Cyrille Isaac-Sibille est député Modem de la 12e circonscription du Rhône, sur le territoire des communes polluées aux perfluorés. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour présenter sa position sur l'encadrement législatif des ces polluants éternels.
Le contexte : les perfluorés, ces polluants éternels, ont été repérés à des taux anormalement élevés dans les eaux du Rhône au sud de Lyon, et à Meyzieu, près du site de captage d'eau potable, fermé déjà plusieurs plusieurs années, lors d'un documentaire Vert de rage sur France 2 en mai 2022.
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Les prises de position du député Modem ont fait du bruit ces dernières semaines, où Cyrille Isaac-Sibille a fait voter, en commission, un amendement pour reporter l'entrée en vigueur de la réglementation des perfluorés à 2026 au lieu de 2024.
Aujourd'hui, l'opposition est forte, notamment de maires des communes polluées. Alors pourquoi avoir fait voter ce rapport des règlementation ? "Il faut traiter le sujet de manière scientifique et pas avec émotion. Ce qu'il faut c'est trouver des solutions. Ce que je veux, c'est être utile à mes concitoyens. Je suis médecin, je sais ce qu'est qu'une pollution, je sais ce que c'est les problèmes sanitaires et ce que ça entraîne. Et ce que je veux, c'est aussi dépolluer et être efficace" répond le député du Rhône.
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Qu'est ce que ça veut dire interdire les PFAS ?
Il poursuit : "Quand on dit qu'on veut interdire les PFAS, qu'est ce que ça veut dire interdire ? Ça veut dire grosso modo que vous ne pouvez plus porter votre veste ? On ne peut pas avoir de chaussures ? Qu'on ne peut plus avoir de table ? Moi, ce que je veux : c'est d'abord faire en sorte que, le plus rapidement possible, les usines qui les utilisent, ne les utilisent plus. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, les rejets qui depuis 40 ans ont été considérables. C'était en tonnes. Maintenant, on surveille tout ça et grâce à la préfecture, maintenant c'est en kilos. L'année prochaine, ça il n'en déverseront plus. Les interdire sans pouvoir les contrôler. Ça rime à quoi ? Les interdire pour ne pas savoir par quoi ils vont être remplacés ? Ça rime à quoi ?"
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Attaqué par les maires des communes polluées, il répond : "s'il vous plaît, parlons d'une seule voix. N'essayons pas de polémiquer sur un sujet dont tout le monde reconnaît l'importance."
Pollueur payeur ?
Pou rappel, sur la question de la dépollution, le député n'a pas non plus voté un amendement visant à demander une contribution financière aux industriels : "Je suis favorable au principe de pollueur payeur, mais il faut d'abord que l'on sache exactement quelles terres sont polluées par quoi, quelle en est la source, si c'est dépolluable et comment".
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Retranscription intégrale et textuelle de l'émission avec Cyrille Isaac-Sibille.
Eloi Thiboud : Bonjour à tous, Bienvenue dans votre émission six minutes chrono, Le rendez vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler des perfluorés, ces polluants éternels que l'on trouve à des niveaux anormalement élevés au sud de Lyon, autour de Pierre Bénite, Oullins et aussi à côté de Meyzieu, dans le champ captant d'eau potable, champ captant qui est fermé depuis plusieurs années. Pour en parler, nous recevons Cyril Isaac Sibille qui est député de la 12ᵉ circonscription du Rhône sur le territoire des communes polluées. Bonjour Monsieur le député.
Cyrille Isaac-Sibille : Bonjour à vous, Bonjour à vous auditeurs.
Eloi Thiboud : Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Vos prises de position ont fait du bruit ces dernières semaines. Vous avez fait voter en commission un amendement pour reporter l'entrée en vigueur de la réglementation de ces perfluorés de 2024 à 2026. Les oppositions sont vives aujourd'hui, notamment des maires concernés par la pollution. Pourquoi avoir fait voter un tel report ?
