Thomas Rudigoz, député sortant Renaissance de la 1re circonscription du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono.
Sans forcément approuver le choix d'Emmanuel Macron de dissoudre Emmanuel Macron, Thomas Rudigoz justifie la tenue de ces élections législatives anticipées : "c'était inéluctable à un moment donné, on ne peut pas gouverner éternellement avec des 49.3, on en avait déjà fait deux années comme cela, on voyait que pour beaucoup de nos concitoyens à juste titre, c'était quelque chose qu'ils avaient du mal à accepter et donc nous aussi parlementaires, de ne pas pouvoir légiférer correctement lors du budget qui est un élément essentiel de la vie parlementaire, ce n'était pas satisfaisant".
Le député sortant centriste affrontera une candidate de la France Insoumise et en fait un axe de campagne : "je ne mets pas un signe égal entre le Rassemblement National et le Front Populaire parce que dans le Front Populaire, il y a des vrais républicains. Il y a Monsieur Roussel du Parti Communiste, il y a Monsieur Glucksmann et ses amis du Parti Socialiste. Il y a des écologistes qui, pour moi, même s'ils sont des adversaires politiques et avec qui je ne ménage pas mes efforts pour les battre, ce sont des républicains. Par contre, là on peut éventuellement trouver des comparaisons assez, beaucoup de similitudes, c'est avec la France Insoumise. Je les pratique depuis deux ans, pour moi, ils ne sont plus dans l'arc républicain".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Thomas Rudigoz
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale, et on continue de s'intéresser aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochain. Aujourd'hui on va parler de la première circonscription avec le député sortant, Thomas Rudigoz, donc député Renaissance de la majorité présidentielle, enfin même si vous ne l'êtes plus, vous êtes le député sortant, déjà est-ce qu'on peut revenir sur, même si ça commence à dater un peu, mais cette dissolution, est-ce que pour vous c'était le bon choix et c'était le bon moment ? Est-ce que vous êtes d'accord avec ce qu'a décidé Emmanuel Macron ?
Je n'ai pas à dire si je suis d'accord ou pas avec le président de la République, il a un certain nombre de prérogatives qui lui appartiennent. Moi je pensais que c'était inéluctable à un moment donné, on ne peut pas gouverner éternellement avec des 49.3, on en avait déjà fait deux années comme cela, on voyait que pour beaucoup de nos concitoyens à juste titre, c'était quelque chose qu'ils avaient du mal à accepter et donc nous aussi parlementaires, de ne pas pouvoir légiférer correctement lors du budget qui est un élément essentiel de la vie parlementaire, ce n'était pas satisfaisant. Donc pour moi et pour beaucoup de nos collègues, on était préparé certainement à l'automne avec certainement un budget qui aurait été censuré, une motion de censure qui aurait fait chuter le gouvernement, à ce moment-là le président de la République qui avait déjà donné un certain nombre d'indications, il y aurait eu cette dissolution. Effectivement je ne pensais pas qu'elle serait aussi rapide.
On a surtout l'impression qu'elle va se retourner contre votre camp, qu'il a torpillé son camp, ou en tout cas que la grenade, la fameuse grenade dont il a parlé, même si ça a été démenti par l'Elysée, elle va surtout faire des dégâts dans votre camp, il y a des projections qui vous annoncent à moins de 100 députés. Vous par exemple, votre siège aujourd'hui, on pourrait dire que vous êtes en balotage Est-ce que finalement on ne risque pas de se retrouver avec une situation encore plus ingouvernable à la fin qu'au début ?
Il y a un risque, incontestablement. Moi mon objectif, je suis concentré sur ma circonscription, vous imaginez bien Paul, il faut que je sois réélu. En 2022 déjà, on me disait que je n'avais aucune chance de gagner le deuxième tour. J'avais un retard de voix de 1900.
On y viendra là-dessus, mais sur le côté ingouvernable, est-ce que vous avez l'impression qu'on se retrouve universel ?
Il y aura un nouveau type de gouvernement. On ne pourra pas effectivement gouverner qu'avec la majorité présidentielle actuelle. Il va falloir ouvrir, c'est ce qu'a annoncé le président de la République lors de sa conférence de presse, il va falloir qu'il y ait des femmes et des hommes députés de bonne volonté qui, à l'issue de ce scrutin, qu'ils viennent de la gauche sociale-démocrate ou de la droite républicaine, acceptent de faire un gouvernement de coalition pour gouverner notre pays pour les prochaines années.
Mais comment vous, la majorité présidentielle, qui n'avez pas su pendant les deux premières années de majorité relative faire des compromis, vous allez y arriver cette fois-ci alors que vous serez encore plus affaibli ?
