L’écologiste Marie-Charlotte Garin a été élue dans la 3e circonscription du Rhône.

Marie-Charlotte Garin (NFP) : "toutes les personnes qui n'ont pas intérêt à ce que ça change ont peur du Front populaire"

Marie-Charlotte Garin, députée sortante Les Ecologistes et candidate du Nouveau front populaire dans la 3e circonscription, est l'invitée de 6 minutes chrono.

La députée sortante de la 3e circonscription aborde les élections législatives des 30 juin et 7 juillet en ballottage très favorable. Lors des élections européennes, le bloc de gauche, sur le périmètre du Nouveau Front populaire, a obtenu plus de 50% des suffrages. "C'est une circonscription à l'image d'une certaine sociologie à Lyon avec beaucoup de jeunes notamment qui arrivent, beaucoup de jeunes parents et de jeunes familles pour qui avoir un air plus respirable, s'attaquer au réchauffement climatique, la redistribution des richesses, ça fait sens aujourd'hui donc c'est normal entre guillemets qu'ils puissent se reconnaître dans un électorat ou en tout cas dans une offre politique qui soit de gauche progressiste et humaniste. Je crois que moi pendant deux ans j'ai aussi essayé de travailler à un renouveau des pratiques politiques aussi à l'Assemblée Nationale, j'ai des retours plutôt positifs sur le terrain", constate-t-elle.

La candidate écologiste s'emporte aussi du climat de la campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle renvoie dos à dos le Rassemblement national et le Nouveau front populaire : "je nous interroge. Qui a peur du nouveau Front populaire ? L'extrême droite, la Macronie, toutes les personnes qui n'ont pas intérêt à ce que ça change parce que ça protège leurs intérêts économiques, leurs petits privilèges. Mais c'est pas possible de se dire qu'en France, une grande nation du monde développé, aujourd'hui, on creuse les inégalités de richesse comme jamais. C'est pas normal que les 200 familles les plus riches possèdent toutes les richesses de plus de la moitié de la population. C'est inappréciable, aujourd'hui. Donc nous, notre job, en tant que gauche, en tant qu'humanistes, et pas simplement les gens qui ont eu l'habitude de voter à gauche jusqu'à maintenant, c'est de se dire quel est notre choix de société, aujourd'hui, entre l'extrême libéralisme et l'extrême droite. Le nouveau Front populaire, c'est la troisième voie".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Marie-Charlotte Garin

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale, on continue de s'intéresser aux élections législatives anticipées, aujourd'hui on va se pencher sur le cadre de la troisième circonscription du Rhône où on accueille la députée sortante Marie-Charlotte Garin. Vous êtes écologiste, investie par le Nouveau Front Populaire, vous avez gagné on va dire assez facilement la circonscription en 2022, circonscription qui vous semble probablement encore plus favorable, le périmètre du Nouveau Front Populaire qui était celui de la nuptiaire aux élections européennes a progressé de plus de 10 points pour arriver quasiment à 53,5% des suffrages, comment vous expliquez cette bascule sociologique de la circonscription qui avant avait été pendant deux mandats, celle de Jean-Louis Touraine, renaissance, majorité présidentielle, comment vous expliquez cette bascule sociologique ?


Peut-être rappeler que Jean-Louis Touraine avant d'être Renaissance il était au Parti Socialiste donc il y avait quand même un ancrage historique à gauche sur cette circonscription, aujourd'hui je crois que c'est une circonscription à l'image d'une certaine sociologie à Lyon avec beaucoup de jeunes notamment qui arrivent, beaucoup de jeunes parents et de jeunes familles pour qui avoir un air plus respirable, s'attaquer au réchauffement climatique, la redistribution des richesses, ça fait sens aujourd'hui donc c'est normal entre guillemets qu'ils puissent se reconnaître dans un électorat ou en tout cas dans une offre politique qui soit de gauche progressiste et humaniste. Je crois que moi pendant deux ans j'ai aussi essayé de travailler à un renouveau des pratiques politiques aussi à l'Assemblée Nationale, j'ai des retours plutôt positifs sur le terrain mais ça ne change rien au fait qu'on ne lâche rien, on est tous les jours sur le terrain, en tractage, en porte à porte, on fait une belle campagne très dynamique avec aussi beaucoup de personnes qui nous rejoignent qui ne sont pas partisanes. C'est important de le souligner parce que ça avait déjà été le cas en 2022 avec la fameuse NUPES, aujourd'hui avec le nouveau Front Populaire c'est un afflux massif, beaucoup de gens aussi qui sont inquiets de voir arriver le Rassemblement National aux portes du pouvoir et ça je me félicite parce que ça participe quand même aussi d'une redynamisation de la vie politique locale avec beaucoup de gens qui s'investissent pour la première fois dans une campagne électorale et qui je le souhaite continueront à s'investir aussi sur le temps long parce que la politique ce n'est pas juste une fois dans les urnes.


