Hélène Briand est cofondatrice et co-dirigeante de la start-up lyonnaise Bon Vivant, spécialisée dans la production de protéines de lait. Elle était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" pour présenter ses solutions alternatives à la production de lait de vache.
Hélène Briand débute en présentant le concept de Bon Vivant, qui a levé 15 millions d'euros en automne 2023 : "le concept de Bon Vivant, c'est de produire des protéines de lait sans avoir recours aux animaux. L'objectif, c'est bien évidemment de rentrer dans la continuité de l'agriculture et d'apporter une solution complémentaire à l'élevage. Aujourd'hui, on fait face à une demande croissante des protéines pour l'alimentation, selon la FAO, on demande plus de 50% de protéines d'ici 2050 et avec, on voit en face une réduction de la production de protéines de lait. Donc Bon Vivant vient apporter une solution complémentaire et aussi durable, puisque notre procédé, notre technologie, permet de réduire de 96% les émissions de gaz à effet de serre, 50% l'énergie et 92% sur l'utilisation des terres."
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Sur le mécanisme, la cofondatrice explique : "L'objectif, c'est de produire la protéine de lait. Dans le lait, il y a les protéines, c'est l'élément le plus nutritif qui ressort du lait. Notre technologie est basée sur un principe qui est déjà existant, qui a été initié par les travaux de Louis Pasteur, et qui a été utilisé pour l'industrie pharmaceutique pour produire de l'insuline et d'autres ingrédients qui sont déjà dans notre alimentation, comme les extraits de vanille, par exemple. Donc nous, on transpose cette technologie de fermentation, un peu similaire à celle que vous connaissez avec de la bière, je ne sais pas si vous connaissez ce système : on utilise un micro-organisme qui a la capacité de transformer du sucre en protéine. Et ce qui se passe, c'est que nous, on utilise ce micro-organisme, on le met dans un tank de fermentation avec du sucre et de l'eau, il produit la protéine de lait, et nous, on vient collecter cette protéine de lait, et derrière, on va la commercialiser aux industriels de l'agroalimentaire."
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Le retranscription intégrale de l'émission avec Hélène Briand :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, alors que la COP 28 touche à son terme cette semaine, nous allons parler d'environnement et d'une solution d'une entreprise lyonnaise, une solution alimentation. Il s'agit de la start-up lyonnaise Bon Vivant qui a levé dernièrement 15 millions d'euros. Nous avons le plaisir de recevoir Hélène Briand, qui est cofondatrice et co-dirigeante de Bon Vivant. Merci d'être venue sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que vous pouvez nous expliquer le concept de Bon Vivant, qu'est-ce que vous faites, quelle est l'idée principale ?
Alors le concept de Bon Vivant, c'est de produire des protéines de lait sans avoir recours aux animaux. L'objectif, c'est bien évidemment de rentrer dans la continuité de l'agriculture et d'apporter une solution complémentaire à l'élevage. Aujourd'hui, on fait face à une demande croissante des protéines pour l'alimentation, selon la FAO, on demande plus de 50% de protéines d'ici 2050 et avec, on voit en face une réduction de la production de protéines de lait. Donc Bon Vivant vient apporter une solution complémentaire et aussi durable, puisque notre procédé, notre technologie, permet de réduire de 96% les émissions de gaz à effet de serre, 50% l'énergie et 92% sur l'utilisation des terres.
Voilà, donc des gros chiffres et c'est par rapport aux protéines laitières produites par les animaux, c'est ça ?
C'est ça, l'agriculture qu'on appelle conventionnelle.
D'accord. Est-ce que vous pouvez nous dire un peu aussi comment, quelle est l'histoire de Bon Vivant ? Comment est-ce que vous avez eu cette idée ?
Alors Bon Vivant est né en 2021. Cette idée, elle est venue de mon associé et de moi-même. Donc moi, j'ai toujours été dans le milieu agricole, alimentaire. J'ai travaillé dans plusieurs entreprises et aussi dans les protéines et j'ai réalisé qu'il fallait des solutions complémentaires, notamment pendant la période de Covid. Et donc avec mon associé, on a décidé de lancer Bon Vivant et surtout dans une région clé à Lyon, qui est le centre de biotech français, qui est aussi un écosystème très dynamique pour Bon Vivant pour s'implanter.
