Benjamin Badouard, coprésident du groupe Les Ecologistes à la Métropole de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono.
Si les élections européennes ont été compliquées pour les écologistes Benjamin Badouard en tire des leçons encourageantes pour les majorités gérées par son parti à Lyon : "ce que propose l'exécutif en général sur la ville et la métropole de Lyon fonctionne et est bien perçu par les habitants, c'est quand même très positif".
Il se montre en revanche inquiet des résultats au niveau national et en vue des élections législatives anticipées : "la seule nécessité, la responsabilité c'est de gagner. Il faut que la gauche, les écologistes, on les appelle comme on veut, la Nupes ce qu'on veut, il faut gagner dans quatre semaines face à Macron, face à l'extrême droite".
Le coprésident du groupe Ecologistes à la Métropole de Lyon balaie sèchement la proposition de la majorité présidentielle de ne pas investir de candidats Renaissance face aux députés sortants appartenant à l'arc républicain : "c'est impossible de travailler avec Macron qui est un libéral capitaliste".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Benjamin Badouard
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Benjamin Badouard. Vous êtes coprésident du groupe Les écologistes à la métropole de Lyon, on voulait revenir avec vous sur les élections européennes et notamment le résultat des écologistes au niveau national et au niveau local. On va commencer peut-être par le national, ça a été très compliqué pendant une partie de la soirée électorale ce dimanche où vous n'étiez pas sûr d'avoir des eurodéputés, finalement vous finissez avec 5,7% des suffrages, vous aurez des eurodéputés. Comment vous expliquez que cette élection qui d'habitude vous réussit, c'est un marqueur fort d'ailleurs de l'histoire de l'écologie politique en France, cette fois-ci elle vous a été défavorable, que vous n'avez pas réussi à peser dans le débat ?
Alors effectivement la soirée a été difficile, difficile pour les écologistes évidemment mais pour l'ensemble des humanistes, des progressistes, ça a été très compliqué et ce qu'on peut retenir d'abord pour hier soir c'est que c'était l'extrême droite très haute, ce dimanche soir ça a été vraiment très haut et effectivement c'est dangereux pour notre démocratie, c'est mauvais en fait pour les citoyens, ils ne se rendent pas compte il me semble de ce que peut être l'extrême droite au pouvoir, on l'a déjà vécu il y a un certain temps en France et ça s'est très mal passé, ça s'est très mal terminé. Le deuxième échec, l'autre échec c'est évidemment Macron, ça fait 7 ans qu'il est au pouvoir et on se rappelle en 2017 il avait dit avec moi au pouvoir on ne verra plus le RN au deuxième tour le RN maintenant est aux portes du pouvoir, va peut-être lui prendre le pouvoir d'ici quelques semaines donc c'est vraiment l'échec de cette… en fait on peut pas faire, on peut pas remplacer la brutalité de l'extrême droite par une brutalité sociale, c'est ce qu'a tenté de faire Macron pendant 7 ans, ça n'a pas marché, ça ne marche pas, c'est de pire en pire. Evidemment nous on est lucides aussi, les écologistes on n'est pas arrivé à faire une bonne campagne, on n'a pas été écouté, il faut voir que c'est un phénomène européen malheureusement ou heureusement je sais pas, c'est pas que sur la France, il y a globalement un recul en fait de l'écologie et c'est clairement malheureux, c'est mauvais pour notre planète, pour nos citoyens, ça je pense que ça peut s'expliquer par la façon dont les pouvoirs, l'extrême droite, la droite et Macron Renaissance font de l'écologie une écologie punitive. Alors avant c'était le parti et les écologistes qui étaient vus comme punitifs, maintenant en fait c'est l'écologie en général qui pour eux est punitif. Évidemment quand les médias qui reprennent les politiques, la majorité, la droite, l'extrême droite reprend que l'écologie en général est punitive, oui les gens n'ont pas envie de voter pour ça. Donc je pense que c'est un phénomène global sur l'Europe.
Mais est-ce qu'il y a aussi une réalité peut-être, puisque par exemple on voit, si on bascule sur les résultats locaux, les scores à Lyon et dans la métropole sont moins mauvais qu'au niveau national, mais ils sont aussi en recul par rapport à 2019 qui avait été une bonne élection pour vous les écologistes. Est-ce que ça ne veut pas dire aussi que vous êtes perçus comme cette écologie punitive et que votre action d'une certaine manière peut être sanctionnée au niveau local, sur où vous êtes aux manettes ?
Si on regarde les résultats locaux, sur la métropole globalement on gagne en fait deux ou trois points par rapport à il y a deux ans, on est autour de 44, quelque chose comme ça, 44%, donc on gagne deux points.
Je parle des écologistes, pas du bloc gauche...