Vous qui avez connu la NUPES et le nouveau Front Populaire, est-ce que le nouveau Front Populaire il est plus dur à incarner ? Est-ce qu'il est accueilli différemment de la NUPES ? Il y avait eu, on s'en souvient à l'époque d'ailleurs à gauche cette alliance avait été saluée, aujourd'hui cette alliance elle est parfois critiquée, est-ce que vous le sentez sur le terrain ?


Elle est critiquée comme elle l'avait été aussi en 2022, sur le terrain moi ce que j'ai vu c'est vraiment beaucoup d'enthousiasme. Typiquement on annonce la dissolution le dimanche soir, enfin Emmanuel Macron annonce la dissolution le dimanche soir, le mardi soir on a 350-400 personnes qui se réunissent spontanément en place Bahadourian dans le troisième arrondissement face à cette urgence et ce qu'incarne le nouveau Front Populaire aujourd'hui je crois que c'est une forme de responsabilité, de dire on met les engueulades de côté, on met les égaux de côté, on se concentre, on se met d'accord sur un programme, un programme ambitieux.


Il y a toujours cette question de qui sera le premier ministre, celui qu'on va qualifier d'épouvantail Jean-Luc Mélenchon qui peut effrayer certains électeurs ou en tout cas qui peut effrayer même certains candidats du nouveau Front Populaire, vous quelle est votre position là-dessus ?


Mais la rupture finalement elle va plus loin que dans le programme, elle va aussi dans les pratiques politiques et ce qu'on dit là c'est qu'on sort de la surpersonnalisation de la 5ème République qui met par exemple un Macron au centre du jeu, un Bardella au centre du jeu et on dit en fait il va y avoir un collectif qui va être élu le 7 juillet et qui va choisir collectivement de qui sera le premier ou la première ministre pour diriger cette équipe et ce gouvernement et ça c'est fort parce que ça veut dire que pour une fois on met le programme, la méthode avant les personnes et ça moi en tout cas c'est ce que j'attends d'un renouveau des pratiques politiques, c'est ce que j'ai essayé de porter pendant deux ans, c'est vers ça qu'on doit aller et je trouve que attendons le 7 juillet et à ce moment là nous pourrons choisir qui sera notre premier ou notre première ministre.

Pour l'instant il n'y a pas de nom d'écologiste, est-ce que ça acte d'une certaine manière votre recul dans ce que vous pesez à gauche après les européennes qui ont été une campagne assez compliquée et même est-ce qu'à Lyon vous pensez que c'est un avantage d'être candidate écolo ou est-ce que vous sentez finalement que la politique menée par les majorités de Grégory Dousset ou Bruno Bernard peut parfois être un handicap ?


