Laurent Legendre
Laurent Legendre

TCL : "Délicat de venir augmenter les tarifs dans une période où on n'a pas l'offre"

Laurent Legendre, conseiller métropolitain La France Insoumise, est l'invité de 6 minutes chrono pour évoquer la politique tarifaire du Sytral.

Le 1er janvier 2024, les tarifs des TCL ont augmenté. Une décision qui ne passe pas chez tous les partenaires de la majorité métropolitaine. Laurent Legendre, président du groupe des élus Insoumis, regrette cette décision : "On a encore un manque de chauffeurs de bus, notamment sur la ligne TCL, ce qui fait que les fréquences ne sont pas adaptées aux besoins des usagers. Donc ça paraît quand même délicat de venir augmenter les tarifs dans une période où on n'a pas l'offre. Et puis, on est en plein dans la mise en place de la ZFE. Les véhicules Crit'air 4, interdits au 1er janvier 2024, c'est 40 000 véhicules quasiment, qui ne peuvent plus circuler dans le centre Lyon Villeurbanne. Donc si on propose une alternative à ce public-là de vouloir se reporter sur les transports en commun, ça nous paraissait un bon signal que de geler les tarifs (...) On a un désaccord là-dessus avec Bruno Bernard.".

L'élu Insoumis de Villeurbanne revient aussi sur la question de la gratuité du réseau TCL : "C'est sûr que si on veut assurer pour toutes et tous le droit fondamental de pouvoir se déplacer sur la métropole, faire un service public de transport en commun gratuit nous paraît l'horizon qu'on doit atteindre. Dans le cadre budgétaire actuel, ça ne nous paraît pas possible. On rejoint Bruno Bernard là-dessus. Il y a 200 millions d'euros à aller trouver en nouvelles recettes pour faire cet libre accès pour les usagers. Donc il faut changer le cadre budgétaire au niveau national".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Laurent Legendre

Bonjour à tous et bienvenue et bonne année, aussi meilleurs vœux à vous qui nous regardez. 6 minutes de chrono reprend, et aujourd'hui on accueille Laurent Legendre. Vous êtes élu insoumis à la métropole de Lyon. On vous a invités pour revenir notamment sur une actualité que vous ne vouliez pas vous. C'est la hausse du prix des TCL qui va augmenter de 2,6 à 2,7%, ça dépend les titres de transport. Vous étiez opposé à cette hausse. Est-ce que vous pensez que le Sytral, l'organisme qui pilote les transports en commun dans l'agglomération lyonnaise, pouvait l'éviter, pouvait  faire sans cette hausse ?

Oui, oui, je pense qu'on pouvait faire différemment. Alors laissez-moi d'abord souhaiter une bonne année à tous les grands lyonnais et grands lyonnais, et avec des vœux de hausse de salaire. Je pense qu'on en a besoin aujourd'hui. Là on a les entreprises du CAC 40 qui viennent d'annoncer avoir versé 100 milliards de dividendes à leurs actionnaires en 2023, une hausse encore de 22% par rapport à 2022 sur les dividendes. Donc en fait, on a besoin d'augmenter les salaires dans ce pays, augmenter le SMIC, augmenter le point d'indice des fonctionnaires. Et cette hausse de salaire, voyez-vous, elle va être liée directement à notre sujet de transports en commun, puisque si on augmentait les salaires et qu'on indexait les salaires sur l'inflation, le versement mobilité augmenterait mécaniquement, viendrait alimenter les recettes du Sytral.


Oui, puisqu'une partie du financement des transports en commun provient des entreprises...

Une grosse partie, c'est quasiment la moitié, de ces recettes du versement mobilité. Et en fait, cette augmentation des recettes du Sytral nous permettrait de faire un gel des tarifs. C'est la position que nous avons depuis l'année dernière, que nous avons réexprimé auprès de Bruno Bernard pour cette actualisation des tarifs au 1er janvier 2024. Et c'est la position que nous tiendrons l'année prochaine d'avoir ce gel des tarifs TCL. Alors il y a plusieurs raisons à ça, les arguments sont encore les mêmes malheureusement. D'abord un manque de chauffeurs. On a encore un manque de chauffeurs de bus, notamment sur la ligne TCL, ce qui fait que les fréquences ne sont pas adaptées aux besoins des usagers. Donc ça paraît quand même délicat de venir augmenter les tarifs dans une période où on n'a pas l'offre. Et puis, on est en plein dans la mise en place de la ZFE. Les véhicules Crit'air 4, interdits au 1er janvier 2024, c'est 40 000 véhicules quasiment, qui ne peuvent plus circuler dans le centre Lyon Villeurbanne. Donc si on propose une alternative à ce public-là de vouloir se reporter sur les transports en commun, ça nous paraissait un bon signal que de geler les tarifs. On regrette vraiment cette position de Bruno Bernard, on a un désaccord là-dessus avec Bruno Bernard. Dernier point, l'augmentation du tarif solidaire de 5%. Là aussi, on est au-dessus de l'inflation, les salaires ne suivent pas. Donc vraiment, on pense qu'il est possible financièrement de faire ce gel des tarifs et on le redemande pour le 1er janvier 2025.

