Julien Ranc, conseiller municipal d'opposition à Tassin-la-Demi-Lune, évoque deux sujets phares de sa ville : le retrait de la compétence urbanisme et le tram de l'ouest lyonnais.
Le tramway express de l'Ouest lyonnais (TEOL) crée des débats animés à Tassin-la-Demi-Lune. La municipalité s'oppose au projet porté par la majorité écologiste de la Métropole qui a privilégié ce mode de transport au détriment du métro E imaginé par Gérard Collomb. "Le deuil du métro, on l'a fait en 2022 quand la métropole a décidé de l'arrêter. A un moment donné, il faut être pragmatique. mon avis sur le Téol, il est le même que celui sur le métro E, où à l'époque, quand Bernard Rivalta aussi, il y a dix ans, parlait de l'extension du métro D, c'est-à-dire que toute solution de transport lourd qui permet de désengorger notre commune de la circulation de transit, elle est bonne à prendre. Le problème, c'est que le Téol, aujourd'hui, je pense qu'il est très adapté à Lyon, mais il n'est pas adapté à l'Ouest lyonnais, dans le sens où il ne va pas prévoir directement l'extension jusqu'à Craponne. Et donc, on garde cette habitude bien française, en fait, de s'arrêter toujours au milieu du guet, alors qu'on pourrait tout de suite prévoir l'extension vers Craponne pour désengorger aussi l'Ouest lyonnais. Et là, j'ai bien peur qu'on s'arrête au milieu du chemin. Et c'est dommage. Et j'aimerais bien que la métropole complète sa copie sur ce sujet-là pour pouvoir régler d'office ces difficultés-là", explique Julien Ranc, élu d'opposition Horizons à Tassin-la-Demi-Lune.
Il évoque aussi la perte de la compétence urbanisme de la ville faute d’avoir construit assez de logements sociaux. "Ca m'attriste de voir que l'Etat est obligé d'arriver à ces extrémités", souligne Julien Ranc.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Julien Ranc
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 Minutes Chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de lyoncapitale.fr. Et aujourd'hui, nous accueillons Julien Ranc, élu d'opposition Horizons, à Tassin-la-Demi-Lune. Une ville qui fait plutôt pas mal parler d'elle ces derniers temps. Tassin fait partie des quatre villes qui se sont vues retirer la compétence urbanisme, c'est-à-dire la possibilité de signer des permis de construire. La préfecture a considéré que Tassin n'avait pas fait assez d'efforts pour construire des logements sociaux. Concrètement pour vous, c'est presque un marchepied pour les élections municipales de 2026 de dire « vous voyez comme le maire a mal géré la ville », vous l'accueillez plutôt comme une bonne nouvelle ?
Je l'accueille comme une mauvaise nouvelle, moi ça m'attriste de voir que l'État est obligé d'arriver à ses extrémités. C'est quand même la preuve que le dialogue, il n'y en a plus et qu'il est rompu et qu'il n'a peut-être même jamais existé d'ailleurs. Parce que ce n'est pas la première fois que l'État nous met des pénalités. Déjà, sous le précédent mandat, on a eu une augmentation de l'amende sous le précédent mandat. Et donc là, on a carrément le couperet qui tombe avec le retrait même de notre compétence urbanisme. Ce qui fait que, grosso modo, notre maire en est réduit uniquement à donner les permis de construire pour les extensions de maison. Moi, c'est une décision qui m'attriste parce qu'elle est valable jusqu'à la fin du mandat. Et ça signifie accessoirement que, certes, on n'a pas respecté la loi. Où en est le maire du respect ne serait-ce que de l'État de droit. Et surtout qu'aujourd'hui, on est dans une vraie impasse sur le sujet du logement, avec une crise qui est face à nous, qui est quand même importante, que de nombreux acteurs décrivent, qui en plus n'est pas sans risque pour nos finances, puisque de fait, on a aussi nos finances publiques qui sont limitées par les droits de mutation qui sont en train de tomber. Donc finalement, c'est un sujet qui ne concerne pas que le fait de construire. Ça concerne aussi nos finances, ça concerne nos capacités à investir pour Tassin. Donc la décision, oui, elle m'attriste plus qu'autre chose parce qu'à vouloir faire un exemple, et je comprends l'État, quand vous avez quelqu'un qui vous tape dessus tous les quatre matins pour vous dire que vous n'êtes pas bon tous les jours, forcément, vous n'avez plus envie de travailler avec et ça m'inquiète pour la suite.
