Hélène Duvivier-Dromain, vice-présidente de la Métropole de Lyon et élue d'opposition à Francheville, est l'invitée de 6 minutes chrono.
Les semaines passent mais la situation reste bloquée à Francheville. Le maire LR de la commune, Michel Rantonnet, a été mis en minorité par une partie de son équipe. "Ce qui se passe est assez invraisemblable, on peut dire que les Franchevillois sont pris en otage d'une querelle de personnes. Effectivement il y a 17 conseillers d'opposition dont 8 des 9 adjoints qui ont décidé de créer un autre groupe et qui bloquent le conseil en exigeant la démission du maire. Seulement on ne peut pas exiger la démission d'un maire, le maire ne démissionne que s'il a envie de démissionner, ça n'a pas l'air d'être le cas et donc depuis le mois de décembre il ne se passe plus rien, plus aucune décision n'est prise. Les agents je pense que sont très perturbés par cette situation, ils n'ont pas eu droit à leur prime de Noël cette année parce qu'elle n'a pas été votée. Et on ne peut qu'espérer nous en tant qu'élus responsables que la situation ne perdure pas et que Francheville retrouve un fonctionnement normal dans son conseil municipal", déplore Hélène Duvivier-Dromain.
L'élue d'opposition estime que le problème à Francheville n'est pas nouveau et s'amuse de l'évolution des colistiers de Michel Rantonnet : "ils ont clairement dit qu'ils étaient sur le même programme, qu'ils voulaient appliquer le même programme mais ils avaient un problème de façon de travailler, de façon de fonctionner. Ils considèrent que le maire ne sait pas travailler collectivement, qu'il est autocrate ou qu'il fonctionne de manière autocrate. Chose qui est avérée, on le sait, ça fait dix ans qu'il est là. Nous on est dans l'opposition, ça fait dix ans qu'on le dénonce. Pareil de leur part c'est une découverte mais il a toujours fonctionné de cette façon. Et quand ils sont partis avec lui en 2020, il savait très bien qu'il fonctionnait de manière binaire. Il est sur un fonctionnement de rapport de force, ça peut aussi être intéressant. Les Franchevillois l'ont élu sachant cela".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Hélène Duvivier-Dromain
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Hélène Duvivier-Dromain. Vous êtes vice-présidente de la métropole en charge des relations internationales et du tourisme, mais vous êtes aussi élue d'opposition à Francheville et c'est plutôt avec cette casquette qu'on vous a invité aujourd'hui pour revenir sur ce qui se passe d'invraisemblable dans cette commune où le maire Michel Rantonnet a été mis en minorité par les élus de sa majorité. Il reste maire mais les dossiers ne peuvent quasiment plus le passer. Comment est-ce qu'on en est arrivé à cette situation de blocage dans cette commune ?
Alors effectivement ce qui se passe est assez invraisemblable, on peut dire que les Franchevillois sont pris en otage d'une querelle de personnes. Effectivement il y a 17 conseillers d'opposition dont 8 des 9 adjoints qui ont décidé de créer un autre groupe et qui bloquent le conseil en exigeant la démission du maire. Seulement on ne peut pas exiger la démission d'un maire, le maire ne démissionne que s'il a envie de démissionner, ça n'a pas l'air d'être le cas et donc depuis le mois de décembre il ne se passe plus rien, plus aucune décision n'est prise. Les agents je pense que sont très perturbés par cette situation, ils n'ont pas eu droit à leur prime de Noël cette année parce qu'elle n'a pas été votée. Et on ne peut qu'espérer nous en tant qu'élus responsables que la situation ne perdure pas et que Francheville retrouve un fonctionnement normal dans son conseil municipal.
Le début d'année dans une collectivité est toujours marqué par des temps forts qui sont souvent des temps forts budgétaires, s'il n'y a pas de budget voté il se passe quoi concrètement ?
C'est le préfet qui prend la main sur le budget et qui gère je pense les affaires courantes parce qu'évidemment il ne prendra pas des décisions importantes. Donc bon il faut tout faire pour éviter d'en arriver là bien sûr.
Mais juridiquement, légalement ça pourrait continuer comme ça jusqu'en 2026 ?
