Projet de téléphérique © Antoine Merlet / Simulation Lyon Capitale

Téléphérique : des débats (encore) tendus au Sytral, "la rupture de confiance est totale" pour Sarselli

Le Sytral a voté ce lundi 18 octobre les objectifs et les modalités de la concertation du projet de transport par câble qui débutera le 15 novembre prochain. Mais le sujet reste brûlant et les oppositions très nombreuses. Décryptage.

Le projet de transport par câble ou de téléphérique va entrer dans une nouvelle phase dès le 15 novembre prochain. Tant et tant commenté depuis son inscription au plan de mandat du Sytral en décembre 2020, le projet va être soumis à une concertation qui s'annonce d'ores et déjà électrique du 15 novembre 2021 au 15 février 2022. Ce lundi 18 octobre, au conseil syndical du Sytral, les objectifs et les modalités de la concertation du projet de transport par câble ont été votés. Et les débats ont été vifs, encore une fois.

"Dans le cadre des études de faisabilité actuellement menées par le Sytral, 4 hypothèses de fuseaux sont envisagés pour relier Francheville à Lyon en desservant les communes de Francheville, de la Mulatière et de Sainte-Foy-lès-Lyon tout en favorisant l’intermodalité grâce à une connexion aux lignes fortes du réseau existant", explique le Sytral.

  • un fuseau nord en direction de Confluence avec un terminus à la gare de Perrache 
  • un fuseau nord en direction de Confluence avec un terminus à Gerland - Jean-Jaurès 
  • un fuseau central avec un terminus à Gerland
  • un fuseau sud avec un terminus à Gerland

Favorable au projet, le maire LR de Francheville, Michel Rantonnet, explique avoir assisté à "un déferlement médiatique qui compromet ce projet innovant". "Mais pourquoi avoir attendu 10 mois pour approuver les objectifs et les modalités de la concertation préalable ?, demande le maire de Francheville à Bruno Bernard, le président du Sytral et de la Métropole de Lyon. Au final, seuls les opposants au projet ont eu la parole, faute du démarrage de cette concertation", ajoute-t-il.  Avant de regretter que les concertations sur les projets de ligne de métro et du téléphérique se déroulent en même temps : "Pourquoi ne pas avoir dissocier très clairement les agendas de concertation de deux dossiers différents et complémentaires ?"

"Vous avez communiqué (Bruno Bernard) sur la réalisation de ce projet comme un sujet irrémédiable, incontournable et indestructible"

Damien Combet, le maire divers-droite de Chaponost


De son côté, le maire divers droite de Chaponost, Damien Combet, s'il a voté favorablement aux modalités de la concertation, souligne : "Il y a eu une maladresse de votre part (Bruno Bernard) dès le début du mandat. Dès votre élection à la tête de la Métropole et du Sytral, vous avez communiqué sur la réalisation de ce transport par câble comme un sujet irrémédiable, incontournable et indestructible. C'est ce qui a suscité la crispation, l'incompréhension des habitants. C'est justement sur cette erreur de forme qu'on a aujourd'hui ces incompréhensions".

Béatrice Vessiller (@ Romain Lafabregue, AFP)

La majorité écologiste au Sytral a fait front. Surtout pour dénoncer les opposants et le "déferlement médiatique" autour de ce projet."Je vais reprendre les termes de Michel Rantonnet, c'est celui de déferlement médiatique, explique Matthieu Vieira, conseiller EELv du Sytral mais aussi de la Métropole de Lyon. Parce que c'est regrettable à quoi on assiste depuis quelques mois. De la part de Madame Sarselli (la maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon) mais aussi de Monsieur Isaac-Sibille (le député Modem du secteur), un peu le Donald Trump du téléphérique. A chaque fois qu'il tweete, c'est pour dire un mensonge. Les deux projets (métro E et téléphérique) ne sont pas concurrents, ils sont complémentaires"? "Le transport par câble, c'est un projet pertinent pour les enjeux de mobilité du territoire. C'est bien mieux quand le débat est ouvert avec les citoyens que dans l'arène médiatique", a ajouté l'élu de Rhône-Amont.


"Avant de s'agiter de la sorte avec une mauvaise foi certaine"...

Béatrice Vessiller, vice-présidente EELV de la Métropole de Lyon


Grande connaisseuse des projets du Sytral depuis des années, Béatrice Vessiller, vice-présidente EELV de la Métropole de Lyon en charge de l'urbanisme, poursuit : "C'est regrettable que les uns et les autres, et notamment les opposants déclarés sans avoir même des éléments sur le dossier, aient aussi fortement occupés la scène médiatique. Si on a pris un peu le temps de préparer un dossier de concertation, c'est pour avoir un certain nombre de réponses aux inquiétudes qui ont bien été identifiées. Ces questions sont légitimes comme c'est la première fois qu'on aurait un tel mode de transport dans notre Métropole". "Avant de s'agiter de la sorte avec une mauvaise foi certaine, il aurait été raisonnable et démocratique de poser les arguments", poursuit Mme Vessiller, appelant à des "débats sereins".

"Il est temps d'avoir des débats sereins. Faisons en sorte tous, collectivement, en responsabilité, que les débats soient les plus sereins possibles sur le sujet", a ajouté Fabien Bagnon, le vice-président de la Métropole de Lyon en charge des mobilités actives. Des écologistes qui ont sûrement oublié à quel point ils ont pu lutter contre certains projets - et contribuer à les médiatiser - dans la Métropole de Lyon ces dernières années. Avec un peu les mêmes méthodes que les opposants actuels au téléphérique.