Cyrille Isaac-Sibille : Plusieurs choses. D'abord, les perfluorés, c'est un vrai sujet de santé publique, un vrai problème sanitaire qui va sans doute durer plusieurs dizaines d'années. C'est un vrai sujet qu'il faut prendre à bras le corps. C'est une pollution qui date de 40 ou 50 ans. On ne sait même pas actuellement combien il y a de perfluorés. 5000, 10 000..., on ne sait pas. Les perfluorés, Il y en a partout. Il y en a sur vos vêtements, sur vos chaussures, sur les meubles, pour imperméabiliser, sur votre poêle. Et en même temps, comme ils ont deux qualités, ils chassent l'eau et chassent la graisse. Donc ils sont utilisés de manière assez large. Et ça et ça depuis 40 ans. Donc c'est un vrai sujet, c'est un sujet de société, la même chose que les plastiques. Et c'est pour ça que moi je suis député MoDem et le groupe MoDem à l'Assemblée nationale on porte ces sujets, que ce soit au niveau du conseil scientifique et au niveau du Parlement. Nous, ce qu'on essaye, c'est d'avoir une approche scientifique. L'amendement dont vous parlez, effectivement était une proposition de loi LIOT. Ça s'est fait en commission. C'est une loi qui n'a jamais été adoptée. Par contre on l'a votée. Par contre, il faut traiter le sujet de manière scientifique et pas avec émotion. Ce qu'il faut c'est trouver des solutions. Ce que je veux, c'est être utile à mes concitoyens. Je suis médecin, je sais ce que c'est qu'une pollution, je sais ce que c'est les problèmes sanitaires et ce que ça entraîne. Et ce que je veux, c'est aussi dépolluer et être efficace.
Eloi Thiboud : Justement, n'y-a-t-il pas un principe de précaution à prendre ne compte ? C'est-à-dire la santé publique passe avant les enjeux économiques des entreprises qui utilisent les perfluorés ?
Cyrille Isaac-Sibille : Bien sûr. Par rapport à ça, par contre, ce que je veux dire, c'est que c'est quelque chose dont on a conscience depuis 18 mois. Je suis le député que les journalistes sont venus voir. J'ai dit oui, je vous soutiens, J'ai attendu les résultats, j'ai interpellé le gouvernement. Il y a un plan en six axes qui a été décidé par le gouvernement. J'essaye d'avoir des réponses concrètes. D'accord. Maintenant, le principe de précaution. Quand on dit qu'on veut interdire les PFAS, qu'est ce que ça veut dire interdire ? Ça veut dire grosso modo que vous ne pouvez plus porter votre veste ? On ne peut pas avoir de chaussures ? Qu'on ne peut plus avoir de table ?
Moi, ce que je veux : c'est d'abord faire en sorte que le plus rapidement possible, les usines qui les utilisent, ne les utilisent plus. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, les rejets qui depuis 40 ans ont été considérables. C'était en tonnes. Maintenant, on surveille tout ça et grâce à la préfecture, maintenant c'est en kilos. L'année prochaine, ça il ne déverseront plus. Après, il y a un autre problème la pollution historique qu'on retrouve dans les sols. Ce sont des pollutions qui sont là depuis des dizaines d'années. Et là il va vraiment, il va, il va falloir dépolluer. Et pour ça, il faut avoir en langage scientifique d'abord, moi, ce que j'ai dit c'est : s'il vous plaît, parlons d'une seule voix. N'essayons pas de polémiquer sur un sujet dont tout le monde reconnaît l'importance.
Eloi Thiboud : Mais pourquoi alors repousser la règlementation ? C'est une réglementation, ce n'est pas forcément une interdiction.
Cyrille Isaac-Sibille : Ce qui est génial, c'est qu'il y a cinq pays européens qui sont plutôt en avance sur nous, qui veulent faire modifier ce qu'on appelle une directive REACH, l'Europe. Et je pense que c'est comme ça qu'on sera efficace. Ils connaissent mieux le sujet que nous, ils savent mieux doser les produits, ils ont une certaine antériorité. Moi, ma position, c'est de dire qu'il faut absolument que la France soutienne l'initiative de ces cinq pays pour qu'au niveau européen on ait des mesures concrètes et efficaces pour stopper les PFAS. Les interdire sans pouvoir les contrôler. Ça rime à quoi ? Les interdire pour ne pas savoir par quoi ils vont être remplacés ? Ça rime à quoi ? Je rappelle qu'on a interdit les assiettes en plastique. Les aliments plastique maintenant sont remplacés par des assiettes en carton et sur les assiettes en carton, on met des PFAS. Donc si on interdit le produit pour qu'il soit remplacé par un produit encore pire, on n'aura rien gagné. Ma plaidoirie c'est de dire qu'il faut qu'on parle d'une seule voix, il faut qu'on soit utile, efficace et plus rapide.
