Vincent Cristia est le directeur général de Lyon Métropole Habitat, un des bailleurs sociaux de la métropole de Lyon.
Vincent Cristia est le directeur général de Lyon Métropole Habitat, un des bailleurs sociaux de la métropole de Lyon.

Bailleurs sociaux : "À l'échelle nationale, la situation est très compliquée"

Vincent Cristia est le directeur général de Lyon Métropole Habitat, un des bailleurs sociaux de la métropole de Lyon. Il était sur le plateau de l'émission "6 Minutes Chrono" de Lyon Capitale pour faire un point sur la conjoncture des bailleurs sociaux.

Le directeur général de Lyon Métropole Habitat fait état d'un contexte difficile pour le secteur : "Ce que l’on a partagé à l'échelle nationale la semaine dernière effectivement pendant notre congrès, c’est que la situation est très compliquée. J'ai envie de dire qu'elle est même un peu bloquée à l'échelle de l'immobilier en général et en particulier aussi pour le logement social. Quelques chiffres peut-être pour vous donner un peu la mesure de ce qui se passe. La promotion immobilière nous explique qu'elle a vu aujourd'hui son chiffre d'affaires réduit de plus de 30%. C'est aussi ce qu'on voit sur la métropole de Lyon donc effectivement ça ne se voit pas forcément pour les habitants mais c'est vrai que, nous, on le voit en amont : il y a de moins en moins de programmes qui sont en commercialisation. Et nous ce qu'on peut voir aussi très concrètement c'est que de l'autre côté de la chaîne, les gens qui attendent un logement continuent d'être de plus en plus nombreux. Là aussi c'est un petit chiffre qui donne un peu la situation. On a aujourd'hui plus de 90 000 demandeurs de logements sociaux sur la métropole de Lyon, une métropole d'environ 1,5 million d'habitants donc c'est une personne sur 20, même un peu plus que ça, qui aujourd'hui attend un logement. C'est un chiffre qui a augmenté de 30% en moins de 4 ans. Donc on voit bien que la situation est quand même très complexe et aujourd'hui un peu bloquée."

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Vincent Christia avance aussi ce qu'il attend de la nouvelle ministre du logement, Valérie Létard, nommée il y a quelques jours : "De manière assez pragmatique, déjà que l’on n'ait pas de nouvelles ponctions. Cela peut paraître peut-être un peu limité de dire ceci mais quand on voit la situation globale de nos finances publiques, j'ai envie de dire, déjà, que l’on ne nous mette pas dans une situation plus difficile que celle qu'elle est aujourd'hui et évidemment, je crois qu'on a des signaux que l'on attend fortement sur, notamment, la réhabilitation thermique. On avait eu des annonces l'an passé qui ont été gelées donc on a besoin de ces signaux là pour pouvoir là aussi maintenir la cadence pour le bien être des habitants qui sont dans les logements, sur ces réhabilitations thermiques."

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Sur la rénovation énergétique : "Ce n’est pas forcément quelque chose qui est connu du grand public : aujourd'hui les étiquettes E F et G qu'on appelle passoires énergétiques, sont plus présentes dans le parc privé que dans le parc social, donc ça se trouve aussi chez nous, c'est à dire que nous on a un parc de 35 000 logements à l'échelle de la métropole de Lyon, on a à peine 10% de ce parc qui aujourd'hui est concerné par ces étiquettes et qu'on traitera dans les délais qui seront impartis par la réglementation. Mais c'est vrai que par rapport aux moyens de financement, on avait eu des annonces l'an passé de l'État qui allaient nous aider un petit peu sur ces investissements. C'est aujourd'hui ce qui est plus difficile à équilibrer en vérité, parce qu'évidemment ce sont des logements qui sont déjà occupés avec des recettes locatives qui existent déjà, donc forcément le modèle économique est plus difficile sur ces opérations que quand on investit sur des opérations neuves."

