David Kimelfeld : "c'est plus un reniement qu'un remaniement"

David Kimelfeld, conseiller métropolitain et conseiller municipal à Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono.

Marcheur de la première heure en 2017, David Kimelfeld, conseiller métropolitain et municipal à Lyon, prend chaque jour un peu plus ses distances avec Renaissance. "C'est plus un reniement qu'un remaniement. C'est peut-être, certains l'ont déjà dit avant moi, le dernier clou au cercueil du macronisme de 2017, celui en lequel j'ai cru moi, qui était le dépassement, qui était le en même temps. Et puis sans doute aussi au macronisme de 2022, parce qu'en 2022 c'est un second tour contre Marine Le Pen et la promesse qui est faite c'est d'abord et avant tout de tenir compte de ces électeurs, de ces électrices qui ont voté d'abord et avant tout contre Marine Le Pen. La réforme des retraites a été un premier signe, mais elle n'allait pas toucher en tout cas mes fondamentaux et puis la loi immigration qui là touche mes valeurs, mes fondamentaux. Et puis bien sûr ce gouvernement qui est un gouvernement, je ne suis pas le seul à le dire, y compris au sein même d'un certain nombre de parlementaires de renaissance, qui est un gouvernement de droite avec Madame Vautrin, Madame Dati, qui montre dans quelle direction aujourd'hui se tourne Emmanuel Macron et je le regrette et je ne le soutiens pas", explique David Kimelfeld, vice-président de la Fédération des progressistes, un parti qui gravitait autour de la majorité présidentielle en 2022.

L'ancien président de la Métropole de Lyon évoque aussi les suites que pourraient avoir ces enjeux de politique nationale sur les groupes lyonnais où il siège : "Maintenant, dans ce nouveau contexte politique, il s'agit effectivement entre nous de discuter et de prendre sans doute peut-être des décisions qui s'imposent dans le fonctionnement de notre groupe et dans l'aventure locale que nous avions commencé ensemble".

La retranscription intégrale de l'entretien avec David Kimelfeld

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons David Kimelfeld. Vous êtes conseiller municipal à Lyon, conseiller métropolitain, on va dire centriste, centre-gauche, vous appartenez à un parti, un micro parti qui s'appelle la fédération des progressistes. Vous avez été un marcheur de la première heure, vous aviez soutenu Emmanuel Macron en 2017, en 2022 aussi. Quand vous voyez le dernier remaniement, est-ce que vous reconnaissez encore dans cette grande famille macroniste à laquelle vous avez appartenu ?

Non, malheureusement non, je crois que ce remaniement c'est plus un reniement qu'un remaniement. C'est peut-être, certains l'ont déjà dit avant moi, le dernier clou au cercueil du macronisme de 2017, celui en lequel j'ai cru moi, qui était le dépassement, qui était le en même temps. Et puis sans doute aussi au macronisme de 2022, parce qu'en 2022 c'est un second tour contre Marine Le Pen et la promesse qui est faite c'est d'abord et avant tout de tenir compte de ces électeurs, de ces électrices qui ont voté d'abord et avant tout contre Marine Le Pen. La réforme des retraites a été un premier signe, mais elle n'allait pas toucher en tout cas mes fondamentaux et puis la loi immigration qui là touche mes valeurs, mes fondamentaux. Et puis bien sûr ce gouvernement qui est un gouvernement, je ne suis pas le seul à le dire, y compris au sein même d'un certain nombre de parlementaires de renaissance, qui est un gouvernement de droite avec Madame Vautrin, Madame Dati, qui montre dans quelle direction aujourd'hui se tourne Emmanuel Macron et je le regrette et je ne le soutiens pas.


Mais est-ce que le macronisme a un jour été vraiment de gauche ? Est-ce qu'il y a eu ce en même temps ?

Oui, moi j'ai cru en tout cas. Mais est-ce qu'il y a été ? Oui, je pense qu'il y a un certain nombre de mesures au début du premier quinquennat qui ont été prises et qui m'ont laissé penser en tout cas que l'on pouvait faire en sorte notamment sur l'économie, d'avoir une politique qui ne soit pas une politique telle qu'elle pouvait être caricaturée à gauche et on pouvait avoir sur un certain nombre d'autres sujets une politique qui allait dans le bon sens. Mais aujourd'hui, forcée de constater, c'est qu'on est dans une politique et un gouvernement qui s'affiche très clairement à droite, qui est revendiqué comme tel avec la présence d'un certain nombre de ministres qui, au-delà d'être de droite, sont d'une droite dure. Je ne rappellerai pas le curriculum vitae de Madame Vautrin ni de Madame Dati.


