Richard Bagur est architecte d'intérieur, basé à Lyon, et président du Conseil français des architectes d'intérieur (CFAI).
Richard Bagur est architecte d’intérieur, basé à Lyon, et président du Conseil français des architectes d’intérieur (CFAI).

"Non, tout le monde ne peut pas s'improviser architecte d'intérieur" (vidéo)

Richard Bagur est architecte d'intérieur, basé à Lyon, et président du Conseil français des architectes d'intérieur (CFAI). Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour présenter sa profession et ses enjeux d'avenir.

Le président du Conseil français des architectes d'intérieur (CFAI) débute en dénonçant la confusion qu'il y a parfois entre les architectes d'intérieur, les décorateurs et les architectes classiques : "Non, tout le monde ne peut pas s'improviser architecte d'intérieur. Le principal, c'est qu'il faut une assurance, une assurance décennale. C'est aussi une formation professionnelle qui va couvrir les travaux et un petit peu l'aspect technique des projets. C'est aussi des écoles sur cinq ans qui ont été reconnues à la base par l'OPQAI, l'Office professionnel de qualification des architectes d'intérieur, des écoles comme Boulle, Camondo, Penninghen, Charpentier, à Lyon… C'est une formation qui est plutôt lourde. Voilà, donc c'est une profession technique et qui est réglementée."

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Richard Bagur développe : "C'est-à-dire que le métier d'architecte d'intérieur, c'est beaucoup de créativité. Mais c'est surtout 70% de technique derrière. Alors, la problématique qu'on a, c'est que les écoles et les parents, comme les enfants, ont cette image de lieux emblématiques, voient la création du lieu et ne se rendent pas compte, effectivement, de la face cachée de cet iceberg, qui est beaucoup plus importante que la face visible. Ils s'engouffrent dans des études. Les écoles se multiplient. Et ces jeunes n'ont pas forcément, à l'issue de cela, du travail, ni une bonne connaissance du métier. Ils ne trouvent pas de travail ou sont déçus de rentrer dans un métier qui est malgré tout assez technique. C'est un métier de passion et c'est un métier qu'on fait par passion vu les contraintes, vaut mieux faire ça par passion."

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Il se veut aussi rassurant sur l'impact de l'intelligence artificielle dans la profession d'architecte d'intérieur : "Ce n'est pas une profession en danger. On est tous concernés par l'intelligence artificielle. Vous aussi, les journalistes. Dans le cadre de ma nouvelle mandature on a souhaité, le bureau du conseil français, on a souhaité créer une commission prospective. Donc, on est très proche des chambres de commerce et on prépare l'avenir en s'y intéressant vraiment. Il ne faut pas faire les autruches. Il faut prendre ça de manière positive et ça peut être quelque chose d'extrêmement déterminant pour nos formations également, comme pour les professionnels."

Plus de détails dans la vidéo...


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler d'une profession prisée, il s'agit des architectes d'intérieur. Pour en parler, nous recevons Richard Bagur, basé à Lyon, lui-même architecte d'intérieur et surtout président du Conseil français des architectes d'intérieur, le CFAI. Bonjour Richard Bagur, merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pouvez en premier temps nous présenter votre profession d'architecte d'intérieur, qui est souvent confondue parfois avec les décorateurs, avec les architectes de manière générale, est-ce que vous pouvez nous dire un peu ce que c'est ?  

Alors pour résumer une profession comme celle-là, pour mettre dans un contexte de projet, on réfléchit d'abord le volume. On est des architectes de l'intérieur, donc on va rentrer dans la faisabilité du bâti, et on va travailler l'intérieur en intégrant les fluides, en intégrant tout ce qui est acoustique, tout ce qui est thermique, il y a une réflexion esthétique mais technique également. On fait des aplats, bien sûr, on va travailler les aplats et les matériaux et les couleurs, comme le font les décorateurs, mais on a cette spécificité d'architecte de l'intérieur puisque, je l’expliquerai, l'origine du Conseil français, on est issu des architectes eux-mêmes qui ont souhaité légiférer ce métier.


Et alors, justement, ça fait une bonne transition, est-ce que tout le monde peut s'improviser architecte d'intérieur ? Est-ce que c'est une profession qui est ouverte comme ça ?  