Plus de détails dans la vidéo :


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de logement social avec Vincent Cristia, qui est le directeur général de Lyon Métropole Habitat, un des bailleurs sociaux de la métropole de Lyon. Bonjour Vincent Cristia. Merci d'être venu sur notre plateau. On va rentrer dans le vif du sujet. Le congrès HLM qui réunit la profession vient de se clôturer à Paris. Comment se porte votre secteur, le secteur des bailleurs sociaux actuellement ? Quel est le contexte de la conjoncture ? 

Ce que l’on a partagé à l'échelle nationale la semaine dernière effectivement pendant notre congrès, c’est que la situation est très compliquée. J'ai envie de dire qu'elle est même un peu bloquée à l'échelle de l'immobilier en général et en particulier aussi pour le logement social. Quelques chiffres peut-être pour vous donner un peu la mesure de ce qui se passe. La promotion immobilière nous explique qu'elle a vu aujourd'hui son chiffre d'affaires réduit de plus de 30%. C'est aussi ce qu'on voit sur la métropole de Lyon donc effectivement ça ne se voit pas forcément pour les habitants mais c'est vrai que, nous, on le voit en amont : il y a de moins en moins de programmes qui sont en commercialisation. Et nous ce qu'on peut voir aussi très concrètement c'est que de l'autre côté de la chaîne, les gens qui attendent un logement continuent d'être de plus en plus nombreux. Là aussi c'est un petit chiffre qui donne un peu la situation. On a aujourd'hui plus de 90 000 demandeurs de logements sociaux sur la métropole de Lyon, une métropole d'environ 1,5 million d'habitants donc c'est une personne sur 20, même un peu plus que ça, qui aujourd'hui attend un logement. C'est un chiffre qui a augmenté de 30% en moins de 4 ans. Donc on voit bien que la situation est quand même très complexe et aujourd'hui un peu bloquée. 

Et alors malgré, pourtant, la baisse des taux de crédit immobilier, la BCE, les banques centrales ont rendu l'argent un peu moins cher disons et puis peut-être la baisse de l'inflation, j'allais dire, peut-être qu'on peut le rappeler les bailleurs sociaux se financent aussi avec le taux du livret A que tout un chacun connaît, peut-être que ce taux pourrait baisser pour les français mais en même temps ça pourrait donner un peu d'air frais aux bailleurs sociaux, est-ce que ça peut arriver dans les prochains mois, prochaines années ? 

Ce qui nous a été annoncé justement la semaine dernière par le directeur général de la Caisse des Dépôts, c'est qu'on allait avoir, d'un point de vue plus positif pour notre modèle, des annonces de baisse du taux du livret A sûrement en février de l'année prochaine, après aujourd'hui on est quand même passé d'un taux, on se le rappelle, qui était quasiment à 1% il y a moins de deux ans à 3% et donc aujourd'hui même s'il y a une baisse qui est prévue l'année prochaine elle sera somme toute mineure par rapport à là d'où on vient et donc malheureusement ça ne suffira pas vraiment pour qu'on en mesure les fruits dès l'année prochaine, après évidemment toute baisse du taux nous sera tout de même utile dans le modèle. 

Parce qu'on en parlait avant l'émission, en fait le nerf de la guerre c'est qu'il manque des investissements publics, ça a été longuement dit et annoncé au congrès HLM, aujourd'hui les bailleurs sociaux sont aussi soumis au calendrier du DPE sur les locations où les passoires thermiques vont devoir sortir, est-ce que la rénovation énergétique c'est aussi un sujet chez les bailleurs aujourd'hui et chez vous aussi ? 

