Romain Weber est météorologue à Lyon Météo. Il était connecté dans l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour faire un point sur la météo des derniers mois, sur les évolutions de son métier et sur les perspectives estivales.
Le météorologue de Lyon Météo débute en donnant les caractéristiques de l'hiver dernier, avec pour la première fois, une absence totale de neige entre Rhône et Saône : "Nous avons eu un hiver assez contrasté sur la région lyonnaise. On a eu pas mal de précipitations sur le mois de décembre. L'hiver, c'est décembre, janvier, février, donc ça s'arrête bien à fin février en météo. On a eu un début d'hiver assez humide, ensuite une partie d'hiver un peu plus sèche, mais globalement des précipitations dans les normales de saison. On a eu un ensoleillement assez limité, assez déficitaire. C'est ce qui a un peu rendu le côté pourri pour une partie de la population. Par contre, on a eu une très grande douceur, malgré le nombre de nuages, malgré la pluie, parfois assez fréquente, notamment en première partie d'hiver. On a eu une très grande douceur et ça tout au long de l'hiver . Il y a eu une petite période fraîche, on va dire début janvier et c'est la première fois pour moi, en tout cas dans mes souvenirs, qu'on n'a quasiment pas observé de neige au sol à Lyon, en tout cas de tout l'hiver." Le scientifique ajoute aussi qu'il n'a pas eu de gelée de tout le mois de février sur la plaine lyonnaise. Une autre première pour Lyon.
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Romain Weber pointe aussi que la population, à cause du réchauffement climatique, identifie plus difficilement les saisons, et notamment le printemps : "Le réchauffement climatique nous fait complètement oublier notre vrai climat. Beaucoup de personnes pensent qu'on peut faire des barbecues dès le mois de mars, dès le mois d'avril. Alors oui, effectivement, on a de très belles journées de plus en plus tôt, mais le printemps reste une saison, je le rappelle, très humide et le mois de mai à Lyon fait partie des mois les plus humides de l'année. Donc, ce n'est pas parce qu'on arrive dans la saison un peu plus agréable, on va dire que forcément, il doit faire beau tout le temps. Et pareil, l'été, ce n'est pas soleil et 35 degrés pendant trois mois. L'été, c'est aussi une variation entre des journées plus fraîches, un peu plus humides, voire orageuses et des périodes un peu plus chaudes. Et ces dernières années, on n'a quasiment que des canicules. Donc voilà, on est un peu bouleversé à ce niveau là".
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Plus de détails dans la vidéo sur l'évolution du métier de météorologue et sur les perspectives météo pour la fin avril puis l'été...
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La retranscription complète de l'émission :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler météo, on va parler climat avec Romain Weber qui est météorologue à Lyon Météo. Bonjour Romain Weber, merci d'être connecté avec nous. Alors on va rentrer dans le vif du sujet, quel est le bilan de l'hiver à Lyon ? Qu'est-ce qui a caractérisé notre hiver ?
Alors nous avons eu un hiver assez contrasté sur la région lyonnaise. On a eu pas mal de précipitations sur le mois de décembre. L'hiver, c'est décembre, janvier, février, donc ça s'arrête bien à fin février en météo. On a eu un début d'hiver assez humide, ensuite une partie d'hiver un peu plus sèche, mais globalement des précipitations dans les normales de saison. On a eu un ensoleillement assez limité, assez déficitaire. C'est ce qui a un peu rendu le côté pourri pour une partie de la population. Par contre, on a eu une très grande douceur, malgré le nombre de nuages, malgré la pluie, parfois assez fréquente, notamment en première partie d'hiver. On a eu une très grande douceur et ça tout au long de l'hiver . Il y a eu une petite période fraîche, on va dire début janvier et c'est la première fois pour moi, en tout cas dans mes souvenirs, qu'on n'a quasiment pas observé de neige au sol à Lyon, en tout cas de tout l'hiver.
Voilà donc ça, on peut dire que c'est quand même un écart par rapport aux moyennes qui est assez important, du moins qui est spectaculaire, puisque on peut tous le voir. On vous parlait des saisons, on en parlait un petit peu aussi avant l'émission, c'est difficile aujourd'hui de se repérer dans les saisons, puisqu'on n'est plus habitué à voir des choses qui rentrent dans les moyennes. Est-ce que les gens, pour vous, lorsqu'on vous pose des questions, est-ce que vous avez le sentiment qu'on a perdu ce sens des saisons ? Et la question qui est derrière, c'est qu'est-ce que le printemps aussi ? Comment est-ce qu'il se caractérise ? Qu'est-ce que ça devrait être le printemps ?
