Présidentielle – Suppression des 35 heures, inscription dans la Constitution de l’immigration choisie, analyse de deux mesures chocs du candidat Les Républicains.
Revenu universel, fin des régimes spéciaux, changement de Constitution, sortie de l’euro, les candidats à l’élection présidentielle 2017 proposent des programmes de rupture rarement atteints. Dans son mensuel d'avril, Lyon Capitale s’est attardé sur les mesures chocs des cinq principaux candidats d’une campagne inédite. Vous trouverez ci-dessous celles de François Fillon.
Supprimer les 35 heures
Ce qu’en espère François Fillon : Il veut libérer l’économie française en faisant sauter le verrou des 35 heures dont les syndicats patronaux réclament la suppression depuis leur instauration. La fin des 35 heures s’appliquerait aussi à la fonction publique, où la durée hebdomadaire de travail passerait à 37 ou 39 heures. Avec cette mesure, le candidat LR compte absorber la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires. Dans le privé, la suppression des 35 heures vise à donner de la souplesse et de la compétitivité aux entreprises. Pour les salariés, la mesure déboucherait sur une hausse du pouvoir d’achat.
Ses limites : La suppression des 35 heures ne serait pas accompagnée d’un nouveau référentiel sur la durée légale du temps de travail. Sans indication, c’est donc la norme européenne qui deviendrait la norme française, mais à un niveau que la France n’a plus connu depuis les années 1930 : 48 heures. “Ce sera la règle mais, en pratique, on imagine bien que ce ne sera pas le cas. Les 35 heures logent tout le monde à la même enseigne, ce qui n’est pas réaliste”, pointe François-Noël Buffet, le sénateur-maire LR d’Oullins. Amplifiant l’inspiration de la loi El-Khomri, la réforme voulue par François Fillon prévoit que la durée hebdomadaire de travail soit fixée à la suite d’un dialogue social au sein des entreprises ou des branches. “Les conditions de travail sont différentes en fonction des secteurs ou des entreprises, il faut donc de la souplesse. Certains garderont peut-être les 35 heures”, avance François-Noël Buffet. Pour la fonction publique, le porte-parole local de François Fillon se montre plus sceptique : “On peut imaginer que la durée du temps de travail soit harmonisée. Il faudra que la rémunération aille avec.” Cette piste, François Fillon n’a toujours pas prévu de l’explorer.
Inscrire dans la Constitution l’immigration choisie
Ce qu’en espère François Fillon : Comme pour la suppression des 35 heures, l’immigration choisie faisait déjà partie du programme de Nicolas Sarkozy en 2007. La proposition apparaissait alors sous forme de quota, mais elle n’avait jamais été appliquée. Dix ans plus tard, François Fillon veut que, chaque année, les parlementaires délibèrent sur le nombre d’immigrés légaux que la France peut accueillir. “La tenue d’une discussion parlementaire permettra d’apaiser les débats sur un sujet sensible”, souligne François-Noël Buffet. Politiquement, elle doit permettre à François Fillon de s’adresser à la frange de son électorat qui a fui vers le FN.
Ses limites : En matière d’immigration, une réforme institutionnelle, surtout en pleine crise migratoire, a tout d’une mesure symbolique. “L’inscription dans la Constitution n’est pas purement symbolique. Elle donne une portée juridique plus forte à l’égard de l’Union européenne et des structures internationales”, précise François-Noël Buffet. L’immigration choisie se double d’un volet plus ferme sur l’immigration illégale. Les clandestins seraient placés en centre de rétention. “En France, le problème majoritaire, c’est d’abord de traiter l’immigration irrégulière qui empêche d’accueillir dans de bonnes conditions. Les quotas et les expulsions se feront en même temps”, avance le sénateur LR François-Noël Buffet, spécialiste des questions d’immigration. Par des mesures connexes comme l’impossibilité pour les immigrants illégaux de percevoir des prestations sociales, François Fillon veut couper l’effet d’aspiration que susciterait la France pour les migrants.