Retour à la situation d'avant-Covid pour les petites et moyennes entreprises lyonnaises. Lyon renoue avec les restructurations d'entreprises, explique Frank Lebel, secrétaire général de la CPME du Rhône.
Un chiffre : 39 450. Le nombre d'entreprises enregistrées dans le Rhône. Un pourcentage : 98,5%. La part des entreprises de moins de 20 salariés dans le département.
Après trois ans de "quoi qu'il en coûte", les défaillances (liquidations, sauvegardes et redressements) ont augmenté. Lyon renoue avec les restructurations d'entreprise, notamment les 'zombies' qui ont bénéficié d'un sursis grâce aux aides publiques et celles qui ne peuvent pas rembourser leur PGE.
"Les dix prochaines années qui arrivent vont être à ce titre, je pense, malheureusement un déluge ou un tsunami réglementaire administratif" explique Frank Lebel, secrétaire général d ela CPME.
Lire aussi : Start-up - La CPME du Rhône et French Tech Saint-Etienne Lyon unis pour soutenir les dirigeants en dépôt de bilan
Retranscription intégrale et textuelle de l'entretien avec Frank Lebel
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevons aujourd'hui Frank Lebel. Bonjour.
Bonjour.
Frank Lebel, vous êtes secrétaire général de la CPME, Confédération des petites et moyennes entreprises du Rhône. Justement, je le répète, parce que c'est important : dans le Rhône, 98,5% de l'ensemble des entreprises ont moins de 20 salariés et 99,8% c'est-à-dire quasi la totalité comptent moins de 50 salariés. Juillet 2022, il y a une nouvelle gouvernance qui est arrivée. Franck Morize qui est arrivé président à la suite du roi tout-puissant François Turcas, figure emblématique, aux manettes donc de cette CPME du Rhône. Un an après quel bilan vous pouvez tirer de l'action de la nouvelle gouvernance de la CPME du Rhône ?
Écoutez, oui c'est un vrai défi cette transmission. Et je pense qu'un an après on peut dire qu'elle est réussie. Donc il y a une nouvelle présidence. Il y a une nouvelle présidence qui s'est entourée, aussi, de trois premières vice-présidentes déléguées, dans un premier temps, et puis on a élargi à nouveau, en cette rentrée, avec deux nouvelles vice-présidentes.
Donc l'idée est bien de former une équipe pourquoi ?
Pour être le plus éclairé possible sur les difficultés du terrain et afin qu'on puisse prendre les meilleures décisions d'accompagnement et de propositions d'action et d'accompagnement à nos adhérents.
3 500 adhérents ?
Voilà, 3500 adhérents. C'est une communauté d'entrepreneurs, majoritairement moins de 50 salariés, comme vous l'avez rappelé. Et c'est une communauté solidaire et humaine qui se soutient mutuellement et qui s'apporte.
"Les dix prochaines années qui arrivent vont être à ce titre, je pense, malheureusement un déluge ou un tsunami réglementaire administratif."
Alors il y a deux choses importantes dans ce que vous dites. Il y a effectivement l'humain parce que vous vous êtes confronté au réel et vous parliez aussi de solidarité. Et j'en reviens à ce que vous disiez les difficultés du terrain. On sait très bien qu'il y a eu un contexte quand même entre le Covid, la guerre en Ukraine. Il y a eu un contexte quand même très très lourd pour les petites entreprises. Aujourd'hui l'état d'esprit des PME c'est comment ? On va vers de l'avant ou on est encore en subit encore ?
Alors moi, je serais tenté de dire que ça va mieux. Ça va mieux qu'après la crise Covid. Il y a une période difficile, y compris moralement, de remettre tout le système en marche, surtout avec les difficultés d'approvisionnement. Néanmoins, ça va mieux. Il y a quand même énormément de défis à relever. Donc c'est pour ça que l'important, c'est de ne pas rester seul. C'est bien de se soutenir. C'est encore plus important d'être accompagné, je crois, aujourd'hui qu'hier. Et il y a beaucoup de défis à relever. Il y a beaucoup de défis réglementaires, normatifs. Les dix prochaines années qui arrivent vont être à ce titre, je pense, malheureusement un déluge ou un tsunami réglementaire administratif. Et on commence à voir aussi des premières difficultés économiques qui apparaissent. Au premier semestre 2023, par exemple, il y a plus de 40% de procédures collectives enregistrées au tribunal de commerce.
