Jean-Marc Prot, président des Restos du Coeur du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono. Il évoque la campagne hivernale de son association.
Les Restos du Cœur subissent de plein fouet l'inflation et ses effets doublement pervers. L'association qui vient en aide aux plus démunis doit fournir plus de repas et qu'ils coûtent plus cher que les années précédentes. Confrontés à des difficultés financières, les Restos du Cœur ont du réajuster leur organisation. "Nous sommes toujours sur la même hausse de la demande ce qui fait que nous sommes obligés de mettre en œuvre des mesures de rationnement entre guillemets et de gestion pour tenir notre mission globale auprès des plus démunis", explique Jean-Marc Prot. Il table sur une capacité de fournir entre 4 et 5 millions de repas sur la campagne 2023-24.
Le président des Restos du Coeur se désole de la précarité grandissante dans le Rhône comme ailleurs en France : "Sur deux ans je calculais, nous avons progressé, je n'aime pas trop ce mot dans ce cas là, de 47% ça veut dire que tout est à l'avenant en termes de besoins de ressources de locaux de bénévoles ça nécessite effectivement une gestion de plus en plus complexe".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Jean-Marc Prot
Bonjour à tous et bienvenue vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Jean-Marc Prot.Vous êtes président des restos du coeur dans le Rhône on vous a invité pour revenir sur l'état de santé de votre structure, de votre association qui vient en aide aux plus démunis. La campagne 2023 2024 avait démarré par un appel à l'aide puisque l'association rencontrait des difficultés financières. Est-ce que aujourd'hui vous allez pouvoir assurer à peu près l'ensemble de vos missions suite à cet appel aux dons ?
Oui le national avait passé par la voie de notre président un message relatif à notre situation qui ponctuellement était déficitaire et relative, essentiellement, à la hausse de la demande. Quand on regarde sur un plan national on est passé de 140 millions de repas distribués à 170 millions et en tendance même au dessus en ce moment ce qui fait que ça a amené à cet appel de notre président qui nous a permis effectivement de compenser les pertes que nous avions à ce moment là. Mais en tendance, nous sommes toujours sur la même hausse de la demande ce qui fait que nous sommes obligés de mettre en œuvre des mesures de rationnement entre guillemets et de gestion pour tenir notre mission globale auprès des plus démunis
Mais vous pensez vous avez bon espoir de pouvoir assurer 180 millions de repas ?
On s'est mis en situation d'assurer ce montant là mais pas au dessus. On ne pourra pas donc c'est vrai qu'aujourd'hui on est capable de maintenir notre offre à ce niveau de distribution. Sur le Rhône, ça fait entre 4 millions 5 et 5 millions de repas. On doit pouvoir le faire étant entendu qu'il va falloir continuer à demander de l'aide et du soutien comme on l'avait auparavant et probablement encore un peu plus l'an prochain
Et localement la demande elle augmente aussi ?
On est dans les mêmes proportions. C'est un phénomène national. Il n'y a pas d'exception avec des hausses à deux chiffres. Sur deux ans je calculais, nous avons progressé, je n'aime pas trop ce mot dans ce cas là, de 47% ça veut dire que tout est à l'avenant en termes de besoins de ressources de locaux de bénévoles ça nécessite effectivement une gestion de plus en plus complexe.
Ce qui est paradoxal c'est qu'aujourd'hui on a un taux de chômage plutôt plus bas qu'avant ce qui veut dire que le profil des des bénéficiaires c'est aussi des gens maintenant qui travaillent de plus en plus et de plus en plus de salariés précaires...
Nous avons une partie des personnes que nous accueillons qui sont des salariés précaires plus des étudiants plus des retraités il y a toute une typologie de gens très variés on a beaucoup de familles monoparentales aussi donc beaucoup d'enfants et c'est vrai que pas toujours soumis directement à cette notion d'emploi
Est-ce qu'il y a aussi des territoires dans le département qui font figure d'exception est-ce que par exemple c'est un phénomène qui est majoritairement urbain ou est-ce que maintenant il touche aussi le péri urbain le rural ?
