Yann Crombecque, adjoint à la sécurité à Villeurbanne, revient dans 6 minutes chrono sur le trafic de drogue dans le quartier du Tonkin.
Après les fusillades autour de points de deal dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne, l'adjoint à la sécurité, Yann Crombecque, revient sur cette flambée de violence. "La question aujourd'hui qui se pose, c'est la montée d'une certaine forme de violence qui peut s'analyser sur deux éléments à la fois les opérations de police, parce qu'il y a des opérations de police qui viennent un peu déstabiliser le trafic, et donc à partir du moment où le trafic est un peu déstabilisé ça peut créer des volontés de reprendre les points de deal. Dans tout état de cause, les faits qui se sont produits sont des faits graves qui inquiètent la population. La ville de Villeurbanne bien évidemment partage l'inquiétude des habitants c'est pour ça qu'on a demandé au ministre de prendre ses responsabilités et d'accorder des moyens supplémentaires de présence de police nationale sur le secteur", développe-t-il.
Yann Crombecque évoque aussi les faibles marges de manoeuvre d'une ville et de sa police municipale face au trafic de drogue : "Quand on est un élu local, on peut déjà déployer des moyens humains puisqu'on a renforcé les effectifs de police municipales depuis le début du mandat. On a installé des flux de caméras, de vidéosurveillance supplémentaires qui sont y compris mis à disposition de la police nationale et des pompiers. Pour pouvoir agir tranquillement sur le secteur si besoin était. Avec les habitants, on a des rencontres régulières avec les collectifs, avec les bailleurs, justement pour analyser les situations les unes après les autres sur le secteur, pour essayer de trouver des solutions. Après, il y a la question de la médiation, de l'occupation de l'espace public, mais on est arrivé à un stade sur le Tonkin où ce n'est pas avec la ville seule et la bonne volonté des habitants que l'on va pouvoir trouver des solutions pérennes. C'est pour ça qu'aujourd'hui, à un moment, la réponse policière est une réponse incontournable. C'est pour ça qu'on demande des moyens supplémentaires".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Yann Crombecque
Aujourd'hui nous accueillons Yann Crombecque. Alors vous êtes adjoint à la sécurité à Villeurbanne c'est une délégation qui n'est jamais simple mais qui en ce moment l'est particulièrement peu puisqu'il y a eu plusieurs fusillades il y a quelques jours dans le quartier du Tonkin autour du trafic de drogue. Qu'il y ait des points de deal au Tonkin ce n'est pas une nouveauté en revanche ce niveau de tension là est plutôt inédit. Comment vous l'expliquez ?
Alors en effet, on a eu depuis le 5 novembre des des faits qui se sont produits qui se sont ensuite reproduits deux jours après sur des échanges, enfin des tirs.Sur le fait que le Tonkin soit une zone de deal ancienne vous avez tout à fait raison après la question aujourd'hui qui se pose, c'est la montée d'une certaine forme de violence qui peut s'analyser sur deux éléments à la fois les opérations de police, parce qu'il y a des opérations de police qui viennent un peu déstabiliser le trafic, et donc à partir du moment où le trafic est un peu déstabilisé ça peut créer des volontés de reprendre les points de deal. Dans tout état de cause, les faits qui se sont produits sont des faits graves qui inquiètent la population. La ville de Villeurbanne bien évidemment partage l'inquiétude des habitants c'est pour ça qu'on a demandé au ministre de prendre ses responsabilités et d'accorder des moyens supplémentaires de présence de police nationale sur le secteur.
Il y a pour l'instant une cinquantaine de CRS qui sont là au quotidien. Ils sont là jusqu'à quand ?
Ils sont là si je prends les propos de la préfète aussi longtemps qu'il le faudra donc ça ne donne pas forcément une date précise. En tout état de cause, la ville réclame la présence de forces de police sur le long terme sachant qu'avant de passer à des actions de médiation, de prévention il faut absolument régler les points de deal existants. Les points de deal existants ne peuvent se régler que par des enquêtes policières de la présence policière. C'est pour ça qu'on se félicite de la présence des renforts CRS qui ont été apportés. Après nous, on espère qu'ils pourront rester le plus longtemps possible. C'est pour ça y compris que le maire a renouvelé auprès du ministre le classement du Tonkin en quartier de reconquête républicaine qui a justement pour votation d'apporter des moyens supplémentaires.