Il y a aussi en débat la gratuité. Alors Bruno Bernard a cloué assez rapidement le débat, notamment dans une interview à Lyon Capitale. Puisqu'on a vu qu'en fin d'année dernière, la métropole de Montpellier est passée à la gratuité. Est-ce que ça, ça ne pourrait pas être une bonne idée avec la ZFE ? Est-ce que vous, c'est quelque chose pour lequel vous vous poussez ?

Alors en tout cas, c'est l'horizon. C'est sûr que si on veut assurer pour toutes et tous le droit fondamental de pouvoir se déplacer sur la métropole, faire un service public de transport en commun gratuit nous paraît l'horizon qu'on doit atteindre. Dans le cadre budgétaire actuel, ça ne nous paraît pas possible. On rejoint Bruno Bernard là-dessus. Il y a 200 millions d'euros à aller trouver en nouvelles recettes pour faire cet libre accès pour les usagers. Donc il faut changer le cadre budgétaire au niveau national. C'est là où j'en reviens à mes bénéfices des actionnaires du CAC 40. Si la création de richesses des travailleurs de ce pays ne vient pas alimenter les services publics, c'est sûr qu'on a du mal à avoir des services publics performants, mais l'argent existe. Il est créé par les travailleurs, il est créé par les fonctionnaires et il est aujourd'hui récupéré.

Ça passera pour vous par l'augmentation du versement des entreprises ?

Alors c'est une piste. L'augmentation du versement de mobilité, notamment sur le périmètre de la ZFE. Aujourd'hui, le versement de mobilité est à 2% de la masse salariale sur la métropole, alors qu'il est à 3% sur l'île de France. On pourrait, dans un cœur de ZFE, augmenter ce versement de mobilité aux 2,95% similaires à l'île de France. On a une offre de transport en commun qui fait que les entreprises n'ont pas besoin de mettre à disposition du transport en particulier pour que les salariés viennent travailler chez eux.

Toujours pour anticiper cette fameuse ZFE, vous pilotez vous une mission d'étude sur la création d'un service métropolitain d'autopartage ? Est-ce que vous imaginez, puisqu'on va vers les plus grosses échéances de la ZFE, vous parliez des 40 000 critères 4, quand on va arriver sur les critères 1 en 2028, là on sera sur des ordres de grandeur beaucoup plus importants, est-ce que vous pensez que cette offre métropolitaine de service d'autopartage, elle peut permettre de passer finalement le cut de la ZFE ?

Alors c'est sûr que c'est une des clés vraiment très importantes. Il faut savoir qu'on a à peu près 700 000 véhicules immatriculés sur la métropole, qu'il y a effectivement furet à mesure un énorme pourcentage, quasiment la moitié des véhicules qui vont être interdits d'ici à la fin du mandat, et donc permettre aux usagers de se démotoriser, de se séparer de leurs véhicules polluants, mais qu'en contrepartie pour un abonnement au service d'autopartage qu'on a créé au mois de décembre sur la métropole, donc le service Citiz qui va être repris par la société publique locale de mobilité, et bien là on a une solution qui va permettre à la fois d'allier économie et écologie pour les grands lyonnais.

Il pourrait y avoir jusqu'à combien de véhicules dans cette flotte ?

Alors le schéma directeur qu'on a voté, c'est un objectif de 3500 véhicules à horizon 2030. Aujourd'hui on en est plutôt à... Ça paraît anecdotique par rapport à la quantité de véhicules qui vont eux être interdits. C'est sûr mais un véhicule en autopartage remplace jusqu'à huit véhicules, donc on a quand même un effet mécanique, un effet levier très important, et puis si les usagers sont au rendez-vous, si les grands lyonnais et les grands lyonnais s'abonnent au service d'autopartage, il sera possible de revoir ce schéma directeur à la hausse, et moi je le souhaite, et les informations que j'ai, c'est qu'on a un nombre croissant d'abonnés sur Citiz, et donc on est sur quelque chose de plutôt dynamique.

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