant la tombe de mon fils. Puis je me suis raisonnée, il faut le laisser dormir.”
La souffrance de la mère apparaît, brute et insupportable. Pourtant, avec une véritable dignité, elle échange en fin d’audition avec Stéphane Moitoiret. Pour la première fois, il avance des mots et a une manière bien à lui de nier en répondant qu’il n’est “pas responsable”. Mais, jamais, il ne dit qu’il ne l’a pas fait.
Échange entre Véronique Crémault et Stéphane Moitoiret Moitoiret : Je ne sais pas vraiment quoi vous dire. Je suis touché par votre chagrin. J’ai perdu mon père et mon grand-père… Crémault : Pourquoi... j’ai toujours rêvé de ce moment, j’ai toujours voulu vous demander : pourquoi ? M : Je ne suis pas responsable de la mort de votre enfant. Moi, je crois au hasard, moi, je crois au destin. Je sais qu’un enfant a un cœur… C : Vous avez vu comment il était adorable, il avait un visage d’ange. M : Ce n’est pas évident de vous parler comme ça, je n’ai pas tout en tête, je ne suis pas d’accord. C : Cela vous fait peut-être trop mal ? M : Je trouve que ce qui vous arrive est catastrophique… C : On m’a tué mon fils, on m’a tuée, monsieur Moitoiret. M : Je n’ai pas voulu le malheur. Je veux que les gens réalisent leurs rêves. Je comprends la haine que vous avez. C (le coupant) : Mais je n’ai pas de haine, monsieur Moitoiret, ma vie est brisée. M : Moi aussi, j’ai perdu mon père… C : Oui, mais Valentin était un petit garçon, il ne méritait pas cela. M : Chaque personne pense ce qu’elle peut. Chaque personne a un destin. Si vous avez étudié Jésus-Christ, Jésus-Christ savait qu’il allait finir sur la croix. C : Monsieur Moitoiret, je suis baptisée deux fois, j’ai fait ma première communion, je suis très catholique. Mais mon fils n’est pas Jésus-Christ, mon fils ne méritait pas de mourir. (Stéphane Moitoiret tente de reprendre la parole.) C : Je ne veux pas entrer dans cet épilogue, je ne veux plus vous entendre, monsieur Moitoiret. (Noëlla Hégo, à la demande du président, se lève également.) H : Je suis désolée, je ne voulais pas la mort de Valentin. J’étais loin de là, je vous comprends (elle pleure). C : Merci, madame, de m'avoir parlé. |