Est-ce qu'il y a un besoin de construire à Tassin et est-ce qu'il y a un besoin de construire du logement social, sachant aussi que Pascal Charmot, le maire de la commune, n'avait jamais caché lors des campagnes électorales qu'il ne voulait pas construire, qu'il ne voulait pas que la ville s'agrandisse, ce qui avait été validé par les électeurs ?
Oui, le problème, ce n'est pas tant le besoin, c'est la capacité aujourd'hui. Est-ce qu'on a encore des terrains susceptibles de pouvoir accueillir du logement collectif à Tassin ? Moi, j'ai des gros doutes, très sincèrement. Et donc il va falloir peut-être voir avec l'État les solutions pour qu'on agisse sur le stock, sans doute sur les logements vacants aussi, qui est un sujet crucial et qui n'est peut-être pas assez étudié. Et à mon avis, il y a aussi ce genre de solution qui doit être vue parce que l'inconvénient de la loi SRU telle qu'elle est faite aujourd'hui, c'est que vous n'atteignez jamais cet objectif de 25% puisque vous recalculez systématiquement sur le stock de logements. Donc plus vous en créez, et en fait jamais vous n'atteignez ces 25%.
Il y a des villes qui y arrivent...
Il y a des villes qui y arrivent parce qu'elles avaient un stock déjà important. Et ce qui n'est pas notre cas. Nous, on n'avait pas ce stock-là. Et on était une petite ville finalement de 15 000 habitants qui a énormément poussé dans les années 2000 et dans les années 2010. Donc aujourd'hui, il faut voir comment on fait pour rendre le logement plus accessible dans ce qu'on a d'existent. Et puis, le peu de terrain qu'on a, de toute façon, la préfecture, dans le cadre de ce droit, malheureusement, on n'est plus mettre chez nous et elle va devoir s'en saisir pour pouvoir construire. Ça m'attriste, mais c'est comme ça.
Et il va probablement aussi falloir construire puisqu'il y a l'arrivée d'un grand mode de transport qui est annoncé à horizon 2030. Le tram express de l'Ouest lyonnais, qui à la base aurait pu être un métro le métro E, mais la majorité écologiste à la métropole de Lyon a préféré l'option du tramway, qui annonce justement de la densification. Ce tramway, il est fortement contesté par la municipalité de Tassin. Vous, quelle est votre position là-dessus ? Vous avez fait votre deuil du métro ?
