Thibaut Chardey, coprésident de la Ville à vélo, l'association qui promeut ce mode de transport à Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
La Métropole de Lyon a récemment annoncé le report de certains travaux dans une sorte de geste d'apaisement. Les projets sacrifiés concernent principalement des pistes cyclabes comme la partie centrale de la Voie lyonnaise n°12. Une décision qui passe mal auprès de la Ville à vélo, le lobby du vélo dans la métropole de Lyon. "Cette annonce, on la déplore et elle fait suite à plusieurs annonces de report. Ces mois précédents, au niveau des réseaux des Voies Lyonnaise, on était sur un réseau à la base prévu de 250 km. Et aujourd'hui, la métropole annonce plutôt 180 km à l'horizon de la fin du mandat", constate Thibaut Chardey.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Thibaut Chardey
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec Thibaut Chardey, coprésident de la Ville à vélo qui est une association, on va dire, le lobby du vélo dans la métropole de Lyon. Bruno Bernard, ces derniers jours, a tenu à apporter quelques précisions sur l'ampleur des travaux menés dans la métropole. C'est d'ailleurs le sujet de l'une du dernier Lyon Capitale : beaucoup de travaux jusqu'à la fin du mandat. Il a dit "on va un peu réduire la voilure parce qu'on est conscients de la gêne occasionnée". Ce qui est abandonné, c'est notamment un projet de voie Lyonnaise, ces autoroutes à vélo. La partie centrale de la voie Lyonnaise 12 qui permettrait en gros de traverser le cœur de la métropole d'est en ouest. J'imagine que pour vous, c'est plutôt un très mauvais signal et une très mauvaise nouvelle...
Effectivement, le report de l'aménagement de cette voie Lyonnaise 12 dans sa partie centrale est pour nous forcément décevante. C'est un axe qui était particulièrement attendu par nos adhérents et par les cyclistes lyonnais. Un des axes les plus parcourus à vélo dans la métropole.
C'est l'axe pour faire simple et pour que tout le monde comprenne bien, l'axe Bellecour jusqu'à Grange-Blanche et même après jusqu'à l'entrée de Bron avec une piste cyclable dédiée.
C'est ça, tout à fait. C'était le projet. Donc aujourd'hui, Bruno Bernard a annoncé le report de ses travaux à 2026 à minima. Effectivement, aujourd'hui, cette annonce, on la déplore et elle fait suite à plusieurs annonces de report. Ces mois précédents, au niveau des réseaux des Voies Lyonnaise, on était sur un réseau à la base prévu de 250 km. Et aujourd'hui, la métropole annonce plutôt 180 km à l'horizon de la fin du mandat.
Sachant qu'aujourd'hui, vous tenez un décompte sur votre site internet Cyclopolis qui permet de voir où on en est de l'état d'avancement ? On en est loin de ces 180-150 km ?
Effectivement, à date, on compte environ une trentaine de kilomètres d'aménagements déjà existants qui vont être labellisés « Voies Lyonnaise ». Une trentaine de kilomètres de nouveaux aménagements qui sont déjà réalisés à date, donc en trois ans. On a environ 60 kilomètres qui ont été reportés, déjà annoncés et reportés sur un prochain mandat, auquel il faudra rajouter cette voie Lyonnaise 12 sur le cours Albert Thomas. Et il nous resterait aujourd'hui, en toute théorie, une centaine de kilomètres de voie Lyonnaise à aménager en un an, en 2025. Pour vous, c'est impossible à faire ? Ça paraît en tout cas complexe. C'est pour ça aujourd'hui qu'on a une nouvelle annonce de report qui arrive, puisque ça fait effectivement des chantiers en parallèle très importants à mener. Et donc, on se rend bien compte que faire 100 kilomètres de nouveaux aménagements cyclables à travers la métropole, ça paraît compliqué en une seule année. On espère que le maximum, en tout cas, pourra être fait, puisque l'attente est forte. Et on espère bien que ce projet se pérennisera dans un prochain mandat, quel que soit d'ailleurs l'équipe politique aux manettes, puisque c'est un projet qui est très envié et qui aujourd'hui est très désiré par une grande partie des Grands Lyonnais.