Tout à fait, moi je parle du bloc gauche pour commencer mais après j'y viens. La question elle porte pas sur le bloc gauche mais sur vous les écologistes. C'est important quand même, le bloc gauche gagne sur la métropole, à Lyon le bloc gauche gagne huit points, c'est énorme.
Il a des niveaux quasiment historiques autour de 50%. Tout à fait, c'est assez énorme...
Ce qui veut dire que ce que propose l'exécutif en général sur la ville et la métropole de Lyon fonctionne et est bien perçu par les habitants, c'est quand même très positif, clairement c'est très positif. Effectivement les écologistes ont un peu reculé, néanmoins on n'est pas tant recul que ça. Sur Lyon ça se voit où il y a 18 pour Glucksmann, LPS, 17 pour Aubry et nous on est autour de 11. Ce n'est pas non plus catastrophique, donc c'est un rééquilibrage en tout cas pour cette élection. On peut voir que voilà 2019 c'était les écolos, 2020 c'était les écolos, 2021 la régionale c'était les écolos, 22 c'est les insoumis avec la présidentielle, 24 là c'est plutôt le PS qui est devant, les autres pas si loin derrière. Donc en fait il y a ce bloc avec ces trois composantes qui fonctionne bien et qui montre que justement quand on est au pouvoir ensemble ça fonctionne. En tout cas on montre à Lyon, à la métropole et dans les grandes villes que ce bloc avec ces quatre partis au pouvoir fonctionne et donc l'idée maintenant c'est de faire ça au niveau évidemment national.
Et du coup il y a ces élections législatives qui se profilent puisqu'il y a une dissolution, vous serez peut-être candidat puisque vous étiez candidat vous en 2022 notamment à Lyon. Est-ce que vous devez repartir sur ce périmètre ? Est-ce qu'il faut recréer la Nupes ? On avait entendu beaucoup notamment chez les écologistes ou chez les socialistes de gens dire que la Nupes avait vécu, qu'il fallait passer à autre chose, que c'était plus vraiment possible de travailler avec les insoumis. Est-ce que là vous repartez finalement à la case départ, à la Nupes ? Est-ce que vous pouvez faire sans cette union-là ?
Le seul besoin, la seule nécessité, la responsabilité c'est de gagner. Il faut que la gauche, les écologistes, on les appelle comme on veut, la Nupes ce qu'on veut, il faut gagner dans quatre semaines face à Macron, face à l'extrême droite. Il y a vraiment un danger clairement, je n'ai pas envie de revivre ce que je n'ai pas vécu mais qu'on a pu vivre en France il y a quelques décennies, un petit siècle. Donc il faut gagner quel que soit le périmètre. Évidemment le périmètre de il y a deux ans a fonctionné, a bien fonctionné. On doit l'agrandir encore plus avec la société civile qui je pense est partante. On va voir cette semaine comment ça va se passer mais il y a un besoin de lutter clairement contre l'extrême droite. Et puis rappelez, voilà, l'extrême droite il y a les belles paroles, il y a Bardela son beau costume, sa belle coupe de cheveux, mais il y a ce qu'ils font derrière. Il y a leurs belles paroles et leurs votes. Et ça c'est vu au niveau européen, ça se voit au niveau français où en fait ils votent contre les gens. Ils votent contre l'écologie, ils votent contre la démocratie. Donc là on va appeler nous. Déjà on va faire campagne sur le terrain tous les jours, au quotidien. Et on appelle tout le monde à vraiment regarder la réalité entre leurs discours et ce qu'ils font sur place. Et je vous invite aussi tous les journalistes, notamment quand vous les interpellez, à regarder ce qu'ils ont voté et ce qu'ils disent dans les médias. Voilà, il y a une obligation d'informer de notre côté, du côté de tout le monde et puis nous de faire campagne évidemment sur le terrain pour gagner. On n'a pas le choix.
La majorité présidentielle a annoncé qu'elle pourrait soutenir ou en tout cas ne pas investir un candidat face à des députés sortant de l'arc républicain, dont a priori vous feriez vous partie des écologistes, mais peut-être pas les insoumis. Est-ce que vous, vous pourriez accepter les écologistes, cette main tendue par Emmanuel Macron ?
Non, c'est impossible. Emmanuel Macron depuis 7 ans, on l'a vu, il a mis quasiment le Rassemblement national aux portes du pouvoir. On a bien vu les retraites. C'était un scandale. Il n'a absolument pas écouté la population, là, il repart sur l'assurance chômage. C'est peut-être revu du coup. On se souvient des appels au tout début. Le climat, tous les budgets climat, ils circulent. Donc non, c'est impossible de travailler avec Macron qui est un libéral capitaliste avec qui on ne peut pas travailler.