Mykola Cuzin comité Ukraine 33
Mykola Cuzin, président du Comité Ukraine 33 @Guillaume Lamy

"Il y a un fil d'Ariane entre l' "opération spéciale" en Ukraine de Poutine et la famine de 1932-1933 de Staline"

Mykola Cuzin, président du Comité Ukraine 33, revient sur les déclarations du patron du groupe paramilitaire russe Wagner, l'envoi d'armes à l'Ukraine et la reconnaissance par l'Assemblée national du génocide perpétré par Staline et son entourage.

Le Comité Ukraine 33 a été fondé en 1982 par Guènia Cuzin, Villeurbannaise d'origine ukrainienne pour faire reconnaître l’Holodomor ("extermination par la faim" en ukrainien) comme génocide. Le Parlement européen l'a reconnu le 15 décembre dernier, la France le 28 mars dernier.

Sur la reconnaissance de l'Holodomor

"Cette "opération spéciale" a été précédée par de nombreuses déclarations à caractère génocidaire."

"C'est un vote historique pour nous : l'Assemblée nationale en enfin reconnu le caractère génocidaire de la famine de 1932-1933 qui avait été perpétré par Staline et son entourage. On considère qu'il y a un fil d'Ariane dramatique entre ces événements d'il y a 90 ans et l' "opération spéciale" qu'a démarrée Vladimir Poutine le 24 février 2022 puisque cette "opération spéciale" a été précédée par de nombreuses déclarations à caractère génocidaire."

Sur l'envoi d'armes mais pas d'avions par la France en Ukraine

"L'objectif de l'Ukraine est de repousser les armées russes au-delà des frontières russes de 1991."

"C'est difficile à comprendre mais lorsqu'on regarde les progrès faits jusqu'à aujourd'hui, on s'aperçoit que beaucoup d'obstacles ont été franchis. Alors oui, à chaque fois, il a des réticences, on pousse les limites un peu plus loin, en se disant que si on fournit tel armement est-ce que l'Ukraine va s'en servir pour attaquer la Russie. Ce n'est pas l'objectif du tout. Depuis le premier jour de la guerre, l'objectif de l'Ukraine est de repousser les armées russes au-delà des frontières russes de 1991."

Sur la perception par Moscou d'un engagement direct

"Ce sont des postures."

"C'est une ritournelle depuis le début, qui revient à chaque fois qu'on a fourni des munitions, ensuite des blindés légers, ensuite des chars d'assaut Léopard, César, le AMX-10... Poutine disait "attention, si vous franchissez ce pas, je considérerai que vous êtes co-belligérant avec l'Ukraine. A chaque fois, ce sont des menaces. Il a brandi plusieurs fois la menace nucléaire. Ce sont des postures."

Sur un plan de paix

"Ce plan de paix devra obligatoirement être assorti d'un plan de compensation."

"Kiev a déjà eu l'occasion à plusieurs reprises de faire part de sa position officielle. Elle n'a pas bougé d'un iota : retrait total et inconditionnel des armées russes. Et, à ce moment-là, on pourra commencer à parler de paix mais encore faut-il garder en mémoire que, eu égard aux très nombreuses exactions, aux crimes de guerre, aux crimes contre l'humanité, aux crimes génocidaires, notamment à Marioupol, et autres destructions de guerre, ce plan de paix devra obligatoirement être assorti d'un plan de compensation."

Sur l'envoi d'un émissaire chinois, chargé de discuter du règlement de la guerre en Ukraine, à Kiev

"La Chine est là pour récupérer le bénéfice de cette situation."

"La Chine est un petit peu dans une posture d'observateur assez politique finalement, puisqu'elle regarde Vladimir Poutine se débattre, de plus en plus maladroitement, . certainement qu'il attend le moment opportun d'avancer sur les terres agricoles en Sibérie. la Chine ne s'avance ni trop dans un sens ni trop dans l'autre. Ils sont là simplement pour récupérer le bénéfice de cette situation."

Sur la proposition du groupe Wagner d'échanger une prise de la ville de Bakhmout contre des informations sensibles sur l'armée russe avec les Ukrainiens

"Il y a des gens dans l'entourage de Poutine qui se battent entre eux pour savoir qui tirera la couverture à lui en premier qui sera le successeur. "

"Il faut savoir trier le bon grain de l'ivraie. En l'occurence, je ne pense pas qu'il (Evgueni Prigogine, patron du groupe paramilitaire russe, NdlR) serait allé jusque là car lui, ce qu'il recherche, c'est le panache, même s'il conduit une armée de repris de justice. Il a fait beaucoup de déclarations dans un sens et dans un autre. Il est très contradictoire. Je pense qu'à un moment, il avait la volonté, peut-être, de se placer comme un des successeurs légitimes de Vladimir Poutine. Il joue un jeu trouble. Lui-même perd un peu les commandes. Il y a d'autres groupes paramilitaires sur les starting-blocks. On sent vraiment que, dans l'entourage de Vladimir Poutine, il y a des gens qui se battent entre eux pour savoir qui tirera la couverture à lui en premier qui sera le successeur. "

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