Qui est aussi décrit, et finalement c'est peut-être une des raisons pour lesquelles Bruno Bernard a mis ce projet-là en pause, puisqu'il a expliqué que c'était finalement pour ne pas rajouter des travaux aux travaux, comprenant que ça pouvait devenir compliqué l'exaspération montante des habitants de la métropole. Vous pensez que c'est vraiment ça, ou qu'il y a aussi peut-être des problèmes financiers à la métropole de Lyon, comme toutes les collectivités sont soumises au tournant de la rigueur imposée par l'État ? Ou voire l'incapacité technique, peut-être, de le faire, financière et technique...
Je pense qu'il y a plusieurs éléments qui expliquent ceci. On a effectivement probablement un volet financier, où la métropole a dû se serrer la ceinture sur l'année 2025, liée notamment à la baisse des rentrées d'argent liées aux transactions immobilières, qui est une rentrée d'argent importante pour les départements, comme la métropole. Et donc qui a demandé à chacun de ce service de se serrer la ceinture. Donc le vélo doit faire partie effectivement des efforts. Il n'y a pas de raison qu'on ne fasse pas d'efforts côté vélo. Donc c'est une des raisons. Il y a aussi probablement le fait qu'on arrive, comme je le disais, avec une sorte de bouchon de travaux de voie lyonnaise. On va faire en même temps avec une centaine de kilomètres à réaliser en un an, ce qui paraît beaucoup. Mais qui fait suite aussi à une longue phase de concertation de la métropole, avec les élus, les citoyens, les commerçants, qui a fait que le projet a pris du retard. Puisque la métropole a voulu bien faire. Donc quand on dit souvent que la métropole ne concerte pas pour le coup sur les mayonnaise pendant deux ans, il ne s'est pas passé grand chose justement parce que la métropole a passé beaucoup de temps à concerter l'ensemble des parties prenantes, dont nous la ville à vélo. Et donc aujourd'hui, les projets ont pris un peu de retard par rapport au planning initial qui avait été annoncé lors des concertations. Et donc effectivement, on se retrouve avec beaucoup de projets qui paraissent difficilement tous réalisables en même temps, en un an de temps, alors qu'on a réalisé que 30 kilomètres en trois ans.
Est-ce que finalement, il n'y a pas peut-être un problème politique pour les écologistes ? D'un côté, les automobilistes ont l'impression qu'il y a beaucoup plus de piste cyclable, qu'il n'y a que des voies lyonnaise, que tout a été fait pour les cyclistes. Et de l'autre côté, quand on vous écoute vous, qui êtes un des porte-paroles finalement des cyclistes, vous dites, il y a des choses qui ont été faites, mais alors le contenu, c'est pas encore ça. Ou en tout cas, la promesse n'est pas au rendez-vous. Est-ce qu'il n'y a pas un risque de faire des déçus finalement des deux côtés ?
C'est le rythme d'un projet aussi ambitieux que les voies lyonnaise, parce qu'il faut quand même dire que la majorité métropolitaine actuelle a été extrêmement ambitieuse sur ce projet. De 150 kilomètres à sortir de réseaux cyclables en un mandat, c'était extrêmement ambitieux. On se rend compte aujourd'hui que l'ambition était un peu trop grande, et qu'effectivement, des associations des cyclistes comme nous, on va forcément être un petit peu déçu par rapport aux annonces initiales qui avaient été faites sur le réseau réel qui existera en 2026 lors des élections municipales et métropolitaines. Maintenant qu'on a dit ça, en parallèle, effectivement, de déployer un tel réseau, c'est une gêne, très clairement. Donc ça crée des travaux. Les travaux sont là. Même si l'ambition est un peu revue à la baisse, ces travaux sont très nombreux. Et on constate, effectivement, les commentaires dans la société lyonnaise le prouvent. Maintenant, je pense que, de toute façon, ces travaux sont nécessaires. C'est-à-dire qu'on a besoin, on est de plus en plus nombreux dans la métropole de Lyon pour se déplacer, et donc pour pouvoir se déplacer efficacement, pour pouvoir désengorger à la fois les axes routiers et les transports en commun, on a besoin d'axes cyclables de masse pour mettre un maximum de personnes qui le désirent sur le vélo, et que chacun puisse trouver sa place et se déplacer le mieux possible dans la métropole.