Mais on a passé notre temps à faire des compromis, je ne suis pas du tout d'accord avec vous. Ce qui nous a manqué, c'est d'avoir un partenaire, parce qu'il y avait dans toute grande démocratie européenne, ça a toujours existé, on voit bien l'Allemagne, ils arrivent à faire des accords entre sociodémocrates et CDU. Quand il y a vraiment des moments de crise grave dans tout grand pays européen, on peut En France, on n'y arrive pas. Les LR, ou tout du moins une partie des LR, n'a pas voulu répondre à la main tendue par le président de la République. C'est en grande partie ce qui nous a provoqué cette situation-là. Maintenant, je crois et j'espère qu'une grande partie des députés LR et des députés socio-démocrates accepteront de constituer un tel gouvernement de coalition.
Vous serez prêt, le cas échéant, à leur laisser peut-être le poste de Premier ministre, puisque vous ne seriez pas forcément le groupe pivot, vous pourriez être une force d'appoint dans cette coalition ?
Ce n'est pas moi qui décide. Ça, c'est encore une fois les prérogatives du président de la République. Ce que je peux juste vous dire, c'est que ça ne me choquerait pas.
Que ce soit quelqu'un du centre-gauche ou du centre-droite ?
Du centre-droite, bien entendu. Il faut que ce soit quelqu'un qui corresponde à ma façon de faire de la politique.
Parce que pour l'instant, vos offres ont été repoussées...
Je le vois bien. Par exemple, là, je vois ce qui s'est passé avec les LR et le RN, le très mauvais coup que fait Éric Ciotti à sa famille politique de faire cet accord avec Marine Le Pen. La grande majorité, quasi-totalité des députés LR l'ont refusé. Et nous, en contrepartie, pour qu'ils arrivent à être réélus, le parti Renaissance a accepté de ne pas présenter pour un certain nombre d'entre eux des candidats face à eux. Donc vous voyez bien que nous sommes déjà en train d'avoir cette progression pour arriver un jour à une coalition.
Pour revenir à votre première circonscription, vous en êtes à votre deuxième mandat de Vous aviez été réélu face à une candidate, la France Insoumise, pour l'ANUPS en 2022 avec 52% des suffrages. Aujourd'hui, quand on regarde les résultats des européennes, on se dit que vous êtes quand même en fâcheuse posture puisque la liste Renaissance n'a obtenu que 15,7% des suffrages aux élections européennes. Là où le Front Populaire est à 47% quand on réunit toutes les forces. Peut-être qu'il y aura de la déperdition en ligne chez eux, peut-être un peu plus de dynamique chez vous. Mais pour l'instant, à ce stade-là, vous n'êtes même pas assuré d'être au second tour...
Je pense que ça sera très différent, vous le verrez au moment des résultats du premier Il y a un élément extrêmement important. C'est l'UPS 2, j'ai beaucoup de mal à les appeler Front Populaire, qui a désigné une proche de Jean-Luc Mélenchon, donc une candidate de la France Insoumise. Je peux vous dire que je suis sur le terrain maintenant depuis quatre jours, une grande partie des électeurs du cinquième arrondissement par exemple, qui ont voté Glucksmann aux européennes, m'ont dit qu'il était hors de question pour eux de voter pour une candidate LFI proche de Mélenchon. Donc il va y avoir des mouvements, il va y avoir des mouvements importants, je pense, et j'espère bien justement, je suis lucide, je n'arriverai pas en tête au premier tour comme la dernière fois. Par contre, je pense que je ne serai pas du tout dans l'écart que vous avez dit des européennes et on ne peut pas traduire une élection comme les européennes sur une législative, il y a une part aussi personnelle qui joue. Et puis il y a une mobilisation de beaucoup de nos électeurs qui n'ont pas été votés au moment des européennes, parce que le taux d'abstention était encore élevé, et bien cette fois-ci, ils vont y aller, et notamment parce qu'ils n'ont pas envie d'avoir une députée LFI pour la première circonscription.
Vous, vous mettez un signe égal entre le Rassemblement National et le Front Populaire ?
Non, je ne mets pas un signe égal entre le Rassemblement National et le Front Populaire parce que dans le Front Populaire, il y a des vrais républicains. Il y a Monsieur Roussel du Parti Communiste, il y a Monsieur Glucksmann et ses amis du Parti Socialiste. Il y a des écologistes qui, pour moi, même s'ils sont des adversaires politiques et avec qui je ne ménage pas mes efforts pour les battre, ce sont des républicains. Par contre, là on peut éventuellement trouver des comparaisons assez, beaucoup de similitudes, c'est avec la France Insoumise. Je les pratique depuis deux ans, pour moi, ils ne sont plus dans l'arc républicain.
Ils se diront républicains et s'en éloigneront plus vite que la flèche de son arc !
LFI est classée à gauche par le Conseil d'Etat et le R-Haine est classé à l'extrême droite par le même conseil que ce triste sire le veuille ou pas. Si on en est là, c'est à cause de vous, la majorité présidentielle. Vous critiquez le Nouveau Front Populaire et LFI, ça permet de ne pas vous remettre en question. Si le R-Haine est aux portes du pouvoir, c'est de de votre faute et seulement de votre faute.