Oui tout à fait, c'est une très bonne question. C'est vrai qu'on le rappelle aussi souvent en tant que bailleurs sociaux, ce n’est pas forcément quelque chose qui est connu du grand public : aujourd'hui les étiquettes E F et G qu'on appelle passoires énergétiques, sont plus présentes dans le parc privé que dans le parc social, donc ça se trouve aussi chez nous, c'est à dire que nous on a un parc de 35 000 logements à l'échelle de la métropole de Lyon, on a à peine 10% de ce parc qui aujourd'hui est concerné par ces étiquettes et qu'on traitera dans les délais qui seront impartis par la réglementation. Mais c'est vrai que par rapport aux moyens de financement, on avait eu des annonces l'an passé de l'État qui allaient nous aider un petit peu sur ces investissements. C'est aujourd'hui ce qui est plus difficile à équilibrer en vérité, parce qu'évidemment ce sont des logements qui sont déjà occupés avec des recettes locatives qui existent déjà, donc forcément le modèle économique est plus difficile sur ces opérations que quand on investit sur des opérations neuves. 

Et justement alors, est-ce que rénover ça empêche de construire des nouveaux logements ? Vous l'avez dit la demande est très forte, il y a beaucoup de personnes qui demandent d'accéder aux logements locatifs sociaux, est-ce que ça empêche des investissements dans la construction ? 

En tout cas à l'échelle nationale c'est vrai que là aussi la Caisse des Dépôts qui analyse ça sur de longues périodes, constate qu'il est probable qu'on ait un manque de financement global pour le secteur, pour arriver à tenir à la fois des objectifs de construction neuve, pour arriver à loger tous nos concitoyens et en même temps maintenir le parc dans un bon niveau de finalement de logement pour les gens qui y habitent. Ceci est un vrai sujet à l'échelle globale. Moi ce que je veux vous dire pour Lyon Métropole Habitat et pour la Métropole de Lyon, puisqu'on travaille évidemment de près avec la Métropole de Lyon, notre actionnaire, nous on a une situation on va dire économique qui nous permet jusqu'à aujourd'hui de mener les deux fronts et on est plutôt dans une accélération tant sur l'investissement du patrimoine que sur les opérations neuves. 

D'accord donc juste vous, Lyon Métropole Habitat, pas forcément tout l'ensemble des bailleurs. 

Voilà c'est pour ça que je faisais un peu la distinction. Effectivement les chiffres globaux montrent qu'il y a sûrement un besoin de financement quand même qui va apparaître. Aujourd'hui en tout cas ce que je voulais vous dire c'est que nous, aujourd'hui, on n'a pas ralenti ni sur l'un ni sur l'autre. Évidemment on sera peut-être amené à le faire si dans les années qui viennent notre modèle ne le permet pas mais aujourd'hui en tout cas et c'est aussi la demande de nos élus, c'est vraiment de continuer à investir massivement sur le patrimoine, ce qu'on fait, et sur le neuf. Aujourd'hui c'est quasiment 180 millions d'euros qu'on dépense chaque année sur le territoire pour à la fois faire de la réhabilitation thermique et en même temps construire des logements neufs. 

On a une nouvelle ministre du logement qui a été nommée il y a quelques jours seulement, quelle devrait être sa priorité selon vous pour soutenir le logement social ? 

De manière assez pragmatique, déjà que l’on n'ait pas de nouvelles ponctions. Cela peut paraître peut-être un peu limité de dire ceci mais quand on voit la situation globale de nos finances publiques, j'ai envie de dire, déjà, que l’on ne nous mette pas dans une situation plus difficile que celle qu'elle est aujourd'hui et évidemment, je crois qu'on a des signaux que l'on attend fortement sur, notamment, la réhabilitation thermique. On avait eu des annonces l'an passé qui ont été gelées donc on a besoin de ces signaux là pour pouvoir là aussi maintenir la cadence pour le bien être des habitants qui sont dans les logements, sur ces réhabilitations thermiques. 

Ce sera le mot de la fin, merci beaucoup Vincent Cristia d'être venu sur notre plateau pour nous expliquer tout cela. Quant à vous, vous pouvez retrouver plus d'informations sur la question du logement l'immobilier les bailleurs sociaux sur le site lyoncapitale.fr à très bientôt  

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