"Il n'y a pas d'un côté des tenants de la vérité et de l'autre les demeurés"

Alexandre Vincendet, maire LR de Rillieux


Certaines interventions d'élus écologistes, notamment celles de Matthieu Vieira et de Valentin Lungenstrass (adjoint aux mobilités à la Ville de Lyon), n'ont pas plu à l'opposition. Mais alors pas du tout. Le maire LR de Rillieux-la-Pape, Alexandre Vincendet, s'en est ému. "Il serait simplement de bon ton que certains dans la majorité, même s'ils sont convaincus de détenir la vérité, évitent à chaque fois d'être dans l'insulte ou le comportement un peu hautain en rejetant avec dédain ce que peuvent dire des personnes de l'opposition. Il n'y a pas d'un côté les bons élus et de l'autre côté les mauvais élus, d'un côté les tenants de la vérité et les autres uniquement, excusez moi du terme, des demeurés".

Alexandre Vincendet, le maire LR de Rillieux, sur le plateau de 6 minutes chrono.

"On est un certain nombre à avoir quelques années de vol en terme d'élu, on est élus et réélus dans nos territoires, le jour où ces personnes auront la même légitimité que nous, ils pourront venir nous donner des leçons", a rétorqué Vincendet. Après les débats, houleux, du matin en commission permanente de la Métropole de Lyon, et la polémique qui s'en est suivie (lire ici), la sérénité n'était pas vraiment de retour autour de Bruno Bernard.

Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président délégué du Sytral, vice-président de la Métropole de Lyon en charge des mobilités, a ensuite pris la parole pour expliquer pourquoi, selon lui, la situation était si "bancale" autour de ce projet. A un mois du début de la concertation. "C'est le projet de transport collectif porté par le Sytral qui a la plus grosse notoriété dans la Métropole et bien au-delà, grâce aux polémiques et à la médiatisation", indique-t-il.


"Dès le premier comité de pilotage, les documents partagés entre élus se sont retrouvés dans les médias"

Jean-Charles Kohlhaas, vice-président délégué EELV du Sytral


Il poursuit : "Normalement, quand on monte un projet au Sytral, on commence à travailler entre élus. Tous les élus concernés. Par l'intermédiaire d'un comité de pilotage. Et pendant un certain nombre de réunions - j'en suis à une dizaine sur T10 (le projet de ligne de tram entre Gerland et Vénissieux en passant par Saint-Fons) - on affine le projet, on part sur différents scénarios, plusieurs tracés. Petit à petit, on affine. Au bout d'un certain temps, ce comité de pilotage qui réunit tous les élus concernés, du Sytral mais aussi des communes, aboutit à un scénario, un projet, avec un niveau de service, avec plusieurs variantes possibles mais qui est présentable à la concertation préalable. C'est normalement comme ça qu'on fonctionne et c'est comme ça qu'on était parti pour fonctionner..."

"Sauf que dès la première réunion du comité de pilotage, les documents qui étaient partagés entre élus se sont retrouvés dans les médias. Avec une instrumentalisation. Ce qui fait qu'on n'a plus pu réunir des comités de pilotage. On ne peut pas donner des informations non définitives et d'étude pour qu'elles soient ensuite rendues publiques. Donc, on est dans cette situation bancale sur ce dossier-là spécifiquement à cause de ça. Ce qui ne nous empêche pas de présenter à la concertation toutes les études qui sont en cours de finalisation. C'est vraiment dommage qu'on n'ait pas pu faire 7 ou 8 comités de pilotages depuis", regrette le vice-président délégué du Sytral, Jean-Charles Kohlhaas.

Jean-Charles Kohlhaas ©PHOTOPQR/LE PROGRES/Joël PHILIPPON /MaxPPP

"Le premier comité de pilotage où les documents ont fuité dans la presse date du 18 décembre 2020 et la première expression publique du Sytral sur ce projet date de début juin 2021. Donc toute l'expression publique officielle entre décembre 2020 et juin 2021 n'a pas été faite par le Sytral", affirme Kohlhaas. Ce dernier a quand même accordé une longue interview de 4 pages dans Lyon Capitale fin janvier 2021, une interview à retrouver ICI.


"Cette consultation d'apparat n'a pour but que d'étouffer les contestations fidésiennes"

Véronique Sarselli, maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon


Une concertation qui est très loin de convaincre Véronique Sarselli, la maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, farouchement opposée au projet. Elle n'est pas élue au Sytral. "Si la ville de Sainte-Foy est partiellement soulagée d’obtenir gain de cause sur un périmètre de concertation plus réduit qu’initialement exposé par Monsieur Bernard, elle aurait souhaité une concertation aux seules villes survolées et strictement cloisonnées à l’opportunité. Le transport par câble étant un transport local, la consultation se devrait d’être strictement locale", explique la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon, la commune

"Le format de réunions proposé ainsi que le nombre (une seule par ville) ne sera pas à même de faire émerger une retranscription fidèle de l’opposition de principe que suscite. Ce format interdira à des milliers de Fidésiens de participer à ce type de réunion de concertation", poursuit Madame Sarselli. Avant de conclure : "Oui, nous allons inciter l’ensemble de notre population à participer — faute de mieux — à cette concertation, mais notre ville reste profondément déçue des modalités proposées par la CNDP et le SYTRAL. Cette consultation d’apparat n’a pour but que d’étouffer les contestations fidésiennes contre le transport par câble. La rupture de confiance est totale".

Lire aussi : Reportage : on a visité le téléphérique de Toulouse… et il est incomparable avec le projet à Lyon

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