Steven Vasselin qui est adjoint à la Ville de Lyon, chargé de la petite enfance. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour présenter la conjoncture des crèches à Lyon.
Interrogé sur la rentrée des crèches en septembre, Steven Vasselin explique : "La rentrée s’est évidemment mieux passée qu'en fin d'année dernière. La rentrée est toujours le meilleur moment pour le recrutement parce qu'il y a eu la période estivale qui est propice au recrutement. C'est généralement par la suite que la situation se détériore parce que c'est beaucoup plus difficile de trouver des personnes pour remplacer toute une saison d'absentéisme en cours d'année. La rentrée s'est même mieux passée que l'année dernière si on compare très précisément. On était donc sur un peu plus de 300 berceaux gelés à la fin de l'année, or là on est en dessous de 200 berceaux gelés pour cette rentrée."
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Sur la question du recrutement : "On manque de diplômés qui sortent des écoles. C'est un fait : on ne pourra jamais résoudre une pénurie si vous n'avez pas assez de monde à la source qui vient évidemment remplir les postes qui sont aujourd'hui vacants. Il y en avait 10 000 qui étaient estimés au printemps 2022. Il y a une nouvelle enquête qui va être faite dans les prochains mois et il y a fort à parier qu'on est plus proche aujourd'hui des 15 000 postes vacants en France que les 10 000 d'il y a deux ans."
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L'adjoint à la petite enfance s'est aussi exprimé sur le souhait de l'exécutif municipal de repenser le système de financement des crèches : "Ce n’est pas une question de salaire. Pour le coup les salaires ne changent pas. C'est plus au niveau de la tarification de ce qui est reversé pour chaque crèche. C'est assez complexe, mais en gros ce montant dépend du taux de remplissage et du taux de facturation réel. Si vous n'avez pas facturé l'ensemble des créneaux que vous êtes censé remplir et vous avez une sorte de malus pour le financement de vos crèches. Evidemment, cela n'a pas d'impact sur les salaires. C'est vraiment deux sujets qui n'ont rien à voir. En revanche, cela a un impact sur le budget disponible pour faire fonctionner l'établissement, donc le fait que les équipes doivent quelque part assumer cette pression. Comme je le disais, il y a plus de professionnels qui quittent le métier et notamment à cause de cela."
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La retranscription de l'émission :
Bonjour à tous, bienvenue dans votre émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale, aujourd'hui on va parler des crèches et de la petite enfance avec Steven Vasselin qui est adjoint à la Ville de Lyon, chargé de la petite enfance. Bonjour Steven Vasselin. Merci d'être venu sur notre plateau, on va rentrer dans le vif du sujet. À Lyon la petite enfance c'est 5000 places dans le public, avec en tout 9800 enfants, ça c'est pour le côté panorama. Moi je vais vous poser une question sur votre rentrée : comment s’est-elle passée notamment du point de vue du recrutement ? On avait échangé en juin dernier, il manquait 300 places de professionnelles dans les crèches lyonnaises. Comment s'est passée la rentrée de septembre maintenant qu'on a un petit peu de recul ?
La rentrée s’est évidemment mieux passée qu'en fin d'année dernière. La rentrée est toujours le meilleur moment pour le recrutement parce qu'il y a eu la période estivale qui est propice au recrutement. C'est généralement par la suite que la situation se détériore parce que c'est beaucoup plus difficile de trouver des personnes pour remplacer toute une saison d'absentéisme en cours d'année. La rentrée s'est même mieux passée que l'année dernière si on compare très précisément. On était donc sur un peu plus de 300 berceaux gelés à la fin de l'année, or là on est en dessous de 200 berceaux gelés pour cette rentrée.
D'accord. En septembre aussi vous avez plaidé au sénat avec cinq autres grandes villes dont Paris et Marseille. refonte du système de financement, on va pas rentrer dans le détail de ce système qui est très technique et complexe à souhait, mais est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi quand même dans les grandes lignes c'est important selon vous de revoir ce système de financement de la petite enfance aujourd'hui ?
Ce que l’on constate c'est qu’il y a chaque année plus de professionnels en poste qui quittent le métier, partout en France, qu'il y en a qui rentrent. C'est vraiment symptomatique d’un système qui use les professionnels. C'est le système de financement qui en est la cause parce qu'on est très proche de ce qu’il se passe avec l'hôpital, avec ce système à l'acte. Sur la petite enfance : une tarification horaire vient déterminer les financements des crèches et vient faire reposer une pression sur les équipes, sur le fait de remplir, boucher les trous quand il y en a. En conséquence, cette pression vient faire que le sens profond de ces métiers s'étiole à cause de ce système oppressant au niveau financier.
On rentre un peu dans le détail finalement mais l'idée pour vous ce serait de lisser, de ne pas avoir des salaires fixes par exemple, où il n'y a pas la notion de variabilité sur les heures par exemple ?
