Le troisième jour de procès a vu défiler les témoignages des proches de Manuela Gonzalez. Tous unanimement convaincus de son innocence, sauf un, le neveu.
Son arrivée est à peine remarquée. La journée a été longue. Le “témoin clef”, Virgine Martoia, la tant attendue fille de l’accusée vient de quitter la barre. La salle est dissipée. Jonathan est le cinquième membre de la famille Gonzalez à être entendu.
Le neveu de l’accusée ne commence pas son témoignage par un laïus sur le caractère "serviable" de Manuela et son impossible culpabilité. Déjà, le jeune homme de 26 ans détonne. Jusque-là, la famille de l’accusée faisait bloc et clamait l’innocence de cette femme "formidable" sur tous les tons.
Le jour même, Jonathan dit avoir trouvé sa tante "vraiment préoccupée". Il est le seul à énoncer un élément qui pourrait jouer en sa défaveur. La fratrie de l’accusée a été aussi unanime que confuse dans son propos. Ses deux sœurs et son frère se rappellent mal, parlent avec difficulté, se perdent en contradictions. Ils répètent à l’envi qu’elle est "innocente". Au contraire, Jonathan, la voix claire, l’élocution irréprochable, affiche une volonté évidente de se souvenir. Il est pourtant hésitant dans ses réponses, timidité ou émotion. Me Leclerc, avocat de la partie civile, doit "l’aider". Et soudain il parle, "pour ma conscience et pour la justice" précise-t-il. Il fait état d’une "certaine forme d’hypocrisie" dans cette famille très "soudée".
Secret de famille
“Je ne saurais vous dire si le reste de la famille est sincère. Il y a un bloc.” Dans le box des accusés, Manuela relève la tête. Sa famille, aux premiers rangs, la baisse au contraire. “On n’échange pas sur cette affaire entre nous, c’est tabou”, explique le jeune homme. Mais, petit à petit, il révèle ses doutes. “Ils ont peur. J’ai l’impression qu’il y a un secret de famille qui pèse.” Interrogé par les policiers en 2008, il parlait alors de l’incendie qui a failli coûter la vie à Daniel Cano quelques semaines avant son décès comme d’une “répétition” de l’incident fatal. À la barre, il confirme son hypothèse.
“Vous êtes incapable de nous donner des infos, donc ?” L’avocat de l’accusée, Me Roland Gallo, assaille le Gonzalez qui joue les trouble-fête. Le ring est tracé. Jonathan ne démord pas. “Je suis ici pour donner mon point de vue. Je le donne.” Le ténor du barreau reprend : “Il faudrait qu’on puisse le vérifier, ce point de vue. Sinon ça ne sert à rien.” Il tente de décrédibiliser le mouton noir.
En refusant d’adopter la ligne de conduite des Gonzalez, Jonathan la met en évidence. Une faille s’ouvre dans cette cellule familiale jusque-là soudée.