©PHOTOPQR/LE PROGRES/Maxime JEGAT – Visite du chantier du tunnel Lyon-Turin

Lyon-Turin : un rapport du gouvernement donne l'avantage à la ligne historique entre Dijon et Modane

La question des voies d'accès au tunnel sous la frontière, est toujours brûlante. Un rapport du Comité d'orientation des infrastructures (COI) donne sa faveur à la ligne historique entre Dijon et Modane.

Le Lyon-Turin, comme imaginé à l'origine, a du plomb dans l'aile. Un rapport du Comité d'orientation des infrastructures (COI), instance de conseil pour le ministre chargé des Transports, donne sa faveur à la modernisation de la ligne existante entre Dijon-Modane sur la question des voies d'accès au tunnel transfrontalier. Une recommandation qui repousserait à 2042, dans le meilleur des cas, la livraison d'une nouvelle ligne jusqu'au tunnel.

"Le COI recommande d’accélérer les études et la réalisation en vue d’une livraison complète pour l’ouverture du tunnel de base Lyon-Turin, dont la ligne Dijon Modane constitue l’accès." explicite l'étude qui privilégie donc la ligne historique.

2042 pour une ligne nouvelle

En parallèle, le rapport préconise de repousser à plus tard les études et les travaux pour une nouvelle ligne de chemin de fer. Un élément qui était pourtant partie intégrante du projet Lyon-Turin. Pour mémoire, l'ouverture du tunnel sous les Alpes est censée avoir lieu en 2032, bien que des retards sont à prévoir. Dans le détail, la COI présente trois scénarios au décideur sur le projet d'une nouvelle ligne.

  • Le premier, le plus mis en avant par l'instance consultative, prévoit "le report des études pour de nouveaux accès en tunnel au quinquennat 2028-2032, pour un début de réalisation à partir de 2038, et une livraison au plus tôt vers 2045". Soit 13 ans après l'année d'ouverture officielle du tunnel.
  • Le deuxième scénario, choisi par seulement une partie des membres du COI, suggère "l’engagement des études au quinquennat 2023-2027, pour un engagement de premiers travaux au quinquennat 2033-2037, permettant une livraison vers 2042".
  • Enfin, le dernier scénario, plutôt rejeté par le COI, prescrit "le report des études au quinquennat 2033-2037, pour un engagement des travaux au plus tôt en fin de quinquennat 2038-2042 et une livraison vers 2050".
La liaison Lyon-Turin si l'Etat décidait de créer une nouvelle ligne. Un scénario rejeté par le dernier rapport de la COI. Crédit: LC
Légende : La liaison Lyon-Turin si l'Etat décidait de créer une nouvelle ligne. Un scénario rejeté par le dernier rapport de la COI. Crédit: LC

L'Etat n'a toujours rien décidé

Une douche froide pour beaucoup d'élus locaux aurhalpins qui avaient soutenu l'idée d'une nouvelle ligne. Les collectivités locales concernées s'étaient même prononcées majoritairement pour le scénario "grand gabarit", le plus cher et aussi le plus favorable au fret (10 milliards d'euro, 28 millions de tonnes de marchandises par an). Néanmoins, à Lyon, Grégory Doucet (EELV), le maire de Lyon, et plusieurs élus écologistes ou Nupes s'étaient prononcés contre le projet d'une ligne nouvelle.

Pour rappel, l’État n'a toujours rien décidé sur les voies d’accès. Clément Beaune, le ministre des Transports en fonction depuis juillet 2022, mettait seulement en avant que les collectivités locales devaient s'entendre sur le montant qu'elles étaient prêtes à investir sur le projet d'une nouvelle ligne. Depuis, plus rien de la part du ministère des transports qui attendait ce rapport du COI. Cette dernière étude pourrait expliquer le silence de l'Etat qui dispose, à présent, d'un argumentaire actualisé en faveur de la ligne de train historique ce qui réduirait à néant les négociations avec les élus locaux sur une nouvelle ligne.

Une absence de décision du ministre qui a étonné aussi à cause du risque de perte des financements provenant de l'Union européenne alors que l'Italie a déjà dessiné un tracé pour ses propres voies d'accès au tunnel et planifié un budget. La date limite de dépôt de dossier est fixée à janvier 2023 jusqu'au prochain mandat d'appel à projet. Peu de chance pour que la France postule d'ici la fin du mois. Résultat, quelle que soit la décision du gouvernement, il est certain qu'un projet de nouvelle ligne se fera avec beaucoup de retard. Pas sûr que l'Italie apprécie ces reports et surtout des ambitions revues à la baisse quant aux nombre de marchandises pouvant transiter par la section française.

La Transalpine en "désaccord"

La Transalpine, l’association réunissant les acteurs défendant le Lyon-Turin, a réagi : "la Transalpine exprime son ferme désaccord avec le calendrier de la section française tel qu'il apparaît dans le scénario central recommandé par le COI". "Après des années d’atermoiements, cette proposition n’est clairement pas à la hauteur des enjeux d’une liaison aussi structurante pour la transition écologique et le réseau ferroviaire européen" déclare Jacques Gounon, Président de la Transalpine. De fait, un tel calendrier dépasserait largement la date de péremption (2028) de la déclaration d'utilité publique (DUP) d'une nouvelle voie d'accès au tunnel.

Le plus grand tunnel ferroviaire du monde

Rappelons ce projet vieux de trente ans : les enjeux sont européens et pourraient révolutionner la manière de transporter des marchandises à travers les Alpes, sur les 270 kilomètres qui séparent Lyon de Turin. L’objectif est de porter le trafic à 40 millions de tonnes de marchandises échangées en mettant des camions sur des trains afin de capter les flux européens, au cœur d’un immense axe ferroviaire reliant Lisbonne à Kiev. L’idée étant de décarboner la vallée de la Maurienne, polluée par le trafic routier. Le projet se découpe en trois parties : les accès français (150 km), les accès italiens (60 km) et le tunnel de base (57 km), qui deviendra le plus grand tunnel ferroviaire au monde.

Les projets lyonnais sur la table

Enfin, le COI préconise d'accélérer les projets de transports autour de Lyon. Le contournement ferroviaire de Lyon (CFAL), et la mise à quatre voies de la ligne Saint-Fons-Grenay, et un nouveau franchissement du Rhône au sud de Lyon sont posés sur la table parmi les urgences. Aujourd’hui, tout le fret de marchandise sur l’axe nord-sud entre dans Lyon. De quoi engorger des gares comme la Part-Dieu. Le contournement pourrait ainsi assainir cette situation.

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