Jamais dénoncé par sa hiérarchie, le prêtre qui a déjà reconnu plusieurs abus sexuels sur mineurs entre 1970 et 1991, aurait poursuivi ses activités pédophiles, plus loin de Lyon, jusque dans les années 2000.
Nouvelle révélation dans le scandale de pédophilie qui touche le diocèse de Lyon. Alors que le cardinal Barbarin a reconnu être au courant depuis 2007 des actes pédophiles commis par le père Bernard Preynat, un témoignage inédit est venu gonfler la liste des victimes potentielles. Témoignage qui, s'il se révélait fondé, mettrait en cause la gestion du cas Preynat par le diocèse. Lequel a longtemps voulu étouffer l'affaire par une gestion interne et silencieuse, se contentant de muter le prêtre pour ne pas faire de vagues.
“Il l’a prise sur les genoux et il l’a serrée très fort contre lui”
S'il avait confié aux familles des victimes regretter ses actes, le père Preynat n'aurait pas décidé d'y mettre un terme pour autant. Jusqu'en 2003 du moins. Comme l'évoque le témoignage d'une mère de famille dont la fille a suivi les cours de catéchisme du père Preynat à Cours-la-Ville, dans la Loire, où le prêtre avait été muté. Elle s'est exprimée sur RMC ce jeudi matin quant à ses soupçons concernant d'éventuels abus sexuels sur sa fille en 2003.
"Je récupère ma fille, qui avait 10-11 ans à l'époque, à la sortie de la retraite de communion et là elle me dit que tous les enfants de la classe avaient été placés dans une grande pièce. Derrière un paravent se tenait le père Preynat, il l'a prise sur les genoux et il l'a serrée très fort contre lui. [...] Elle m'a aussi dit que certaines de ses camarades restaient derrière le paravent plus longtemps qu'elle."
Responsabilité du diocèse de Lyon
Il semblerait donc que le père Preynat ait profité du silence de sa hiérarchie pour poursuivre ses agissements pédophiles. C'est en tout cas l'avis de cette mère de famille, pour qui l'homme "a forcément continué". "On en a parlé avec ma fille. Elle pense qu'à Cours-la-Ville des personnes vont se reconnaître, se libérer de ce qu'ils ont subi par le père Preynat. Ce n'est pas possible qu'il se soit arrêté, ce serait trop facile", commente-t-elle.
Mis en examen pour avoir reconnu quatre agressions sexuelles sur mineurs perpétrées entre 1970 et 1991, et placé sous le statut de témoin assisté dans trois autres, le père Preynat avait conservé des fonctions pastorales jusqu'en 2015. Des fonctions au profit desquelles il continuait d'être en contact avec des enfants. Cela alors que le diocèse était au courant de ses agissements passés depuis un signalement fait au début des années 1990 au cardinal Albert Decourtray. "Déplacer un problème et le mettre dans une campagne plus profonde qu'un beau quartier de Lyon en se disant qu'il va peut-être s'arrêter, je ne comprends absolument pas", se désole la mère de famille.
Il est certain que des témoignages vont pulluler. Vrais ou faux, il s'agit de bien les examiner pour ne pas tomber non plus dans une sorte de chasse aux sourcières. Mais, au fait, pourquoi ces témoignages sont anonymes ? Est-ce que ces proches pourraient aussi être poursuivis pour non-dénonciation ? L'ayant su, ils n'ont porté plainte ni à l'Eglise, ni à la Justice... A poursuivre.