Cathy Quantin-Nataf est chercheur au laboratoire de géologie de Lyon. Elle travaille sur le projet Persévérance, ce robot qui cherche de la vie sur Mars, avec la NASA et le CNRS. Elle était connectée dans l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour faire le point sur cette mission.
La scientifique débute en dressant le bilan général : "Cela fait déjà trois ans qu'on est sur Mars avec le rover Persévérance. Le bilan est forcément assez important scientifiquement. Un des objectifs de Persévérance est de récolter des échantillons. On a déjà récolté plus d'une vingtaine d'échantillons. On a fait plein de découvertes à l'intérieur. Persévérance a atterri dans un ancien cratère d'impact qui pourrait avoir été un lac. Et on a découvert un certain nombre de roches qui étaient intéressantes à l'intérieur."
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Elle poursuit sur les la valeur des roches martiennes analysées par le le robot : "L'intérêt, c'est qu'elles n'ont pas toujours été à la surface de Mars. L'érosion fait que ces anciennes roches sont aujourd'hui à la surface de Mars, mais relativement bien préservées. C'est une des raisons pour lesquelles on est allées là-bas. Donc finalement, le temps a joué pour nous. Ce sont des anciennes roches fraîchement mises à la surface. Et alors, les échantillons, on ne les fait pas encore parler, mais on a un certain nombre d'instruments sur le rover qui vont prendre des mesures pour comprendre la composition des roches, leur contexte, leur nature, etc. Et quand on considère que la roche est très bien, on l'échantillonne. Et les échantillons sont juste prélevés, vont être posés au sol et un engin viendra les rechercher et les ramènera sur Terre. Et c'est une fois sur Terre, dans le laboratoire terrestre, qu'on fera parler vraiment ces cailloux. On est limités quand même avec les instruments qu'on a à bord du rover aujourd'hui."
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Plus de détails dans la vidéo sur SuperCam et les prochains déplacements de Persévérance...
La retranscription complète de l'émission :
Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de Mars et de Lyonnais. Depuis trois ans, et l'arrivée du robot Persévérance sur la planète Mars, une équipe de chercheurs lyonnais travaille sur ce projet piloté par la NASA, l'agence spatiale française et le CNRS avec pour objectif de découvrir la vie sur Mars. Pour en parler, nous avons le plaisir d'être connectés avec Cathy Quantin-Nataf, du laboratoire de géologie de Lyon, qui travaille sur ce projet. Bonjour Cathy Quantin-Nataf. Merci d'être connecté avec nous. On va rentrer dans le vif du sujet. Où est-ce qu'on en est de ce projet, de découvrir la vie sur Mars avec Persévérance? Quel est le dernier bilan depuis ces trois dernières années?
Ça fait déjà trois ans qu'on est sur Mars avec le rover Persévérance. Le bilan est forcément assez important scientifiquement. Un des objectifs de Persévérance est de récolter des échantillons. On a déjà récolté plus d'une vingtaine d'échantillons. On pourra en discuter si vous voulez. On a fait plein de découvertes à l'intérieur. Perseverance a atterri dans un ancien cratère d'impact qui pourrait avoir été un lac. Et on a découvert un certain nombre de roches qui étaient intéressantes à l'intérieur.
Justement, vous en parliez, on prélève des échantillons de cette roche. Comment est-ce que vous faites parler ces échantillons? Comment est-ce que vous faites parler ce sol martien finalement? Est-ce que tout n'a pas disparu avec le temps? Est-ce que ce sont d' anciennes roches? Si j'ai bien compris comment ça fonctionnait.
Exactement, c'est des anciennes roches. L'intérêt, c'est qu'elles n'ont pas toujours été à la surface de Mars. L'érosion fait que ces anciennes roches sont aujourd'hui à la surface de Mars, mais relativement bien préservées. C'est une des raisons pour lesquelles on est allées là-bas. Donc finalement, le temps a joué pour nous. C'est des anciennes roches fraîchement mises à la surface. Et alors, les échantillons, on ne les fait pas encore parler, mais on a un certain nombre d'instruments sur le rover qui vont prendre des mesures pour comprendre la composition des roches, leur contexte, leur nature, etc. Et quand on considère que la roche est très bien, on l'échantillonne. Et les échantillons sont juste prélevés, vont être posés au sol et un engin viendra les rechercher et les ramènera sur Terre. Et c'est une fois sur Terre, dans le laboratoire terrestre, qu'on fera parler vraiment ces cailloux. On est limités quand même avec les instruments qu'on a à bord du rover aujourd'hui.