Parce que quand on est une commune, quand on a adjoint la sécurité ou maire de Villeurbanne, qu'est ce qu'on peut faire contre les points de deal ? Parce qu'on voit les habitants qui sont en colère qui des fois descendent eux-mêmes. Il y a eu des vidéos qui ont été virales d'habitants du Tonkin et qui essayent de chasser des dealers. Il y a une forme d'impuissance qui est constatée par les habitants, qui crée aussi des mécontentements, un sentiment d'abandon. Quand on est un élu local, qu'est ce qu'on peut faire ?
Quand on est un élu local, on peut déjà déployer des moyens humains puisqu'on a renforcé les effectifs de police municipales depuis le début du mandat. On a installé des flux de caméras, de vidéosurveillance supplémentaires qui sont y compris mis à disposition de la police nationale et des pompiers. Pour pouvoir agir tranquillement sur le secteur si besoin était. Avec les habitants, on a des rencontres régulières avec les collectifs, avec les bailleurs, justement pour analyser les situations les unes après les autres sur le secteur, pour essayer de trouver des solutions. Après, il y a la question de la médiation, de l'occupation de l'espace public, mais on est arrivé à un stade sur le Tonkin où ce n'est pas avec la ville seule et la bonne volonté des habitants que l'on va pouvoir trouver des solutions pérennes. C'est pour ça qu'aujourd'hui, à un moment, la réponse policière est une réponse incontournable. C'est pour ça qu'on demande des moyens supplémentaires, mais en même temps, on travaille aux éléments de prévention. Il faut travailler avec l'éducation nationale pour éviter que les décrocheurs de l'éducation nationale ne tombent dans les trafics de drogue. On travaille avec les bailleurs sociaux pour sécuriser les espaces, on travaille avec les associations du quartier pour occuper positivement les espaces, mais tout ça ne remet pas en cause les points durs, des points de deal qui sont installés sur le quartier du tonquin.
Il y en a notamment à proximité de deux groupes scolaires, de deux écoles. Est-ce qu'au moins vous pouvez arriver à les déplacer, à les fermer, ces points de deal là, pour rendre l'accès à l'école normal aux habitants du quartier ?
Alors l'école en fait, elle est entre deux zones de deal, et parfois les dealers se mettent à proximité immédiate de l'école, donc c'est pour ça qu'il y a à la fois une présence de la police municipale, mais qui n'a pas de pouvoir judiciaire.
Elle n'est même pas dissuasive cette présence ?
Oui, alors elle peut être dissuasive, mais sur un temps, c'est-à-dire que quand les équipages sont là, les dealers s'éloignent, quand ils ne sont plus là, ils peuvent revenir. Il y a de l'aménagement urbain pour éviter les caches dans les bosquets, les fourrés qui sont à proximité de l'école, et puis il y a la question d'aménagement pour éviter que les structures de l'école extérieure ne deviennent des assises pour les dealers. Donc ce travail est fait, il y a des choses qui ont été engagées, par contre le démantèlement du trafic de drogue, ce n'est pas la ville qui peut le faire, les policiers municipaux font des actions pour essayer de trouver les produits et déstabiliser un peu le trafic, mais en tout cas, les éléments de mobilisation des forces de l'ordre, c'est la police nationale qui doit le faire.
Une des nouveautés entre guillemets autour de la question des trafics de drogue , c'est la présence en ce moment notamment d'un trafic de crack qui est une drogue assez peu chère et qui est très très addictive. Pour l'instant, il n'y a jamais eu de trafic qui se soit vraiment pérennisé dans la métropole de Lyon. Est-ce que vous redoutez qu'il se pérennise à Villeurbanne avec toutes les complexités que ça peut entraîner ? On se souvient du fameux épisode de la colline du crack à Paris...
Alors aujourd'hui, on n'est pas au niveau, heureusement, de la colline du crack à Paris. Par contre, on a des signaux qui montrent que sur les points de deal, il y a de la vente de crack, il y a des consommateurs de crack qui sont sur le secteur du Tonkin. Aujourd'hui, ils sont minoritaires. Après, la question, c'est que ça soit le crack, le cannabis, l'héroïne, la cocaïne, tout le démantèlement de ce trafic doit être fait par la police nationale. Et donc, c'est pour ça qu'il est important que la police nationale soit mobilisée.