Le deuil du métro, on l'a fait en 2022 quand la métropole a décidé de l'arrêter. A un moment donné, il faut être pragmatique. Et c'est pas, on va dire, Pascal Charmot qui, excusez-moi de paraphraser de Gaulle, mais qui, pendant dix ans, nous dit le métro, le métro, le métro, en sautant comme un cabri, a réglé le problème puisque, pour le coup, non seulement on n'a pas le métro à cause de ce comportement outrancier vis-à-vis de la métropole, et peut-être que bientôt on n'aura même pas le tramway express à Tassin, puisque le président de la métropole l'a dit lui-même, on est capable éventuellement de ne pas le réaliser jusqu'à Tassin en 2021 du fait de l'opposition de la municipalité. Moi, je pense qu'aujourd'hui, c'est la même chose qu'avec l'État. Il y a un dialogue qui a été rompu avec la métropole parce que Pascal Charmot se pose dans cet impasse-là. Et il faut qu'on règle cette difficulté avec cet exécutif-là ou avec l'exécutif qu'on aura en 2026. Parce que le problème qu'on a à Tassin depuis dix ans avec cette gestion, c'est que, que le président de la métropole soit Gérard Collomb, que ce soit David Kimelfeld, que ce soit Bruno Bernard, la ville de Tassin systématiquement s'oppose à tous les projets que la métropole de Lyon peut mettre en place. Et cette opposition systématique, on voit qu'elle nous pose de grosses difficultés avec tous nos partenaires de l'État, effectivement, jusqu'à la métropole de Lyon. Donc moi, mon avis sur le Téol, il est le même que celui sur le métro E, où à l'époque, quand Bernard Rivalta aussi, il y a dix ans, parlait de l'extension du métro D, c'est-à-dire que toute solution de transport lourd qui permet de désengorger notre commune de la circulation de transit, elle est bonne à prendre. Le problème, c'est que le Téol, aujourd'hui, je pense qu'il est très adapté à Lyon, mais il n'est pas adapté à l'Ouest lyonnais, dans le sens où il ne va pas prévoir directement l'extension jusqu'à Craponne. Et donc, on garde cette habitude bien française, en fait, de s'arrêter toujours au milieu du guet, alors qu'on pourrait tout de suite prévoir l'extension vers Craponne pour désengorger aussi l'Ouest lyonnais. Et là, j'ai bien peur qu'on s'arrête au milieu du chemin. Et c'est dommage. Et j'aimerais bien que la métropole complète sa copie sur ce sujet-là pour pouvoir régler d'office ces difficultés-là. Sachant qu'en plus, ça fait quand même 10 ans, effectivement, que tout le sérail politique s'agit sur cette solution qui n'arrive pas, comme vous le disiez, avant 2032. Mais en attendant l'existent, ça fait 10 ans qu'on en parle et qu'il n'y a rien qu'à avancer, ni sur le ticket unique entre les TER et les TCL sur le tram-train, alors qu'on a le RER métropolitain à nos pieds, ni effectivement l'augmentation du nombre de bus en nocturne ou les week-ends. Donc, on n'a pas réglé ces difficultés-là, qui sont maintenant.
Les difficultés concrètes à Tassin avec le tram express, c'est quoi ? C'est quelques expropriations ?
Il y a évidemment une expropriation. C'est toujours douloureux. Mais bon, c'est le sens aussi de l'intérêt général et de l'intérêt public. On verra si, effectivement, elles sont utiles, parce que pour l'instant, il n'y a rien arrêté. Pour l'instant, le problème, et c'est celui qui a identifié effectivement la municipalité, enfin qui le voit effectivement comme un problème, c'est le fait d'empiéter, finalement, sur la voirée automobile, enfin sur la voirie routière, en tous les cas. Mais je veux dire, il faut se rendre à l'évidence à un moment donné, faire croire aux citoyens, comme le fait Pascal Charmot ou comme le font d'autres maires, qu'on va pouvoir continuer à utiliser notre voiture comme on le faisait avant. C'est être très malhonnête intellectuellement, parce que ce n'est pas la réalité. La réalité qu'on voit, c'est que nos concitoyens, ils utilisent de moins en moins leur voiture. On a eu une baisse de 13,5% depuis le début du mandat. C'est une évidence qu'on va avoir un usage de la voiture qui va être serviciel, on le sait. C'est une réalité d'ores et déjà, y compris dans les nouvelles générations, mais même dans les anciennes générations, parce que quand vous regardez le parc automobile de nos plus anciens, ils sont déjà en voiture Crit'air 1, donc ils prévoient déjà la ZFE d'accord. Donc l'usage de la voiture, il a changé, il va continuer à évoluer, il va se réduire. Et donc, il faut qu'on passe effectivement par de la prise sur la voie routière, même si je comprends que ça puisse attrister certaines habitudes. Mais on va devoir les changer parce que la transition écologique, malheureusement, qu'on soit de gauche ou de droite, c'est un sujet qui aujourd'hui est universel et on va devoir s'y mettre.