Renaud Payre est le vice-président de la métropole de Lyon en charge du logement.
Renaud Payre est le vice-président de la métropole de Lyon en charge du logement.

Crise de l'immobilier : la Métropole dégaine un plan d'urgence pour sauver le logement (vidéo)

Renaud Payre est le vice-président de la métropole de Lyon en charge du logement. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour présenter son plan d'urgence pour créer du logement neuf.

Renaud Payre débute en alertant sur l'impasse dans laquelle se trouvent les promoteurs à cause de la hausse des taux. Pour l'élu, le risque est que, faute de logement neuf, les habitants du Grand Lyon ne puissent plus se loger, et que la production de logements sociaux - dépendante du secteur de la construction - soit elle aussi pénalisée. Selon lui, "on estime qu'une opération de construction sur cinq est bloquée", sur le territoire de la métropole.

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Une alerte qui repose un constat : "aujourd'hui la crise repose sur les prix et sur l'incapacité des grands lyonnais et des grandes lyonnaises d'emprunter effectivement pour pouvoir acheter. Ça veut dire qu'on a des promoteurs qui font l'essentiel quand même de la production, des promoteurs qui ont acheté un terrain très cher, qui ont aujourd'hui des coûts de construction qui ont augmenté plus 40% depuis qu'on est arrivé en 2020 et qui ne peuvent plus se rattraper sur le prix de sortie. Pourquoi ? Parce que les taux d'intérêt ont augmenté et les prix sont trop élevés. Et donc qu'est-ce qui se passe ? Et bien la grue ne vient pas."

Des bailleurs sociaux à la rescousse des opérations plantées

Par la voix de Renaud Payre, la Métropole de Lyon propose ainsi une aide de 10 millions d'euros pour aider les bailleurs sociaux à se porter acquéreurs sur la part de marché libre des opérations des promoteurs qui ne parviennent pas à commercialiser leur logement. Selon l'exécutif métropolitain, ce sont au total 2000 à 3000 logements qui ne sortiraient pas de terre si rien n'est fait. Pour rappel, la Fédération des promoteurs immobiliers parle d'un besoin de 8000 logements chaque année dans le Grand Lyon. Or, les réservations de logements neufs sont en baisse de -50% cette année, alors que 2022 avait déjà été une mauvaise année.

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50% des logements sociaux liées à la promotion

Renaud Payre pointe aussi que plus de la moitié des logements sociaux sont liés aux opérations des promoteurs. Une baisse de la construction impacterait donc aussi les ménages les plus précaires. En aidant les bailleurs sociaux à se porter acquéreurs, la Métropole estime ainsi pouvoir créer 600 à 900 logements sociaux supplémentaires. Cependant, pour trouver un équilibre financier dans les opérations, ces logements sociaux seront à destination de la classe moyenne, avec un plafond de revenu plus élevé relativement au reste des catégories de logements sociaux.

Plus de détails dans la vidéo avec Renaud Payre.

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La retranscription complète de l'entretien avec Renaud Payre :

Bonjour à tous, bienvenue dans votre émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capital. Aujourd'hui on va parler de la crise de l'immobilier, la crise du logement. Face à cette crise, la métropole de Lyon dégaine un plan d'urgence. En deux mots :  les bailleurs sociaux vont pouvoir acheter davantage de logements sur des opérations de construction qui sont à la peine, qui peinent à commercialiser leurs logements. Le contexte est celui de la hausse des taux, l'argent coûte plus cher. Pour en parler, nous recevons Renaud Payre qui est le vice-président de la métropole de Lyon en charge du logement. Bonjour Renaud Payre. Merci d'être venu sur notre plateau, on va rentrer dans le vif du sujet. Pourquoi une telle mesure ? Vous avez cédé aux sirènes des promoteurs, pourquoi c'était important d'aller à leur aide ?  


Le logement est un des axes très forts de notre mandat et nous voulons tout faire pour que les grands lyonnais et les grands lyonnais se trouvent à un logement, puissent se loger, puissent poursuivre leurs projets, à l'arrivée d'un enfant, d'avoir une pièce supplémentaire, or aujourd'hui la machine est enrayée. La machine s'est enrayée au fil des mois et notamment parce qu’'il n'y a pas de politique gouvernementale en matière de logement, mais surtout on a bien vu que dans un premier temps, dans le premier temps du mandat, on disait que finalement on n'arrivait pas à construire parce qu'il n'y avait pas assez de permis, que les maires ne délivraient pas des permis de construire. C'est pour ça que j'ai mis en place moi une cellule avec les promoteurs tous les trois mois, on fait un point et on essaye d'étudier là où ça bloque et je prends mon téléphone, j'essaye de convaincre, je convainc même bien souvent les maires de délivrer des permis, mais aujourd'hui la crise n'est plus la même. Ce n'est pas qu'une question de permis de construire. Aujourd'hui la crise repose sur les prix et sur l'incapacité des grands lyonnais et des grandes lyonnaises d'emprunter effectivement, vous l'avez dit, pour pouvoir acheter. Et ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on a des promoteurs qui font l'essentiel quand même de la production, des promoteurs qui ont acheté un terrain très cher, qui ont aujourd'hui des coûts de construction qui ont augmenté plus 40% depuis qu'on est arrivé en 2020 et qui ne peuvent plus se rattraper sur le prix de sortie. Pourquoi ? Parce que les taux d'intérêt ont augmenté et les prix sont trop élevés. Et donc qu'est-ce qui se passe ? Et bien la grue ne vient pas. Ça veut dire que si nous n'agissons pas, il n'y aura pas de chantier. On estime à une opération sur cinq qui est dans cette situation là avec une vraie alerte, des promoteurs, et toute une filière qui nous dit, et bien on va abandonner certaines opérations.  