Non la croissance elle est de toute part et nous évoquions le fait que dans certaines zones qu'on appelait les zones blanches pas trop présents à une époque, on a développé un centre itinérant par exemple sur le nord ouest du département. On va faire une deuxième tournée parce qu'effectivement on regarde ce qu'on avait prévu on est bien bien au-delà de la demande qui était imaginée.
Il y a un vrai effet inflation que vous constatez depuis maintenant un an ou deux à la fois dans vos difficultés mais aussi dans le profil des gens qui viennent dans vos centres...
Assurément c'est une des explications de la hausse de cette précarité puisque nous calculons toujours le reste à vivre pour les personnes qu'on accueille et on prend en compte forcément les charges spécifiques au logement qui compte tenu de l'inflation ont eu des conséquences directes sur le reste à vivre justement de chacun et vous sur vos approvisionnements
Comment vous essayez de contourner ce facteur inflation ?
Alors nous quand on évoquait tout à l'heure nos difficultés elles étaient beaucoup liées aux achats puisque nos achats représentaient un quart des volumes qu'on distribue ils sont montés à un tiers donc il a fallu acheter beaucoup plus ce qui nous a mis en difficulté aujourd'hui ce qu'il faut c'est qu'on développe encore et à nouveau les ramasses les dons les actions d'opportunité les collectes on fait feu de tout
Parce que les français restent généreux ?
Les français restent généreux assurément absolument. Une autre difficulté c'est que la croissance des dons et des collectes est par contre inférieure à la croissance de la demande si on fait plus 10% sur une collecte malheureusement pour à part remplir le caddie à hauteur de plus 25 plus 26%
Et vous êtes obligé d'organiser de plus en plus de collectes il va y en avoir dans les semaines à venir dans la métropole ?
On en a une au mois d'octobre la prochaine aura lieu au mois de mars une collecte nationale assez conséquente et on va faire appel effectivement à tous nos partenaires de la distribution
Et d'ici là est-ce qu'il y a des collectes locales ou des gens qui nous regardent peuvent se rendre ?Si des gens veulent donner comment ils peuvent faire ?
Ils peuvent se rendre sur notre site ils ont beaucoup d'informations sur les modalités de participation même ne serait-ce que participer en tant que bénévole c'est aussi une forme de don pour nous ça vient également nous aider il y a beaucoup de formules diverses et variées sur le site des restos du coeur du rône vous avez pas mal d'informations à ce titre
Après le covid il y avait eu tout le monde associatif avait été frappé par une vague comment dire de bénévole qui n'était pas revenu qui s'était mis en stand-by et puis qui n'était pas revenu c'est vrai est-ce que vous avez réussi à à combler aussi ces manques en termes de RH ?
C'est une très bonne question je suis très sensible à ça et on a beaucoup progressé en la matière on a subi effectivement on a remplacé les retraités par des à nouveau de nouveaux retraités mais on a surtout beaucoup élargi nos modes de recrutement et on a aujourd'hui différents statuts que ce soit des étudiants, des stagiaires, des personnes actives des gens qui sont en mécénat de compétences en service civique on a beaucoup élargi le recrutement pour faire en sorte de tenir justement le niveau souhaité
Cette association au bon coeur, dont les membres et les soutiens ont bon coeur,
ne se rendent apparemment pas compte que l'économie monétaire fabrique chaque jour des exclus, et que ce travail pour éviter que des gens meurent de faim ou sautent des repas, est un travail de Sisyphe, infini.
L'usage de monnaie fabrique l'exclusion, fabrique la rareté artificielle des biens (pour qu'ils aient de la valeur, de la rentabilité - l'abondance faisant écrouler les prix).
Si vous voulez que toute cette misère s'arrête, intéressez-vous aux idées postmonétaires. Ce n'est pas le monde du commerce qui va le faire et vous informer.