Ça me paraît impossible. Il pourrait y avoir une tutelle sur le budget et garder ce conseil qui serait artificiel jusqu'en 2026. Oui je pense que c'est possible mais personne ne veut aller jusque là, y compris les frondeurs qui à ce moment-là je l'imagine prendront leur responsabilité et démissionneront. S'ils démissionnent il y a une nouvelle élection.
Vous expliquez au début de l'émission, c'est un problème de personne. Il n'y a rien de politique derrière tout ça ? Parce que les frondeurs, pour reprendre votre expression, expliquent qu'ils ne sont pas d'accord sur les grandes orientations budgétaires, notamment sur le plan d'investissement. Pour vous il n'y a pas de dimension politique à cette brouille là, on est que sur des conflits humains ?
C'est ce que j'ai compris, ils ont clairement dit qu'ils étaient sur le même programme, qu'ils voulaient appliquer le même programme. Mais ils avaient un problème de façon de travailler, de façon de fonctionner. Ils considèrent que le maire ne sait pas travailler collectivement, qu'il est autocrate ou qu'il fonctionne de manière autocrate. Chose qui est avérée, on le sait, ça fait dix ans qu'il est là. Nous on est dans l'opposition, ça fait dix ans qu'on le dénonce. Pareil de leur part c'est une découverte mais il a toujours fonctionné de cette façon. Et quand ils sont partis avec lui en 2020, il savait très bien qu'il fonctionnait de manière binaire. Il est sur un fonctionnement de rapport de force, ça peut aussi être intéressant. Les Franchevillois l'ont élue sachant cela.
Vous à la limite vous refusez de départager, il n'y a pas un bon, il n'y a pas un méchant, tout le monde est gris...
Le contrat posé par Michel Rantonnet était clair, les habitants ont adhéré, du coup maintenant il faut que ça continue. Je ne dis pas qu'il faut que ça continue, je pense que ça serait mieux qu'il passe la main. Mais ce problème ne nous concerne pas, nous l'opposition. Nous le groupe Franche-Ville Respire, on les regarde se chamailler et on espère juste que ça ne dure pas trop longtemps. Après c'est eux qui prennent leurs responsabilités. Bien sûr qu'on préférerait qu'il y ait un autre maire que Michel Rantonnet parce qu'avec lui on ne peut pas s'exprimer. On a beau prévoir des amendements budgétaires, il ne les présente pas au vote. Enfin il fonctionne de manière très très compliquée quand on est l'opposition. Donc on préférerait avoir un autre maire mais c'est eux qui décident, nous on n'est que l'opposition.
Mais vous ne pouvez pas créer un groupe qui dépasserait des clivages politiques entre la droite et vous les écologistes ?
On pourrait si on s'entend sur un programme, c'est une histoire de programme.
Mais il y a des discussions là-dessus ?
Non parce que pour l'instant ils nous ont dit que leur programme c'était 100% le programme de Michel Rantonnet. Donc il n'y a pas de raison qu'on fasse des espèces d'accords comme ça qui choqueraient en plus les habitants parce qu'on n'a pas la même vision, on n'a notamment pas du tout la même vision sur la façon de travailler avec la Métropole. Moi je le vois en tant que vice-présidente de la Métropole, la ville de Francheville c'est une de celles avec lesquelles c'est le plus difficile de travailler. Il faut qu'on passe à autre chose et ça c'est un clivage important.
Quelles sont les conséquences directes de ce refus, ce que vous expliquez, de travailler avec la Métropole ? Dequoi ça prive Francheville ?
Simplement de réflexion sur des projets urbanistiques. On a des gros projets sur Bel-air, en ce moment ça ne bouge pas du tout. Il y a une école qui doit être reconstruite, rien ne bouge. Il y a beaucoup de sujets sur les mobilités, en ce moment il y a la concertation sur Téol. Il est possible que là-dessus ils aient une vision différente avec le maire d'ailleurs et que leur vision soit plus proche de la nôtre. Puisque lui il a l'air d'adopter la vision tout métro, métro pour tout le monde. Maintenant tous les maires veulent un métro, c'est un de plus. Nous on pense que le projet de Téol, même aérien, ça serait vraiment un atout pour les Franchevillois. Et dans son équipe j'ai l'impression qu'un certain nombre sont aussi sur cette voie là, sur cette vue là.