Être écologiste c'est une force aujourd'hui puisque qui a permis l'accord du nouveau front populaire ? Ces écologistes, je rappelle quand même que cet accord historique il a été signé au siège des écologistes parce que les écologistes ont fait effectivement une force médiane de dire en fait attention l'heure est trop grave il faut mettre tout le monde autour de la table et on ne va pas exclure un tel ou une telle pour telle ou telle raison, tout le monde doit faire front commun et ça c'est notre force c'est notre capacité de pouvoir parler à tout le monde aujourd'hui, on a l'exemple de la métropole et de la ville de Lyon où on gouverne déjà en union des gauches et on change l'avis des gens au quotidien, on ne dit pas que c'est simple forcément mais en tout cas ça montre une offre politique qui existe déjà dans les territoires, on parle de Lyon, on n'est pas les seuls, il y a d'autres villes et d'autres départements, d'autres régions en France où c'est le cas mais c'est l'exemple très concret, nous la campagne elle se passe très bien, l'accueil est très positif sur le terrain et les gens saluent simplement le fait qu'on se soit réunis ensemble et c'est ça la force aujourd'hui qu'on doit regarder, c'est dire il y a un programme, il y a une équipe pour le porter et demain il faut qu'il y ait les personnes qui aillent voter dans les urnes pour que ça puisse se concrétiser.


Le programme justement, on va y venir, il constitue d'une certaine manière une forme de retour en arrière puisqu'on revient sur la réforme des retraites, sur celle de l'assurance chômage, est-ce que ça ne montre pas aussi une difficulté quand on est aujourd'hui à gauche à savoir inventer le monde de demain, de simplement dire on revient à celui d'avant...


Il faut rappeler peut-être que la réforme des retraites ou la réforme de l'assurance chômage ce sont des réformes qui sont passées par le coup de force, par la Macronie et avec brutalité. C'est-à-dire que la réforme des retraites, on a eu des millions de gens dans la rue pendant des semaines et des semaines, et des semaines, et des semaines, et pourtant la Macronie a dit qu'elle passera en force contre l'avis de l'intersyndicale, qui sont quand même les premiers experts, des travailleurs. Même chose pour l'assurance chômage.

Mais vous, demain, si vous n'avez pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale, vous serez peut-être obligés de passer par le 49-3.

Oui. Mais on s'opposera bien évidemment à toutes les réformes de casse sociale, en fait. Il faut rappeler la brutalité…

Non mais si vous êtes au pouvoir, peut-être que vous serez aussi, vous, demain, obligés d'utiliser le 49-3.

Demain, en fait, c'est quoi, le progrès social ? Est-ce que c'est forcer les gens à travailler plus longtemps et donc les personnes, notamment les femmes, qu'on a applaudies pendant le Covid aux 20 heures parce que c'était les travailleurs essentiels, les forcer à travailler plus longtemps alors que, déjà, on croise des aides-soignantes à 30 ans et nous disent qu'elles en pleuvent déjà plus qu'elles ont le dos cassé ? Enfin est-ce que c'est vraiment ça qu'on a envie de voir ? C'est ça, le progrès social ? Le progrès social, pour moi, aujourd'hui, c'est aller vers plus de temps libéré, typiquement. Et on l'avait vu en 36, c'était quoi ? C'était les congés payés, le nouveau Front populaire. C'est la réduction du temps de travail. Et à l'époque, on avait exactement les mêmes critiques, hein, des traqueurs, qui disaient « Attention, vous allez vider les caisses de l'État, tout ce que vous faites est dangereux. Et pourtant, est-ce qu'on n'est pas hyper fiers, en France, d'avoir des congés payés, de pouvoir avoir des week-ends, d'avoir des droits, en fait, pour les travailleurs ? C'est ça, le nouveau Front populaire. C'est ça qu'on va proposer demain aux gens. Alors oui, ça fait peur. Mais moi, je nous interroge. Qui a peur du nouveau Front populaire ? L'extrême droite, la Macronie, toutes les personnes qui n'ont pas intérêt à ce que ça change parce que ça protège leurs intérêts économiques, leurs petits privilèges. Mais c'est pas possible de se dire qu'en France, une grande nation du monde développé, aujourd'hui, on creuse les inégalités de richesse comme jamais. C'est pas normal que les 200 familles les plus riches possèdent toutes les richesses de plus de la moitié de la population. C'est inappréciable, aujourd'hui. Donc nous, notre job, en tant que gauche, en tant qu'humanistes, et pas simplement les gens qui ont eu l'habitude de voter à gauche jusqu'à maintenant, c'est de se dire quel est notre choix de société, aujourd'hui, entre l'extrême libéralisme et l'extrême droite. Le nouveau Front populaire, c'est la troisième voie.

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