500 manifestants demandent la fermeture de "Lyon Dissident"

Plusieurs associations* rassemblées au sein du "Collectif 69 contre l'extrême-droite" ont manifesté ce mercredi 23 février, place Jean Macé à partir 18h30 (Lyon 7e). Ils voulaient ainsi réagir à la "recrudescence d'agressions de groupes d'extrême-droite" à Lyon et dénoncer "l'existence d'un local néo-nazi dans le quartier de Gerland". Le maire du 7e arrondissement n'a pu s'engager qu'à une "surveillance administrative" du local en réponse à la demande de la délégation qui souhaitait sa fermeture.

Une heure avant le début de la manifestation, le quartier était quadrillé d'une trentaine de voitures et fourgons de police. Les forces de l'ordre prennent au sérieux les affrontements entre associations de gauche et extrême droite, en recrudescence. Ils encerclaient aussi bien la place Jean Macé que le local de Lyon Dissident. Où l'on promeut selon eux seulement "de la musique patriotique". Pour leurs adversaires, qui en demandent la fermeture, une fois sortis du local, il s'agit "de groupes fascistes violents qui s'attaquent aux noirs, arabes, juifs, pédés, gouines et syndicalistes qui ne leur plaisent pas". "Pas de fascistes dans nos quartiers, pas de quartier pour les fascistes" scandaient-ils. Les organisateurs avaient prévu un service d'ordre, non-armé selon leurs dires, de 70 personnes environ.

Ils étaient officiellement présents pour protéger les manifestants en cas de riposte au vu des menaces diffusées sur internet. "Politiquement ils n'ont pas intérêt à intervenir" estimait l'un d'eux. Mais plusieurs jeunes d'extrême-droite rodaient dans les rues alentours, et les manifestants craignaient pour la dispersion à la fin du rassemblement. Ils avaient d'ailleurs appelé à rester groupés. Le hic, c'est qu'entre blouson noir, capuche sur la tête et écharpe sur le nez, difficile de différencier jeunes d'extrême-droite, gauche ou même policiers de la BAC. En tout cas, le rassemblement est resté pacifique, et les quelques provocations ne se sont pas concrétisées.

Près de 500 personnes selon la préfecture étaient réunies hier soir devant la mairie du 7è arrondissement. A quelques heures de la manifestation, le site Lyon Dissident se défendait des "énièmes affronts de la part des diplomates d'extrême gauche", comprendre les blogueurs de Rebellyon, qui ont appelé, dès lundi, au rassemblement*. "Aller recruter des collégiens/lycéens avec vos tracts pour participer à votre petite sauterie, en les envoyant au "casse-pipe" c'est simplement de l'irresponsabilité !", a averti le blog de Lyon Dissident, insistant sur l'appel à la violence. "Vous n'êtespas sans savoir que le risque zéro n'existe pas. Ne mettez pas de l'huile sur le feu car qui sème le vent récolte la tempête !" Cela ressemble bien à une guerre des clans. "Les associations signataires seront les uniques responsables d'éventuels incidents ou de représailles" avaient-ils alors prévenu, ne laissant aucun doute à une montée des tensions.

En revanche, l'activité du local "ne passe pas inaperçu", estime Jean Pierre Flaconneche, maire du 7e, qui a déjà reçu une douzaine de lettres des riverains et organisations. Mais ce local est privé, pas moyen de s'en mêler. Selon Jean-Pierre Flaconneche, seul Gérard Collomb, responsable de l'ordre public, pourrait demander "la fermeture du local, et même la dissolution de l'association" pour troubles à l'ordre public. En attendant, le maire a mis le local sous surveillance administrative. Les organisateurs ont appelé à une nouvelle manifestation dans les rues de Lyon, après les vacances d'hiver. Pour un jeune participant, "la violence explose quand les jeunes n'ont plus les moyens de s'exprimer". L'agression d'un couple à la sortie d'un concert en janvier dernier à Villeurbanne, lui donne envie de "répondre à la haine par la haine".

Vers 20 heures, alors que la manifestation prenait fin, les esprits étaient échauffés. Alors que des policiers assuraient la protection des manifestants à l'entrée du métro, ils veulent procéder au contrôle de l'identité d'un jeune maghrébin. La tension monte, les agents appellent du renfort, des manifestants présents sur le quai se révoltent. La station sera fermée une vingtaine de minutes et le jeune embarqué. Ce soir-là, les policiers sont finalement bien les seuls à avoir usé de la matraque...

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