Pascal Blanchard est vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la santé et de la solidarité, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.
Pascal Blanchard est vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la santé et de la solidarité, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.

Emploi : "Les métiers du soin sont mal payés" (vidéo)

Pascal Blanchard est vice-président de la Métropole de Lyon en charge de la santé et de la solidarité, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour parler des métiers du soin en tension.

Pascal Blanchard débute en présentant la troisième édition de "Objectif Inclusion Emploi" qui se tient à Lyon le jeudi 8 juin : "C'est un événement qui a pour vocation de mettre en contact la totalité des acteurs qui gravitent autour de cette problématique de l'emploi, du recrutement et de la fidélisation, et puis en parallèle mettre en lumière la difficulté à trouver des candidats à ce type de métier. Une difficulté qui vient gripper toutes les politiques de solidarité à destination du grand âge et du handicap."

Aide-soignante, auxiliaire de vie, cuisinier, éducateurs...

Le vice-président de la Métropole de Lyon poursuit en détaillant l'ampleur du défi de l'emploi sur ces métiers où le recrutement est difficile : "Cela concerne tant les établissements que l'on appelle les EHPAD, ou les structures qui accueillent des personnes en situation de handicap, que le soin à domicile. Aujourd'hui, on a besoin d'aide-soignantes, d'auxiliaires de vie, mais également de moniteur-éducateurs et même de cuisiniers, de techniciens voire même de personnels administratifs. On ne peut faire l'impasse sur aucune de ces professions."

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Une difficulté profonde et ancienne

Il continue en donnant les raisons de ces difficultés : "Pour avoir échangé avec de nombreux interlocuteurs - des sociologues, des philosophes, des personnes qui ont vraiment scruté la situation - pendant longtemps, j'étais convaincu que l'on était confronté à quelque chose qui était conjoncturelle, notamment le poste covid et l'impact de du télétravail. Mais force est de constater qu'aujourd'hui, on est confronté à quelque chose qui est structurel. C'est-à-dire que le paradigme de la relation au travail est en train de changer. Tous les secteurs d'activité sont touchés. Le problème du secteur du "prendre soin du médico-social", c'est que l'on travaille avec de l'humain, et avec de l'humain fragile. Sans ces personnes engagées, ce personnel qualifié et compétent, je crains que nos dispositifs puissent être mis à mal, voire ne plus répondre aux missions qui nous ont été confiées."

Les oubliés de la crise sanitaire

Pascal Blanchard aborde la question des salaires : "Il y a plusieurs leviers sur lesquels il faut que l'on s'appuie. Il y a, bien sûr, leur valorisation salariale. Ce sont des métiers qui sont mal payés, seulement autour du Smic. Ce sont des métiers qui sont très peu reconnus. J'ai encore en tête, en mars 2020, lorsque tout le monde applaudissait le personnel des hôpitaux, on a oublié ces professions parallèles du médico-social alors qu'elles aussi, tous les matins, elles assument leur mission, elles étaient fidèles au poste. On ne les a jamais reconnues, jamais citées. Il arrive un moment où on ne pouvait pas se contenter de faire le pari des vocations, comme on le fait depuis trois décennies. Il arrive un moment où la vocation cède et on voit cet exode du médico-social dans un vers le sanitaire, probablement dû à un effet délétère de la prime Ségure, qui a concerné d'abord le sanitaire. Une fois de plus, les personnels du médico-social ont été les grands oubliés, les invisibles."

Plus de sens

Il décrit un autre outil pour mobiliser davantage de travailleurs dans ce secteur en tension : "Le deuxième levier, c'est donner du sens à leur métier. Il va falloir apprendre à parler aux jeunes populations, parce que je pense pas que l'on s'engage aujourd'hui, quand on a 25 ou 30 ans, dans un métier comme celui-là comme pouvaient le faire des personnes 20 ans plus âgées. Il y a aussi la qualité de vie au travail. C'est fondamental. Il est important d'avoir plaisir, que son métier ait du sens."

En 2030, un Français sur quatre aura plus de 65 ans

Il conclut en pointant les perspectives à venir : "En 2030, un Français sur quatre aura plus de 65 ans, donc avec une vague démographique importante. 2030 c'est demain. On n'a pas suffisamment anticipé et on va vers quelque chose d'extrêmement difficile. Ce qui va être le plus dommageable, c'est que ceux qui en supporteront les pires conséquences ce sont les résidents d'établissement, les personnes que l'on souhaite pouvoir accompagner à domicile, les personnes fragiles. Ce sont les personnes fragiles qui paient la note au final."

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