La majorité écologiste change de braquet sur l’autopartage lyonnais, en projetant de faire passer la flotte de véhicules de 400 à 3 600 d’ici 2030. Une ambition de nouveau service public qui interroge.
Les Lyonnais sont-ils prêts à lâcher leur voiture ? Les arguments semblent nombreux depuis l’arrivée au pouvoir des écologistes à la Ville et à la Métropole de Lyon. D’un côté, se déplacer en voiture n’a jamais été aussi difficile. À partir du 1er janvier 2025, les 135 000 voitures en Crit’Air 3 de la métropole, un quart du parc, ne pourront même plus circuler dans le centre de l’agglomération. De l’autre, les alternatives à l’automobile se multiplient (vélo, trottinette, BHNS, tramway…). Pourtant la voiture, sous une autre forme, n’a peut-être pas dit son dernier mot à Lyon. De fait, la voiture partagée trouve grâce aux yeux des élus de la majorité. Le concept est simple. Il s’agit de louer des voitures facturées à la minute et au kilomètre, soit depuis et vers un parking réservé (trajet de A vers A), soit grâce à des véhicules dispersés dans les rues (trajet de A vers B). La voiture est louée clé en main : pas besoin de souscrire ni à une assurance ni de se soucier de l’essence, de l’entretien ou du parking.
Une idée pas si nouvelle puisque, déjà en 2003, l’association La Voiture autrement proposait ce service à Lyon. Mais aujourd’hui les écologistes veulent changer de braquet, d’autant qu’un tiers des foyers du territoire métropolitain a renoncé à posséder une voiture selon la Métropole. Actuellement, seuls quelques acteurs publics et privés se partagent ce marché de niche. Parmi eux Leo&Go (400 véhicules), Drivalia (100 véhicules) et surtout Citiz (400 véhicules répartis dans 162 stations) porté par la Métropole de Lyon. C’est avec cet outil que les Verts veulent changer de paradigme, en projetant de faire passer la flotte à 3 600 véhicules d’ici 2030.
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Un gain environnemental
Des petites voitures en passant par les utilitaires, sur le papier, la proposition a de quoi séduire les habitants de la métropole. D’ailleurs, Leo&Go revendique déjà 40 000 utilisateurs et Citiz compte plus de 10 000 abonnés. En plus d’une tarification attractive [voir le tableau ci-dessous], chaque voiture en autopartage mise sur le circuit remplacerait jusqu’à 8 véhicules privés (Ademe). On le rappelle, 60 % des émissions de CO2 liées aux transports sont causées par les véhicules des particuliers (AEE). S’ajoute à cela un gain non négligeable d’espace, intéressant à l’heure où chaque mètre carré de voirie est disputé pour, au choix, devenir une place de stationnement, mettre des arceaux de vélo ou bien végétaliser la surface. Pour Fabien Bagnon (EÉLV), porteur du projet et vice-président à la Métropole de Lyon : “Certes ça ne remplacera pas le break familial. Mais ça peut remplacer la deuxième voiture d’un ménage. Notre idée n’est pas de remplacer toutes les voitures individuelles. Ça a du sens pour ceux qui utilisent peu leur voiture et c’est tout. Après, je rappelle qu’une voiture à Lyon est en moyenne à l’arrêt 96 % du temps.” L’élu souhaite aussi souligner qu’il “n’est pas contre la voiture qui reste un miracle de mobilité. C’est juste que, massifiée dans des grandes agglomérations, elle apporte beaucoup de nuisances aux habitants et en premier lieu la pollution”.
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Des freins demeurent
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