Alors aujourd'hui, les saisons évoluent. On peut clairement dire que l'hiver, maintenant, dure à peine un mois en France. On peut clairement dire que l'été dure quatre mois, quatre mois et demi. Ça fait plus de trois mois. On peut être un petit peu perdu. Aujourd'hui, le printemps, et je vois beaucoup de personnes, quand on arrive en avril, dire “trop bien, il va faire soleil et 25 degrés”. Il faut savoir que le printemps, c'est une intersaison entre la saison froide et la saison chaude. Donc, c'est caractérisé par d'importants contrastes de températures, comme on l'a vécu, comme on va encore le vivre cette semaine. Il est tout à fait normal de perdre 10 degrés dans la journée ou sur deux jours, de gagner 15 degrés. C'est normal d'avoir de grosses variations, la déficience même du printemps. C'est une saison justement qui est très variable, avec pas mal de pluie, aussi des jours très agréables, avec plus de soleil.
Mais en aucun moment, ça ne représente trois mois de soleil et de chaleur.
Et vous, vous avez le sentiment qu'on a oublié ce que c'était que le printemps, aujourd'hui ?
Oui, complètement. Le réchauffement climatique nous fait complètement oublier notre vrai climat. Beaucoup de personnes pensent qu'on peut faire des barbecues dès le mois de mars, dès le mois d'avril. Alors oui, effectivement, on a de très belles journées de plus en plus tôt, mais le printemps reste une saison, je le rappelle, très humide et le mois de mai à Lyon fait partie des mois les plus humides de l'année. Donc, ce n'est pas parce qu'on arrive dans la saison un peu plus agréable, on va dire que forcément, il doit faire beau tout le temps. Et pareil, l'été, ce n'est pas soleil et 35 degrés pendant trois mois. L'été, c'est aussi une variation entre des journées plus fraîches, un peu plus humides, voire orageuses et des périodes un peu plus chaudes. Et ces dernières années, on n'a quasiment que des canicules. Donc voilà, on est un peu bouleversé à ce niveau là. Et d'ailleurs, je rajouterai par rapport à tout à l'heure, le fait exceptionnel, c'est qu'il n'a pas gelé une fois de tout le mois de février sur la plaine lyonnaise. Et ça, c'est un record que pour un mois d'hiver, il n'y ait pas eu la moindre gelée.
C'est vrai, c'est la première fois que ça arrive ?
Sur un ensemble d'un mois d'hiver au total, oui, c'est la première fois qu'il n'y a pas la moindre gelée observée.
Ça m'amène aussi à questionner le rôle du météorologue que vous êtes. Est-ce que ce rôle est différent ? J'ai l'impression qu'on vous pose des questions qui ne sont plus simplement scientifiques et techniques, mais il y a aussi un rôle de sensibilisation. Vous, quel retour faites-vous sur votre métier ? Est-ce qu'on vous pose des questions nouvelles ? Est-ce que vous le sentez, ça ?
Alors oui, il y a le métier de météorologue qui est à son travail auprès des clients, entreprises ou collectivité. Et derrière, il y a le côté grand public, plus sur les réseaux sociaux. Donc, à partir du moment où on est sur les réseaux sociaux, on est confronté à pas mal de questions. Effectivement, c'est pour ma part, la sensibilisation est très, très importante en tant que météorologue. Mais aujourd'hui, c'est très compliqué puisque que ce soit des médias, des journalistes ou même d'autres météorologues, d'autres sociétés qui, des fois, vont complètement nuire aux explications pour faire le buzz. Et du coup, les gens vont être perdus derrière toutes les analyses. Il y a certaines personnes, que ce soit des journalistes, des météorologues, qui vont être très sérieuses, qui vont vouloir vraiment faire les choses bien, expliquer bien. Et il y en a, à côté, qui vont faire et dire n'importe quoi dans le but de faire du buzz, d'être le premier à sortir des informations. Et le problème, c'est que derrière, la population ne sait plus qui croire. Elle est un peu perdue. Il y a des données un petit peu partout. Donc, c'est assez compliqué aujourd'hui d'arriver à faire comprendre tout ce qui se passe.
Le métier a quand même pas mal évolué. On arrive déjà à la fin de l'émission. Malheureusement, six minutes chrono, c'est toujours trop court. Est-ce qu'on peut juste faire un petit point sur les projections estivales? Comment, sans faire la boule de cristal, parce que voilà, les projections ont des limites. Mais comment s'annonce l'été qui vient à Lyon?
Ça reste vraiment une tendance à confirmer. C'est vraiment trop loin pour vraiment faire une prévision fiable. L'été, pour le moment, semble plus chaud que les normales de saison et assez sec. Donc, on verra encore d'ici là, ça aura largement le temps de changer. Et de sources un peu plus fiables, je peux vous dire déjà que les températures devraient rester assez un peu plus fraîches pour la saison jusqu'à la fin du mois d'avril. Donc, on a eu une période très douce. Là, on va avoir une période un peu plus proche des normales.