40% de procédures collectives ?
Plus de 40% et, dans certains secteurs d'activité, c'est même plus...
C'est-à-dire que là on rattrape, en fait, on va rattraper finalement le Covid l'avant Covid ou c'est encore un état supérieur ?
Non, non, non. On rattrape. C'était effectivement prévu. Ce qui n'était pas prévu, c'était les dégâts qui commencent à se faire sentir par rapport à l'augmentation des taux d'intérêt et l'accès au crédit qui est particulièrement difficile, notamment pour les entreprises innovantes.
Donc vous justement, CPME, ce que vous disiez, c'est que voilà c'est le vieux proverbe "tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin", c'est un peu ça j'imagine ce que vous faites à CPME. Quels sont les nouveaux dispositifs que vous avez mis en place, justement, pour accompagner toutes ces entreprises, avec toutes ces difficultés, et cette confrontation au réel qui est un peu bancale ?
Alors c'est une bonne question parce que ça, c'est le vrai tournant de la rentrée et le vrai tournant aussi de cette nouvelle gouvernance. En fait, on garde le dispositif anti solitude avec la mise en relation, la mise en réseau. Et, en revanche, on accompagne beaucoup plus les dirigeants à transformer leur entreprise. Donc on accompagne sur les transformations liées à l'environnement puisqu'il y a l'effet humain qu'il faut prendre en compte, évidemment. Donc on a lancé Meta.Morph.ose, un dispositif en 2022 qui a connu un grand succès et qu'on va reconduire en 2024.
En deux mots rappelez nous ce qu'est Meta.Morph.ose.
Meta.Morph.ose, en fait, c'est un dispositif, c'est une journée. 150, 200 chefs d'entreprise ensemble et qui trouvent des solutions sur tout un tas de sujets et on favorise l'intelligence collective.
Une sorte de brainstorming géant.
Exactement.
Donc environnement, Meta.Morph.ose...
L'autre défi est sociétale. Les derniers mois en ont fait l'illustre exemple à nouveau. Donc au niveau sociétal, on va accompagner les entreprises à définir leur raison d'être, pour celles qui le souhaitent. Et même, elles pourront aller jusqu'à se transformer en entreprise à mission, si c'est une volonté. Mais réfléchir à leur raison d'être et s'ouvrir aussi à d'autres réseaux notamment des réseaux. On vient de signer avec un réseau entrepreneur dans la ville qui est bien connu pour favoriser aussi l'accès à l'entreprenariat à des adhérents qu'on ne connaît pas pour l'instant.
Alors c'est une bonne transition parce qu'effectivement je voulais vous poser une question là dessus. Il y a un partenariat avec le soutien de la préfecture aux entrepreneurs pour la ville qui accompagnent des jeunes entreprises, des jeunes entrepreneurs qui viennent des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ça c'est important, parce que j'imagine que, là bas, il y a un vrai terreau d'entrepreneurs.
Exactement. Et puis, en plus, ils sont exemplaires. Enfin, on en accompagne déjà quelques uns mais je pense qu'il faut développer ce champ là et l'institutionnaliser aussi avec un écosystème. C'est un peu l'ADN de la CPME de travailler son écosystème et le développer. Il y a des acteurs qui savent aussi accompagner ce type de public.
Et pour nous, ce type de public, justement, jusqu'à maintenant, est-ce qu'il ils était suffisamment aidé, accompagné ou pas ?
Oui, certainement. Mais l'idée, c'est d'ouvrir notre réseau puisque c'est vrai que nous, on a la chance d'avoir le statut de partenaire social et d'avoir plus de 350 mandats dans des caisses d'assurances maladies, tous les mandats de sécurité sociale, tribunal de commerce, les chambres de commerce, chambres de métier. Donc leur ouvrir aussi ce réseau là pour qu'ils puissent s'engager aussi dans la société et devenir mandataire.
D'accord très bien. Bon, en tout cas, c'est très intéressant ce dernier point. Merci beaucoup d'être venu sur le plateau de Lyon Capitale. A très bientôt. Merci beaucoup.
Au revoir.
Au revoir.