J'allais vous demander, c'est intéressant de s'installer à Lyon. Il y a une raison, c'est pas simplement un attrait pour la ville Lyonnaise, bien que ça se justifierait peut-être, mais oui, il y a un écosystème autour, on en parlait avant l'émission. C'est ça qui justifie l'emplacement. Comment ça s'est passé, ce lancement ? Vous êtes soutenu, vous êtes dans une structure particulière ?
Alors oui, on a été accompagné par ce qu'on appelle des incubateurs, donc par l’ISARA, donc c'est une école d'agriculture de Lyon et Pulsalys, qui est une SATT (Société d'Accélération du Transfert de Technologies ) qui met en relation des experts scientifiques et des jeunes entrepreneurs.
Une SATT pour le commun des mortels ?
C'est difficile à expliquer. En gros, c'est un organisme national qui permet de faire sortir des technologies des centres de recherche lyonnais et met en relation des entrepreneurs qui ont une idée avec des scientifiques du domaine de la recherche. Voilà, pour travailler ensemble.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça marche aussi ? Comment est-ce que vous créez, vous produisez cette protéine de lait ? Quelle est, comment est-ce que la magie opère pour justement ne pas recourir à une vache, tout simplement ?
L'objectif, c'est de produire la protéine de lait. Dans le lait, il y a les protéines, c'est l'élément le plus nutritif qui ressort du lait. Notre technologie est basée sur un principe qui est déjà existant, qui a été initié par les travaux de Louis Pasteur, et qui a été utilisé pour l'industrie pharmaceutique pour produire de l'insuline et autres ingrédients qui sont déjà dans notre alimentation, comme les extraits de vanille, par exemple. Donc nous, on transpose cette technologie de fermentation, un peu similaire à celle que vous connaissez avec de la bière, je ne sais pas si vous connaissez ce système, on utilise un micro-organisme qui a la capacité de transformer du sucre en protéine. Et ce qui se passe, c'est que nous, on utilise ce micro-organisme, on le met dans un tank de fermentation avec du sucre et de l'eau, il produit la protéine de lait, et nous, on vient collecter cette protéine de lait, et derrière, on va la commercialiser aux industriels de l'agroalimentaire.
Et j'allais vous demander dans quels produits ensuite, quels sont les produits finaux, quels sont les produits laitiers dans lesquels on peut retrouver, sans citer de marque ?
Sans citer de marque ? Alors l'intérêt de la protéine de lait, c'est qu'elle est très nutritive, mais elle a aussi une capacité de texturer les aliments. Vous connaissez les yaourts, par exemple, avec cette rondeur en bouche, et bien c'est la protéine de lait. Donc nous, la protéine de lait, ça va être un ingrédient essentiel pour les industriels, pour faire des yaourts, des fromages frais et des boissons lactées.
Et vos perspectives, à moyen et long terme, vous le disiez en introduction, la demande de laitière est toujours plus forte, et or la production est en berne. C'est un modèle qui pourrait se développer. Vous voyez comment dans les prochaines années ?
Alors, on a beaucoup d'ambition. On a beaucoup d'ambition, puisqu'on souhaite d'abord passer la phase industrielle l'année prochaine, et préparer la commercialisation pour 2025.
D'accord. Et donc derrière, ça veut dire, quel genre de développement ? Des nouveaux locaux ?
Des nouveaux locaux. Donc là, pour l'instant, on installe notre centre de développement à Lyon, avec 1000 mètres carrés. On est aujourd'hui une quinzaine de personnes. On va recruter 10 personnes cette année. Et ensuite, on va poursuivre notre développement industriel en France et à l'international.
Voilà, donc passer le cap de la start-up pour entrer dans la production pure. On a parlé aussi de votre levée de fonds en introduction. Comment ça s'est passé ? Qui vous soutient aussi dans cette levée ? Est-ce qu'on peut en parler ?
Oui, bien sûr. On est soutenu par des fonds d'investissement spécialisés dans le domaine de l'agroalimentaire et dans le domaine de la biotech, par des fonds français et portugais. Ces fonds d'investissement démontrent quand même l'intérêt de ces technologies, puisqu'ils sont spécialisés dans ce domaine. Donc, c'est Sofinnova, CapTech Santé et Sparkfood.