Non. Justement, un des objectifs de ma mandature, c'est la lisibilité du métier et qu'il n'y ait pas d'ambiguïté sur qui on est. Non, non, tout le monde ne peut pas s'improviser architecte d'intérieur. Le principal, c'est qu'il faut une assurance, une assurance décennale. C'est aussi une formation professionnelle qui va couvrir les travaux et un petit peu l'aspect technique des projets. C'est aussi des écoles sur cinq ans qui ont été reconnues à la base par l'OPQAI, l'Office professionnel de qualification des architectes d'intérieur, des écoles comme Boulle, Camondo, Penninghen, Charpentier, à Lyon… C'est une formation qui est plutôt lourde. Et ensuite, c'est une assurance. Souvent par le groupement de la MAF, qui est la Mutuelle des architectes, qui nous suit, ou AXA. Voilà, donc c'est une profession technique et qui est réglementée.  

Et justement, est-ce que vous pouvez nous présenter le Conseil français des architectes d'intérieur que vous présidez ? Quelle est sa fonction, son rôle ?  

Alors, le Conseil français, à l'origine, dans la continuité de la loi 1977 sur l'architecture, l'Ordre des architectes, ainsi que le Syndicat de l'architecture d'intérieur de l'époque, a souhaité légiférer ce métier qui était un peu émergent. Les décorateurs faisaient beaucoup d'architecture intérieure et les architectes ont souhaité donner un cadre de formation pour que le titre soit vraiment revendiqué. C'est plutôt des formations sur 5 ans. Donc ils ont souhaité 5 ans d'études. Et ils ont souhaité une décennale, comme je le disais précédemment. Donc l'OPQAI, l'Office professionnel de qualification, pendant les 20 premières années, depuis 1981, ce sont des présidents qui étaient architectes. Ensuite, en 2001, ce sont des architectes d'intérieur qui sont devenus présidents, dont des prestigieux comme Étienne Prost ou Thierry Conquet, qui était le bras droit d’Andree Putman. Et aujourd'hui, nous sommes à peu près 800. Et des gens comme Wilmotte, Stark, Rochon, et comme beaucoup d'autres, ont été ou sont architectes d'intérieur. Donc c'est plutôt l'excellence de l'architecture intérieure. Et aujourd'hui, effectivement, ma mandature, en tout cas un de ses objectifs, c'est vraiment la lisibilité de ce métier, où l'État n'a toujours pas reconnu notre spécificité. 

J'allais vous demander, les enjeux d'avenir pour le CFAI, quels sont-ils pour la profession ? 


Alors, les enjeux d'avenir pour le CFAI, c'est donc attirer les compétences de ce métier, incontestables. Même avec des parcours différents, ceux qui font vraiment le métier. Et le métier, ce n'est pas que des dessins et pas que des perspectives. C'est aussi de la création, bien sûr. Mais c'est aussi des plans techniques, c'est aussi des démarches administratives.  

Vous me disiez avant l'émission, c'est quasiment deux tiers, 70% de technique.  

Voilà, c'est-à-dire que le métier d'architecte d'intérieur, c'est beaucoup de créativité. Mais c'est surtout 70% de technique derrière. Alors, la problématique qu'on a, c'est que les écoles et les parents, comme les enfants, ont cette image de lieux emblématiques, voient la création du lieu et ne se rendent pas compte, effectivement, de la face cachée de cet iceberg, qui est beaucoup plus importante que la face visible. Ils s'engouffrent dans des études. Les écoles se multiplient. Et ces jeunes n'ont pas forcément, à l'issue de cela, du travail, ni une bonne connaissance du métier. et ne trouvent pas de travail ou sont déçus de rentrer dans un métier qui est malgré tout assez technique. C'est un métier de passion et c'est un métier qu'on fait par passion vu les contraintes, vaut mieux faire ça par passion . 

Il y a des écoles reconnues par le CFAI qui permettent justement d'avoir la vraie reconnaissance. On arrive vers la fin de l'émission, j'ai une dernière question: on va un petit peu déborder sur le temps, c'est sur l'intelligence artificielle qui a ouvert sa porte au grand public en 2022-2023. Est-ce que ça change quelque chose pour vous ? parce qu'on voit beaucoup de publicités où on a l'impression qu'en quelques clics on peut avoir un visuel, des rapports techniques. Est-ce que c'est une profession en danger, l'architecture d'intérieur, à cause de l'intelligence artificielle ? 

Non, ce n'est pas une profession en danger. On est tous concernés par l'intelligence artificielle. Vous aussi, les journalistes. Dans le cadre de ma nouvelle mandature on a souhaité, le bureau du conseil français, on a souhaité créer une commission prospective. Donc, on est très proche des chambres de commerce et on prépare l'avenir en s'y intéressant vraiment. Il ne faut pas faire les autruches. Il faut prendre ça de manière positive et ça peut être quelque chose d'extrêmement déterminant pour nos formations également, comme pour les professionnels.


Très bien, ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup, Richard Bagur, d'être venu sur notre plateau. Quant à vous, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur lyoncapitale.fr. A très bientôt.  

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