Et donc derrière c'est moins de logements pour les lyonnais et moins de logements sociaux parce que, rappelons-le, c'est la moitié des logements sociaux aujourd'hui qui est produite par des promoteurs. 

Plus de la moitié. Plus de la moitié sont liés justement à la promotion. C'est comme ça. C'est le modèle depuis une quinzaine, vingtaine d'années. Donc qu'est-ce qui se passe ? C'est deux à trois mille logements qui sont menacés. C'est ça la situation. C'est pour ça qu'on a voulu, côté métropole, dégager, dégainer, comme vous l'avez dit, un plan d'urgence. C'est-à -dire très clairement, nous, on a besoin de logements sociaux. Pas pour un quelconque attachement à quoi que ce soit. Le logement social, c'est 75% de la population qui est éligible. C'est monsieur et madame tout le monde. C'est la grande très grande majorité, les deux tiers des grands lyonnais et des grandes lyonnaises. C'est à eux que je pense avant tout. Et donc pour équilibrer ces opérations, on fait plus de logements sociaux, on subventionne notamment les bailleurs sociaux pour qu'ils puissent se porter acquéreurs de ces opérations plantées. C'est à dire que très clairement, sans ce plan là, ce sont deux à trois mille logements qui sont menacés. Mais par ce plan, ce sont six cents à neuf cents logements sociaux qu'on va pouvoir faire en plus. 

Alors justement, sur les bailleurs sociaux, ça fait plusieurs années que vous nous alertez sur leur situation financière aussi, notamment avec des réformes du gouvernement. Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction en allant leur donner des objectifs supplémentaires ? Parce que certes, il y a une enveloppe de la métropole qui est posée, mais aussi vous leur demandez d'aller puiser dans leurs fonds propres pour mener à bien ces opérations. Ça va pas être trop dur pour les bailleurs sociaux d'arrière ? 

Evidemment, et vous avez tout à fait raison de le dire, depuis six ans, depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, les bailleurs sociaux sont ponctionnés. Notamment, lorsqu'il a voulu leur faire compenser la baisse des APL. C'est bien cela qui a été totalement contre productif. Au moment où la construction se ralentissait, le président de la République les a finalement ponctionnés alors qu'on sait que le logement social est contracyclique, c'est-à-dire qu'il permet de relancer la machine. Mais vous avez raison de pointer la situation des bailleurs sociaux. Je peux vous le dire, nous avons travaillé ensemble sur ce plan. Et dix millions, ça n'est pas n'importe quoi. C'est un plan d'urgence très conséquent que nous déployons. Et le président de la métropole l'a dit, si au cours de l'année 2024, on sent que ça n'est pas assez, et bien on reverra la copie à la hausse. Mais aujourd'hui, nous subventionnons tous les bailleurs sociaux. J'ai une pensée particulière pour les offices métropolitains, Grand-Lieu Habitat, Lyon Métropole Habitat et Est Métropole Habitat, qui sont les acteurs privilégiés de la politique de l'habitat. Mais ce seront tous les bailleurs sociaux qui seront concernés et qui pourront ainsi se porter acquéreurs de ces biens qui ne partent pas. Et si ces biens ne sont pas commercialisés, ces logements libres, alors ce sont deux à trois mille logements qui disparaissent de la métropole, qui ne sortiront jamais de terre. C'est bien cela la position. Et à travers les logements, c'est bien souvent aussi un soutien aux acteurs économiques. Et je pense surtout aux emplois. Vous savez qu'un logement construit, c'est 2,4 emplois dans la filière du BTP. Donc, nous ne pouvons pas prendre le risque de l'effondrement. 

Et ça rentre aussi, j'imagine, dans vos objectifs. Voilà, on vous embête souvent là-dessus. Est-ce que ça va aussi permettre de répondre aux objectifs que vous êtes mis en début de mandat ? Voilà, c'était 6 000 logements par an à la fin du mandat. 

Les objectifs que je me suis donné au début du mandat, ceux qui ont fait l'objet d'un accord au sein de notre majorité, étaient là, bien sûr, pour défendre le logement. Aujourd'hui, ils sont difficiles à atteindre. Mais je ne baisse pas les bras. Je me bats au quotidien pour trouver des solutions. Quand c'était les permis de construire, c'est la cellule de crise qui a été mise en place. Et là, on a réfléchi à la surélévation. Aujourd'hui, c'est un plan d'urgence. Plus nous construirons de logements, et notamment de logements sociaux et de logements abordables, mieux ce sera pour les grands lyonnais et les grandes lyonnaises. Et c'est ça, c'est ça véritablement ma feuille de route. 

Merci Renaud Payre, ce sera le mot de la fin. C'est déjà 6 minutes. Vous l'aurez compris, voilà, les bailleurs sociaux vont pouvoir aller sur la part de marchés libres dans les opérations qui sont à la peine. Merci d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur l'immobilier sur lyoncapitale.fr. À très bientôt.  

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