Au niveau du Rhône, le préfet nous réunit tous : parlementaires, maire, élus de la métropole, tous les services de l'Etat pour faire le point tous les mois sur le sujet. Et on voit qu'on progresse, qu'on améliore, qu'il y a de moins en moins de PFAS qui sont rejetées. Par contre, qu'est ce que fait la métropole ? Elle fait des sondages et elle se rend compte qu'il y en a partout, il y en a même dans l'Est, de la métropole. Donc c'est un sujet qui est global. Moi je suis médecin. J'ai une réponse, une approche scientifique. On a on a traversé pendant deux ans une crise sanitaire. Le pire c'est qu'il y a des personnes qui ne parlent pas tous de la même voix, qu'il y a des gens qui tirent d'un côté, qui tire de l'autre. Devant ça, nos concitoyens sont effrayés. Donc moi, c'est ce que je plaide : une solution qu'on parle tous de la même voix, qu'on ne fasse pas de ce sujet un sujet polémique et qu'on trouve des réponses utiles pour des concitoyens.
Eloi Thiboud : Ce sera le mot de la fin. Ça fait déjà les 6 signaux de chrono. On le rappelle. Les risques sur les personnes qui pourraient consommer des produits pollués, c'est cancers, problèmes neurologiques, troubles de la fertilité ou sur le développement des enfants, tous ne sont pas encore caractérisés. Voilà, merci à tous.
Quelle honte ce monsieur ! Et c'est un médecin ?
En plus il se dit "scientifique"... Il est surtout le défenseur du commerce et de l'industrie avant tout.
Ses valeurs dominantes : oui on sait que ces molécules empoisonnent et au final tuent, mais que va-t-on faire sans chaussures et vêtements ?
Quelle honte.
En tant que député il pourrait faire établir et communiquer la liste REELLE de tous les produits qui contiennent ces saloperies de PFAS, sauf que son parti a voté pour "le secret des affaires".
Sauf que son parti a voté pour le manque de budget pour le CRNS et ce sont les industriels eux-mêmes qui fournissent certaines études ! Et devinez les conséquences ?
Quel foutage de gueule.
La science, vous marchez dessus !
Et comme ces PFAS sont une énorme famille de produits vous comptez là dessus pour "noyer le poisson" à faire croire que certaines de ces molécules de pollutions éternelles seraient "acceptable".
Pendant ce temps, c'est la sécheresse, donc les agriculteurs puisent dans le Rhône comme rarement, donc ce qu'on mange est pollué aux PFAS qu'il ne faut "surtout pas stopper pour le bien de l'industrie".
Seulement des dizaines de kilo déversés chaque semaine ? Oh ben c'est pas grave alors ! Sauf que c'est nocif avec des nanogrammes !!!! Devinez combien il y a de nanogrammes dans plusieurs dizaines de kilos chaque mois déversé dans le rhône avec l'accord de la préfecture et de Monsieur le député !
Vraiment, une honte.
Et vous nuisez à la science et la démocratie en plus.
Dans un prochain sujet on parlera des PFAS "obligatoire" avec les batteries électriques...
Votre monde est une horreur.
Le cardiologue auteur d'un article précédent, spécialiste anti monétaire sans solution maintenant physico chimiste face à un médecin spécialiste quelques dizaines d'année d'étude!! , député ayant accès à toutes les données publiées, qui on le comprend ne débattra pas de ses connaissances "il faut pour les comprendre avoir fait des études" et l'Abo" , aucune , d'évidence. Se souci il de impossibilité de fabriquer des vestes ? ce truc qui lui est remis au résultat à chaque élection?
C'est ça vos arguments ?
Comme si avant la création des PFAS on ne savait pas produire des vêtements de qualité, des chaussures de qualité, que les sacs en papier étaient inutilisables sans PFAS, etc. 😀
Par contre, les études qui montrent que ces produits chimiques sont problématiques pour la santé, ça existe. Il suffit de les chercher pour les trouver. Mais lorsqu'on ne veut pas les chercher pour protéger des intérêts commerciaux... on ne les trouve pas et on accuse l'autre de "ne rien savoir parce que ce n'est pas un spécialiste". Le fameux argument ressorti par les pro-nucléaires aux anti-nucléaires qui pourtant ont des connaissances et des questions bien gênantes pour les "spécialistes".
Votre monde est en perdition, et les générations qui arrivent ne vont pas rester là sans rien faire, cher militaire.