Et justement, vous faites une parfaite transition. Un des instruments, je crois que c'est le SuperCam. Je ne suis pas spécialiste, donc je me garderai de le définir. Mais est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que c'est ? C'est un outil français qui fait la fierté des équipes françaises aussi, j'ai l'impression, sur Persévérance. Est-ce que vous pouvez nous en dire un mot ?
Oui, alors SuperCam, comme son nom l'indique, est un super instrument. Donc, c'est un peu un couteau suisse. Il fait des images, il a un microphone, il fait des analyses chimiques avec plusieurs techniques. Je vous passerai les détails, mais il y a au moins trois techniques différentes pour avoir la composition des roches. Et c'est un bijou de technologie. Et il y a un énorme savoir-faire français, à la fois industriel et spatial. Donc, c'est cette industrie spatiale qui a été mise au service de cet instrument SuperCam. Donc, c'est Fleuron de technologie française franco-américaine, pour être très juste, parce qu'il y a une partie aussi américaine. Et aujourd'hui, on l'opère tous les jours, c'est-à-dire que SuperCam, tout comme les autres instruments à bord de Persévérance, sont pilotés au quotidien pour qu'on fasse des analyses. Donc, il y a une équipe d'une cinquantaine de personnes français qui travaillent. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, il y a une cinquantaine de français qui travaillent sur Persévérance. Donc, on travaille à l'opération de cet instrument.
C'est vraiment un des outils les plus utilisés, non ? C'est ce que j'avais entendu. Est-ce que c'est vrai, cette affirmation ?
Oui, parce qu'il y a des instruments qui sont comme SuperCam, qui sont au-dessus de la tête du rover et qui sont des instruments qu'on dit à distance. C'est-à-dire qu'on peut faire analyser des roches à quelques mètres. Voilà, il peut tirer au laser à quelques mètres sur une roche et en avoir la composition. Et il y a d'autres instruments beaucoup plus difficiles à utiliser. Au bout du bras, il faut bouger le bras, il y a toute une préparation. Et donc, les instruments au bout du bras ne sont pas utilisés tous les jours, alors que SuperCam peut être utilisé tous les jours. Donc, en général, il y a bien deux, trois analyses, deux, trois roches à peu près tous les jours. Ça fait une moisson de données énorme.
D'accord. Est-ce que vous pouvez nous dire un mot aussi sur les projets un peu de déplacement, de persévérance ? Je crois que dans les mois qui viennent, il va changer de lieu.
Alors oui, il va sortir de ce fameux cratère. Il y a un cratère, donc c'est un trou créé par un impact météoritique. Vous imaginez un gros trou, puis c'est relativement haut. Et les remparts, ça fait comme une montagne, ça fait un bol. Et on va grimper la montagne du bord du cratère. Ça, ça va être un petit peu notre prochaine année, dirons-nous. Et ce qui est intéressant, c'est que dans ces montagnes, c'est des roches encore plus vieilles que celles qu'on a vues jusqu'à présent. Il nous tarde beaucoup d'aller là-bas.
En termes d'ancienneté, on parle de quel ordre de grandeur ?
Alors, ce sont des roches de plus de 4 milliards d'années. C'est vraiment le tout début de l'histoire des planètes. Et alors, en quoi Mars est intéressant pour ça ? C'est parce que sur Terre, on n'a quasiment plus de roches de cet âge-là, parce qu'il y a eu la tectonique des plaques, donc la surface de la Terre a été recyclée en quelque sorte. Alors que sur Mars, on a la trace des premiers moments de l'histoire d'une planète tellurique, donc où on peut marcher dessus. Et c'est à ce moment-là que la vie apparaissait sur Terre. C'est pour ça que Mars, on pense que c'est une très bonne image de roches primitives au moment de l'apparition de la vie dans le système solaire.
Merci beaucoup, Cathy Quantin-Nataf ce sera le mot de la fin. C'est déjà la fin des 6 minutes chrono. Merci d'avoir été connecté avec nous. Quant à vous, chers spectateurs, je vous remercie d'avoir suivi cette émission. Plus de détails sur le site lyoncapitale.fr. À très bientôt.