Ce n’est pas une question de salaire. Pour le coup les salaires ne changent pas. C'est plus au niveau de la tarification de ce qui est reversé pour chaque crèche. C'est assez complexe, vous ne vouliez pas qu'on soit trop technique, mais en gros ce montant dépend du taux de remplissage et du taux de facturation réel. Si vous n'avez pas facturé l'ensemble des créneaux que vous êtes censé remplir et vous avez une sorte de malus pour le financement de vos crèches. Evidemment, cela n'a pas d'impact sur les salaires. C'est vraiment deux sujets qui n'ont rien à voir. En revanche, cela a un impact sur le budget disponible pour faire fonctionner l'établissement, donc le fait que les équipes doivent quelque part assumer cette pression. Comme je le disais, il y a plus de professionnels qui quittent le métier et notamment à cause de cela.
Oui parce que la question du recrutement est au cœur des préoccupations, même je crois qu'à Lyon 1 une crèche associative est en train de fermer, donc même à Lyon il y a des fermetures de crèches malheureusement malgré les tensions, parce qu'il y a beaucoup de demandes. Comment est-ce que vous percevez cette fermeture mais aussi les problèmes qui ne concernent pas seulement les crèches municipales, c'est associatif aussi, privé d'autres mesures, d'une autre dimension. Comment est-ce que vous le percevez vous ce problème de fond ?
C'est vraiment une problématique nationale. Nous avons eu une enquête qui a été faite au niveau national par la CNAF, la Caisse nationale d'allocations familiales, il y a deux ans. Ils ont établi qu'il y manquait environ 10 000 professionnels sur l'ensemble de la France. Evidemment Lyon n'est pas épargné. Face à ce chiffre là, le constat c'est qu'il faut à minima 10 000 professionnels formés qui sortent des écoles en plus de ceux qui sortent déjà chaque année.
Il y a un problème déjà dans les formations ?
On manque de diplômés qui sortent des écoles. C'est un fait : on ne pourra jamais résoudre une pénurie si vous n'avez pas assez de monde à la source qui vient évidemment remplir les postes qui sont aujourd'hui vacants. Il y en avait 10 000 qui étaient estimés au printemps 2022. Il y a une nouvelle enquête qui va être faite dans les prochains mois et il y a fort à parier qu'on est plus proche aujourd'hui des 15 000 postes vacants en France que les 10 000 d'il y a deux ans.
Donc quoi ? La balle est du côté de l'État aujourd'hui ? C'est à l'État de créer une politique de la petite enfance qui soit la hauteur des besoins c'est ça ?
La petite enfance, c'est une gestion qui est en différentes strates comme beaucoup de politiques publiques. Nous, au niveau de la ville, on a une marge de manœuvre notamment sur les salaires de nos professionnels, donc on les a revalorisées. On a une marge de manœuvre sur les projets donc on fait en sorte de rendre vraiment très attractif les projets pédagogiques que l’on mène notamment sur la pédagogie de plein air, le fait de végétaliser les cours et ça ce sont des choses qui aident à l'attractivité. Après il y a la question de la formation, du nombre de professionnels qui sortent des écoles. C'est vraiment une compétence régionale donc c'est à la Région de mettre les crédits nécessaires pour permettre d'ouvrir des places d'éducateurs de jeunes enfants, d'auxiliaires de puériculture en plus. Et après il y a évidemment la question du budget au niveau national et donc une politique de l'État. C'est là que ça rejoint le début de notre conversation sur cette problématique de financement. Aujourd'hui la petite enfance n’'est pas une politique prioritaire au niveau national. Le budget de la petite enfance est voté dans la loi de la sécurité sociale, le financement de la sécurité sociale. Il n'est même pas voté comme le budget de l'Education qui est évidemment débattu à l'Assemblée, qui fait l'objet d'une politique de plein droit au niveau national. Si l'État ne se dit pas qu'à un moment donné, la petite enfance doit aussi être une priorité nationale parce que c'est entre zéro et trois ans que tout se passe pour le devenir de l'individu, que c'est vraiment les trois années les plus charnières et donc si on n'investit pas réellement dessus, si on ne fait pas en sorte de donner les moyens d'une politique de qualité et évidemment une politique publique, et bien on n'arrivera pas à résoudre les besoins pour les familles d'avoir des places en crèche, ni évidemment le problème de la pénurie pour les professionnels.
Très bien, ce sera mot de la fin, c'est déjà la fin des 6 minutes chrono, c'est toujours trop court, merci en tout cas d'être venu sur notre plateau pour nous expliquer les principaux enjeux et de la conjoncture sur la petite enfance à Lyon. Quant à vous, merci d'avoir suivi cette émission, vous pouvez retrouver plus de détails sur les sujets d'éducation et aussi sur les sujets des crêches sur le site lyoncapitale.fr, nous avons fait de nombreux articles là-dessus, bonne journée à vous.