Ça change quoi pour vous dans votre carrière, dans votre parcours politique, le fait de tourner définitivement cette page ? Vous ne solliciterez plus jamais une investiture En Marche ?

D'abord, je crois qu'il faut savoir à un moment donné faire en sorte que vos valeurs et vos convictions prennent le pas sur votre ambition. Je crois que c'est le cas aujourd'hui. Je crois que c'est important de pouvoir être dans cette démarche-là. Et puis ensuite, ma foi, bien sûr, ça aura sans doute des incidences locales. Mais ça, c'est une discussion que nous aurons au sein de nos groupes, en particulier à la métropole.

Vous le présidez à un groupe ? Vous siégez par exemple avec le député Thomas Rudigoz. Bien sûr, bien sûr. Vous avez aussi à la ville de Lyon, vous travaillez avec Anne Brugnera, députée En Marche. Alors, elle qui n'a pas voté la loi immigration contrairement à Thomas Rudigoz. Est-ce que vous pouvez continuer d'avoir une aventure, un chemin commun ?


Écoutez, c'est une discussion que nous allons avoir, que nous avons. Et vous me permettrez peut-être de mener cette discussion d'abord entre nous, avant de la mener sur un plateau aussi prestigieux. Je crois que nous avons dit un certain nombre de choses de manière très claire. Anne Brugnera a eu le courage de ne pas la voter. Maintenant, dans ce nouveau contexte politique, il s'agit effectivement entre nous de discuter et de prendre sans doute peut-être des décisions qui s'imposent dans le fonctionnement de notre groupe et dans l'aventure locale que nous avions commencé ensemble.

Est-ce que vous ne voulez plus rien partager avec Renaissance ?

Non, la question qui est posée aujourd'hui, c'est quelles sont les alliances demain localement qui sont envisagées. On voit bien que l'opération Madame Dati au gouvernement laisse présager une union à Paris. En tout cas, c'est ce qu'en disent les commentateurs.

Et à Lyon ?

Et bien à Lyon, la question est posée. C'est une question que je pose parce que, bien évidemment, pour ce qui me concerne à titre personnel, là, je ne suis le porte-voix de personne, si ce n'est de mon propre avis. Il n'y aura jamais, en tout cas pour moi, d'alliances avec les Républicains.

En 2020, il y avait eu une alliance entre la République en Marche et les Républicains.

Enfin, ce n'était pas une alliance portée par nos listes, je rappelle.
C'était une alliance qui a montré d'ailleurs la limite de l'exercice, en l'occurrence par les résultats électoraux qu'ils ont obtenus. Il faut rajouter aussi qu'effectivement, ici, dans le contexte local, pas pour aggraver les choses, mais clairement, ce sont des Républicains avec Laurent Wauquiez derrière eux, ce qui rajoute aussi, je pense, à la dureté de cette droite ici, localement.


Mais alors, vous, ça vous flèche quel périmètre d'alliances, à terme ?

D'abord à l'échelle nationale, je crois que c'est peut-être l'occasion pour la gauche de gouvernement, la gauche social-démocrate, de tenter du rapprochement.

Mais il n'y a plus d'espace politique pour un social-démocrate aujourd'hui.

Il y a d'abord des convictions, il y a d'abord des valeurs, et c'est à ça qu'on doit travailler, en tout cas si on est persuadé de ses propres convictions.


Et après, localement, parce que vous ne reconnaissez pas dans une alliance avec la droite, voire pas avec Renaissance, vous êtes souvent assez critique envers les écologistes ?

Oui, je crois que je n'ai pas changé ma façon de penser. Il y a un certain nombre d'éléments sur lesquels je suis critique, avec Europe Ecologie Les Verts, en particulier avec les exécutifs Verts, qu'ils soient à la métropole ou à la ville de Lyon. Pour autant, sur un certain nombre de questions nationales, ils n'empêchent de se retrouver. Et je crois que sur la loi immigration, on a montré qu'effectivement on était du même avis, ce qui n'obère en rien le désaccord que nous avons localement. Ce qui est bien sûr une situation compliquée, mais il faut l'affronter tel quel. Car encore une fois, pour moi, les convictions et les fondamentaux sont très importants. Et là, on vient de toucher aux convictions et aux fondamentaux à travers la loi immigration, et sans doute ce qui s'annonce dans ce gouvernement.

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