Détenue depuis 3 ans, Aurore Gros-Coissy doit enfin voir son procès débuter ce mardi 2 septembre à l’île Maurice. La jeune femme originaire de Saint-Romain-de-Popey, accusée de trafic de Subutex, clame son innocence. Elle encourt jusqu’à 60 ans de prison.
Les vacances au soleil d’Aurore Gros-Coissy sont devenues un véritable cauchemar. C’était la première fois qu’elle se rendait à l’île Maurice.
Elle n’en est toujours pas revenue : le 19 août 2011, la jeune femme est arrêtée à l’aéroport de Plaisance. La police mauricienne découvre dans ses bagages 1 680 comprimés de Subutex, dissimulés dans des paquets de gâteaux. Ce médicament, donné aux personnes en forte dépendance à l’héroïne, est considéré comme une drogue dure à l’île Maurice.
Piégée par son petit ami
Aurore clame aussitôt son innocence et se dit victime de son ex-petit ami franco-mauricien. Ils avaient repris contact récemment et le jeune homme l’aurait invitée à se rendre à l’île Maurice pour y rencontrer sa mère. Il lui avance même les frais de son billet. Le jour du départ, Aurore doit prendre seule l’avion, son ami arguant un empêchement professionnel. Elle l'accuse d'avoir mis les paquets avec les comprimés dans ses valises.
Au début de l’année, selon des sources proches du dossier, l’homme aurait été placé en garde à vue en France et entendu dans le cadre d’une enquête sur les réseaux mafieux franco-mauriciens. Il aurait même reconnu partiellement les faits dans l’affaire qui concerne Aurore. Hélas pour la jeune femme, l’affaire traîne toujours.
Soutenue par sa famille
La famille et les amis d’Aurore, révoltés par la situation, se sont très vite mobilisés pour la jeune Rhodanienne, aujourd’hui âgée de 27 ans. Pendant ses trois années de détention, elle garde le contact avec ses proches grâce à Skype et reste déterminée à prouver son innocence. En prison, elle passe ses journées à s’occuper du jardin de l’établissement, mais aussi des mamans qui ont des enfants en prison. Elle vit sa situation peu envieuse comme une "épreuve constructive". Le collectif “Victimes de Subutex à Maurice” a été créé en soutien à la jeune femme et à d’autres détenus français.
Le Subutex, objet d’un contentieux entre la France et Maurice
Car, dans l’île, la lutte contre l’importation et le trafic de Subutex constitue la priorité du gouvernement mauricien. Remboursé par la Sécurité sociale en France, mais interdit à la vente sur l’île, le médicament fait l’objet d’un vif contentieux entre les deux pays. "Un cachet peut se revendre au marché noir 70 euros. Les Mauriciens en veulent beaucoup à la France de servir de base arrière à ce trafic. Du coup, Aurore paye les pots cassés", expliquait Farid Dekhli, porte-parole de l'association, en août 2012.
Maintes fois repoussé, le procès d’Aurore devrait bien avoir lieu ce mardi 2 septembre. Actuellement, sept Français sont détenus à l’île Maurice dans le cadre du trafic de Subutex.